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Attention, rêveur!


Une erreur d'attention m'a fait lire  Obama REFUSE le prix Nobel, un court instant, pendant lequel je me suis dit pas mal de choses, sous la forme rapide et fuyante que peut prendre la pensée en cette sorte d'occasion. Il me fallut trois ou quatre secondes pour corriger mon erreur et lire  RECOIT le prix Nobel de l'info avec un coup au cœur. J'allais justement dire un mot sur Alceste, le misanthrope de Molière. Je viens de lire la pièce, mieux vaut tard que jamais. Je me demande si Molière a choisi ce prénom de ce que par son suffixe il renvoie à l'altruisme (excusez la syntaxe, mais Molière en est la cause, qu'on ne peut fréquenter sans en prendre incontinent les syntaxiques apprêts).

Comment ai-je pu concevoir, même pendant quelques secondes, qu'un président américain soit assez honnête homme pour refuser un prix, qu'au vu du peu de ses performances, après un an à peine de fonction, il ne mérite guère. Il eût fallu seulement justifier ce refus d'une agréable façon à se mettre toute entière la planète de son côté. Que c'eût été facile de faire le modeste et comme le bon sens qui anime les peuples en eût été flatté. (c'est d'ailleurs ce qu'il a fait, le modeste, mais en hypocrite puisqu'il a quand même accepté le prix et l'argent, un million d'euros, c'est presque pile ce qui aurait comblé mon découvert bancaire) De plus il eût rassuré son peuple en lui faisant entendre que le juger si tôt et si positivement augurait plutôt mal d'une politique à long terme, qu'il faut toujours faire et qu'on doit imposer, avec beaucoup de temps et de difficultés, à des électeurs dont le bon sens, hélas, est aussi naturel qu'ils trouvent naturel de l'oublier. On le trouverait un peu ridicule, le président, en honnête Alceste, à dire la vérité, quoi qu'il en coûte. L'Opinion Publique est assez Célimène. Médisante et impertinente, sa jeunesse n'explique pas tout. Ses charmes et ses appâts, le nombre surtout, la rendent invulnérable, inattaquable, inévitable, depuis que c'est la règle, dans nos états modernes, qu'elle ne dévoile qu'en isoloir ses préférences. Une et légion, elle est, en même temps.  Ni la sage et probe Eliante, ni même Arsinoé la déchue, l'Opinion publique, c'est la belle et perfide Célimène. La femme d'aujourd'hui, le diable d'hier. Dans ce cas, Obama a raison de jouer le jeu, car la rouée ne veut voir que faiblesse chez Alceste et pourrait bien, pour éprouver son amant, lui demander des gages bien plus compromettants indignes d'un puissant. Donc Obama joue les Philinte.  Et pourtant l'intention flatteuse crève les yeux de la part des Nobel. Nul doute qu'ils doivent se justifier à penser qu'il est normal d'encourager l'homme le plus puissant de la planète. Ces vikings sont des lèche-bottes invétérés.

Il y a deux américains sur trois qui pensent que leur président aurait dû refuser. Etonnant non ?

Si un mulâtre peut devenir Alceste, je peux bien être Luther King, une pincée d'humanisme, un zeste d'honnêteté !

Alors, plutôt qu'une erreur d'attention, disons que j'ai eu un rêve : pendant trois secondes le roi du monde était Alceste. Combien de vies sauvées en trois secondes ?


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