S'il y a un reproche dont je me moque comme du diable, c'est bien celui de faire du zèle à la gloire de dieu. Et comme ce reproche me vient le plus souvent de personnes n'ayant pour religion qu'un néo paganisme aussi vain et futile que disons une collection de timbre ou la confection d'un puzzle (pour faire court et précis), j'ai tendance à le prendre tout à la fois comme un encouragement et la preuve que je fais bien en l'occurrence. Cependant il faudrait que je tâche un peu de contenir ma joie pour ce qui est de mon ironie concernant le prince des ténèbres, comme on l'appelait du temps où il n'avait pas encore parfaitement accompli son tour de cache-cache, car comme me le faisait remarquer un pote à Lapinos, ce diable est si bien instruit des vérités divines qu'il pourrait en faire rabattre à n'importe qui sur ce chapitre et en bien des occasions et, comme la prudence n'est pas mon fort, il est indéniable que je prends des risques, le plus souvent inconsidérés, témoin cette phrase interminable, pour prendre un exemple parmi tant d'autres, style je fais un peu trop de genre avec mon stylo.
Ainsi, pour ne vous donner que deux exemples, compte tenu du précédant sus-cité et afin de ne pas lasser votre patience, il m'arrive de conseiller à Pénélope la lecture d'œuvres sulfureuses, pour ne pas dire volcaniques (de Vulcain, le créateur de la belle Pandore), qui lui servent parfois, car elle est femme à battre la campagne plus souvent qu'à son tour, à remettre en cause ma virile autorité et ceci pour notre plus grand malheur. Car ôter à la beauté son dévouement à la sagesse ne revient à rien moins qu'à tartiner du cochon sur de la confiture. Si dieu a créé des femmes laides pour punir les alcooliques, les timides (les tièdes) et les fainéants de leur coupable passion pour les voluptés disons éruptives et éphémères, il a aussi prévu que les zélés laudateurs de sa gloire aient un avant goût de son divin royaume en léguant douceur et harmonie aux formes de celles qui se doivent de les soutenir dans leur combat contre le dragon et qu'il tira du côté d'Adam, et non pas de son devant ni de son derrière car ce fût à n'en pas douter la porte ouvertes aux discussions sans fin chez les conjugués sous toutes les longitudes du nord à l'ouest etc. et vice versa, les soutenir, dis-je, et non leur casser la tête comme ces matrones qui, pour le coup, tiennent plus du dragon que de la colombe. Ce serait bien le comble de s'allier à un dragon pour en combattre un autre et qu'il vaut mieux laisser cela aux patrons de nations, toutes plus belliqueuses les unes que les autres.
C'est dans les œuvres d’Emmanuel Swedenborg (1688-1772), le seul savant suédois qui fut jamais digne d'intérêt, surtout pour son travail sur l'élucidation des symboles contenus dans l'Apocalypse de Jean, et si on excepte un Linnée pour les amateurs d'inventaires et un Celsius pour sa victoire sur l'allemand Fahrenheit, que Pénélope, ma douce moitié, s'est avisé bien malencontreusement de relever un soi-disant éloge en faveur de la volonté et des sentiments humains au grand dam de son Fodio (mézigue) qui depuis l'aube de leur union lui bassine tout à rebours le délétère effet des sentiments. Comme elle lit dans une langue qui ne m'est pas assez familière, je n'ai pas eu le loisir de pouvoir vérifier et il m'a bien fallu alors écouter sa plaidoirie qui, je l'avoue, ne m'a pas du tout convaincue, exactement comme le cochon sur la confiture. Bref, j'ai d'abord cru bon d'avoir recours à Francis Bacon qui dans son book of the Proficience and Advancement of Learnig Divine and Humane tient à peu près ce langage : que la prérogative divine s'étend aussi bien à la raison qu'à la volonté de l'homme. Sans succès hélas tant il est vrai que pour être douce et belle, Pénélope n'en est pas moins un tantinet opiniâtre. Aussi ai-je pris le parti de convoquer la