mon compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

bande Mémoire

L’ayant vu s’allumer une clope, je lui en demande une. Il me répond que c’est la dernière.

On peut la partager qu’il me fait.

Du coup je le regarde un peu mieux. Et tout par un coup, parole de repasseur, c’est comme si je l’avais jamais vu, je le reconnais soudain. Un compère de la guerre des bac-à-sables de la rue Winston Churchill. Et me voilà tout madeleinisé. Je me sens proustien, tiens, même que je vois un petit garçon lancer un énorme couteau à 10 mètres contre une porte de service. La lame est venue se planter dans le bois avec un bruit sourd et sec, en tout cas dans la reconstitution cinématoc que j’en fais. Ma madeleine , celle d’un handicapé du flair, mais les oreilles travaillent aussi à partir d’une fonction applicable à la mémoire. Mémoire sensuelle, du corps, et qui empêche la vision libératrice. C’est comme ça que je ne vois pas le petit garçon que j’étais ni l’homme qu’est devenu le compère de mes dix douze ans. Mémoire inutile, narcissique, qui en essayant d’échapper au temps nous précipite vers la mort. C’est le côté morbide de la mémoire. Sa soumission au temps. Trouvé, perdu, chercher, manquer, passer, etc. ainsi le fleuve Hélicon qui fait le lit aux eaux de la sagesse des anciens disparait parfois pour rejaillir en d’autres terres. Mon pote semble tout sec et tout mouillé. Je viens de lui poser la question qui tue, ça m’a échappé.

Ouais qu’il me répond, depuis le début. 

J’en suis tombé sur le cul ! Spendius, c’était lui !

Le coup du couteau ça m’étonne pas de toi (mon père était boucher) mais je vois que tu as un arc à présent. Serait-ce que l’amour t’a fait souffrir mon vieux Fodio?

Pouvoir agir à distance et donner la mort c’est la force qui ordonne entre eux les atomes, autrement dit l’amour de dieu. Ha ha ! (suis bien content de ma réplique qui m’a coûté un peu de temps, mais entre vieux potes on se laisse le temps)

Bien vu mon petit Fodio ! (m’a toujours énervé avec ses quelques centimètres et son année de plus).

Je crois qu’ensuite il a compris le ridicule de me donner un cours magistral. Il a tenu à m’expliquer le pourquoi de sa disparition du ouaibe. J’ai trouvé ça très charitable de sa part. surtout de la part d’un type que j’ai manqué tuer de peu. Je me demande s’il sait vraiment que je ne l’ai pas visé, ni au propre ni au figuré. J’avais lancé ce couteau de Rahan, que j’avais mis des mois à me payer, avec une telle adresse et une telle force qu’il  se serait fiché dans son corps comme dans les meilleurs films américains, une image spectaculaire qui aurait fait de moi un monstre sanguinaire, un prédateur dangereux etc. j’ose pas imaginer.

Le fait est qu’aujourd’hui mon arc ne me sert qu’à chasser les corbeaux, et encore, par sa seule apparition, même pas besoin de sacrifier une flèche. Idem pour les voleurs, c’est une arme de dissuasion valable. La force d’attraction peut être stoppée nette  voir transformée en répulsion par la force de bandaison. Qu’on y songe…

Une question me brûle les lèvres, pourquoi qu’il pige pas à Au Trou !? .

Mais je me garde bien de lui poser. Un zeste de charité, en mémoire…

Les commentaires sont fermés.