Mon pote m’avoue qu’il ne peut pas résister à l’appel du trou. Comme ça dit crument, ça jette un peu un froid. Quoiqu’il en soit, le sexe est inévitablement lié à la mort et c’est même un moyen, pas le seul, qu’elle a de se faire oublier. Non seulement à travers la génération qui confère une pseudo immortalité ou encore d’une façon qu’avait repéré Schopenhauer quand il fit remarquer que les effets de l’angoisse sont les mêmes que ceux de l’orgasme. Encore un peu et il aurait noté que les conséquences sont aussi les mêmes.
Oublier la mort conduit inexorablement à s’y précipiter. Quand on ouvre enfin les yeux il est l’heure de mourir! Que cette génération d’hypocrites rêveurs/baiseurs s’imagine pouvoir s’en sortir en s’endormant déjà mort ou le contraire, la belle affaire!
J’ai conseillé à mon pote une semaine de recueillement dans la prière avant de s’engager. Je devrais pouvoir m’assurer de la corde à nœud pour qu’il puisse ressortir. La bonne nouvelle au bon moment. Mais c’est la dernière fois, faut vraiment qu’il s’amende, et d’ailleurs j’ai moi-même un appel en attente. Va falloir que je rappelle mon pote. Quel capharnaüm.
Je vous rappelle donc :
D’un côté l’appel du ciel à lever les yeux vers les étoiles ou se déroule le combat de la bête, de l’autre l’appel du trou, le vertige de la mort et des idées géniales, les branlettes de l’esprit, les violons des sanglots, la plainte des frimas, la fuite dans l’avenir, la chute finale dans les oubliettes du temps. Ça ou l’envol vers l’absence de temps au ciel de l’Apocalypse. Il n’y a pas d’autre alternative qui tienne. Chacun connait très bien son propre génie, qui est en somme ce qui tue l’art.
Comme aurait pu dire Newton, un autre abruti, pour se faire mousser, la pomme éprouve moins de difficultés à tomber qu’à s’élever. Un homme n’a d’autre ressource que de répondre au sacrifice de dieu à travers la charité. Et la charité pour soi-même consiste à lever le nez au ciel, pas d’aller voir dans la tombe si j’y suis.
Faut voir que le réflexe inévitable devant un type qui se penche ce serait plutôt de le pousser plutôt que de le redresser, ça déjà c’est un signe. Et y a tellement de racailles qui tourne autour que ça donne pas envie de s’éterniser. On n’approche pas impunément les rives du Styx.
J’ai envie d’envoyer un texto à dieu : « Mathilde revenue, envoyer charbon machine en détresse » pour aller aux putes, il comprendra. L’argent n’est rien d’autre que du sexe et de la mort, un nombre d’homme, les armes du diable, le prix du sang, celui du sperme et le sourire de la crémière c’est celui de ta mère. Pour un peu je me mettrais au rap comme les suckers afro-yankis du show bizz.
Non, je préfère lire les turpitudes d’Anna Stepanovna Politkovskaïa, ça me râpe un peu le cœur, juste avant qu’on la pousse dans le trou pour avoir dit la vérité de ce qu’elle prenait pour la folie des hommes et qui n’est que la conséquence de la folie des femmes. En l’occurrence, un nommé Poutine, mais la liste des démocrates avec des meurtres sur la conscience et une mère exemplaire est longue. Je dis pas que si on m’avait garanti l’impunité sur la terre je n’eusse pas, par le passé, dessoudé une ou deux péronnelles un peu méchantes, mais jamais je n’aurais pu transgresser la loi du ciel, le « tu ne tueras point », est-ce ma faute à moi ? Mon devoir au contraire me pousse à pardonner et dieu me l’accorde, ainsi soit-il. Ça se passe de religion, de foi et de raison, c’est l’amour de la liberté, cette libération par le pardon donnée aux saints, leur patience, etc. d’ailleurs c’est arrivé à mon pote le grand pardon quand il avait 33 ans, ça s’invente pas !