sagesse des Anciens et comment les sentiments des hommes envers Prométhée furent pour le moins frappés d'inconstance lors qu'après l'avoir dénoncé auprès de Zeus, mus par un sentiment d'ingratitude qui est le vice des vices même si en l'occurrence il plût aux dieux puisqu'il éloignait les hommes du rebelle Titan, alors que ce dernier venait de leur offrir le secours des secours, le feu, ils se réconcilièrent avec lui suite à leur négligence avérée pour la jeunesse éternelle que Zeus leur dispensa en récompense de leur délation première et qu'ils avaient bêtement placé sur un âne. Mais j'aurais pu tout aussi bien appelé Homère à la barre des témoins pour qu'il expose en quoi Achille et sa passion pour les honneurs et la gloire lui viennent du sentiment d'injustice après avoir été cocufié par Agamemnon puis par la gloire elle-même puisque rencontrant Ulysse au pays de l'Hadès (l'enfer grec) il se répandit en lamentations et en regrets de n'avoir pas choisi une vie plus modeste alors que l'avisé Ulysse, quant à lui, s'en tint toujours au respect de la volonté des dieux et en particulier de la sage Athéna, déesse qui lui imposa parfois des retenues jusque dans ses sentiments de vengeance quand il fut sur le point d'anéantir les proches des prétendants qu'il venait de massacrer et qui criaient vengeance, exemple parmi maints autres.
Bon, je sais que tout ceci est un peu compliqué pour un cerveau du sexe qui prend ses jeux de poupée pour des responsabilités et déguise ses plaisirs en devoirs alors que c'est l'inverse qui serait bénéfique, ainsi des devoirs envers dieu qui sont une joie permanente pour l'homme de bonne volonté, car, et il serait stupide et impie de le nier, il existe bel et bien une volonté humaine qui peut être qualifiée de bonne, même si, et surtout parce que elle est subordonnée à la volonté divine, car comme le dit Bacon notre Shakespeare : « il y a plus de dignité à croire qu'à connaître comme nous connaissons à présent et la raison en est que dans la connaissance, l'esprit de l'homme subit une dépendance par rapport aux sens, tandis que dans la foi, il subit une dépendance par rapport à un esprit dont il reconnaît qu'il a plus d'autorité que lui-même et subit donc l'action de l'agent le plus excellent. »
Pénélope aussi lit Shakespeare mais je la soupçonne de croire, comme le crétin rital Stendhal, que le principal souci de Shakespeare est de faire partager à son public des émotions, confondant ainsi Shakespeare avec le code civil ou le code pénal, principal ressort émotionnel du cinéma hollywoodien.
Voilà pourquoi, pour en finir une fois pour toute avec les sentiments, émotions, passions et autres troubles de la chair et comme le veut l'adage populaire qui veut qu'on s'adresse à dieu plutôt qu'à ses saints, c'est à ce dernier (qui est le premier) que je vais emprunté le suprême argument, c'est le cas de le dire, et lui rendre ce qui lui appartient tandis que Pénélope pourra bien aller rendre à César et à Prométhée, ce tyran et ce titan, ce qui leur revient de droit comme de gauche et d'est en ouest :
Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages et les calomnies. (Matthieu 15:19)
j'aurais pu citer Jérémie 17:9:
“Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant: Qui peut le connaître?”
Je termine avec la conclusion de Bacon dans son Prométhée ou la Condition Humaine:
"... il me semble surtout que la navigation d'Hercule dans une barque pour la délivrance de Prométhée est une figure du verbe éternel descendu du Ciel et enclos dans le frêle vaisseau de la chair humaine pour la rédemption des mortels.
Cette matière est si haute que je m'offre à moi-même toute licence d'en discourir afin que je ne me serve point d'un feu étranger et emprunté pour l'allumer sur l'autel du Seigneur."
Allez, qu'on envoie les trompettes:
l'Apocalypse ou la mort, à bon entendeur, salut !