SONNET #8
by: William Shakespeare
Music to hear, why hear'st thou music sadly?
Sweets with sweets war not, joy delights in joy:
Why lov'st thou that which thou receiv'st not gladly,
Or else receiv'st with pleasure thine annoy?
If the true concord of well-tunèd sounds,
By unions married, do offend thine ear,
They do but sweetly chide thee, who confounds
In singleness the parts that thou shouldst bear.
Mark how one string, sweet husband to another,
Strikes each in each by mutual ordering;
Resembling sire and child and happy mother,
Who, all in one, one pleasing note do sing;
Whose speechless song, being many, seeming one,
Sings this to thee, 'Thou single wilt prove none.'
"Entendre la musique, et pourquoi ouïs-tu la musique avec mélancolie ?
Les délices ne combattent les délices, le bonheur se complaît dans le bonheur.
Pourquoi aimes-tu ce qui ne te contente pas,
Voire endures-tu l'ennui avec bonne grâce ?
Si le bon accord de sons harmonieux,
Comme par mariage unis l'un à l'autre blesse ton oreille,
C'est qu'un subtil reproche t'est fait de confondre
Dans l'originalité les éléments que tu devrais porter.
Remarque comme une corde copule tendrement avec l'autre,
Vibre de proche en proche par injonction mutuelle,
Semblable ainsi au père, et l'enfant et la mère heureuse,
Chantant en choeur une mélodie ;
Dont le chant muet, pluriel, paraissant uni,
Te dis ceci : "Ton existence seule n'en prouve aucune."
Traduction Lapinos, explications ici.
Commentaires
The ехреnsе of spirit in а waste of shame
Is lust in action; and till action, lust
Is perjured, murd`rous bloody, full of blame
Savage, extreme, rude, cruel, not to trust;
Enjoy'd nо sooner but despised straight;
Past reason hunted; аnd nо sooner had,
Past reason bated, as а swallow`d bait,
On purpose laid to make the taker mad:
Mad in pursuit, and in possession sо;
Had, having, and in quest to have, еxtreme;
А bliss in proof, and proved, а very woe;
Before, а jоу proposed; behind, а dream.
Well, if thou live resistant not to be,
Die single and thou single wilt prove none.
what do you mean with "wilt"?
- Pour un penseur matérialiste comme Bacon, la génération est indissociable de la corruption.
Une partie des sonnets, la première, souligne le paradoxe de la beauté qui, parvenue à son faîte, éclate avant de faner.
Shakespeare-Bacon prends par ailleurs dans un autre sonnet le Phénix comme symbole de l'éternité dans le temps d'une part (métempsycose), la colombe d'autre part, symbole de l'éternité véritable, Lucifer contre l'Esprit-saint.
- L'existentialisme national-socialiste, véritable religion politique sous le signe du phénix ou de la Svastika a dû mal à dissimuler à ses adeptes que son "être-là" ("dasein" dit le nazi distingué) n'est autre qu'un être-mort ou un être-inné, suivant le principe de réversibilité du rapport mathématique.
Bien sûr cette gnose n'a rien à voir avec Aristote ; elle fait plutôt penser au mythe d'Ouranos et Gaïa, copulant ensemble pour créer l'univers, théorie proche de celle, libérale, des mondes multiples, ou "engendrés".
- Le vers le plus difficile à traduire est celui où Shakespeare évoque les éléments et l'originalité, toute la science païenne ou néo-païenne s'appuyant sur les "éléments" étant en réalité une science mathématique, matricielle.