Extrait augmenté de la chronique d’un exilé en Ukraine que je tiens pour « Au Trou !?», le fanzine qui ne fait pas rêver. Augmenté de choses plus personnelles sans intérêt pour les lecteurs sérieux de ce noble fanzine.
En hommage au petit Jésus, cette minicropuscule contribution.
Lundi, curieux, suis à la maison, comme en attente de quelque chose qui ne vient pas. Rien d’angoissant toutefois. Pu lire en paix le n°7 de Au Trou !? (le dernier et le meilleur !). La vérité nous vient petit à petit, persévérer est le mot clé. Pris la décision de faire annuler mon mariage et ma « paternité » ukrainiens. Comme disaient les romains, Pater Incertus, Mater Certissima. Ce qui ne venait pas et n’est jamais venu, je l’ai su le lendemain, fut un sms d’annulation justement. Le hasard s’efface devant la vérité.
Mardi, étrange, pris une pute en stop, sans le savoir. Comme c’était la nuit, le froid, je l’ai ramenée à la maison. M’a servit une histoire de médicaments à payer pour les enfants de sa copine. C’est pas une professionnelle, juste une gamine qui adore dormir. Lui ai donné un peu d’argent, à manger et mon lit. S’est endormie comme une pierre. Symbole. Au matin elle ne m’a rien demandé (voilà ce qui est étrange) j’avais promis de la ramener à l’autobus. Sur le chemin, elle a timidement acquiescé à une vague promesse de ne plus recommencer. Aurais-je manqué de persuasion ? je l’ai pourtant pas hurlé mon « va et ne pèche plus ».
Mercredi, insolite, vu beaucoup de monde ici et là. La vérité sur Houellebecq que j’ai eu la charité de dispenser à L’IFU la semaine dernière a engendré pas mal de ressentiments sur place. On me reproche de parler trop fort (je parle pas, je rugis) et surtout de prétendre dire la vérité. Mensonges et chuchotements ! Me reste qu’à secouer la poussière de mes godasses et reprendre mon chemin… de Damas.
Revu la petite Olga sur la route au même endroit. M’a reconnu, s’est détournée pudiquement, me suis pas arrêté. Cette réaction de gêne corps et âme envers un homme qui ne l’a pas touché me parait plutôt de bonne composition. Le plus grand des péchés est d’aimer son péché. Les changements de direction dépendent parfois d’un minuscule scrupule, la graine du bien ou celle du mal, mieux vaut attendre pour le savoir, c’est ici aussi la patience des saints. La situation de ses petits protégés empire peut-être et il faut davantage d’argent. Au risque de passer pour un niais j’avoue que cette version me plait parce qu’elle me parait vraie. Mais pour savoir la vérité faudrait que je m’investisse beaucoup plus et je manque de moyens.
Jeudi, historique, vu une photo dans un magazine d’histoire de la tzarinette Romanov, celle qui est morte en 1918 dans l’attentat qui a décimé sa famille. Elle a une dizaine d’année sur la photo et elle est bien mignonne ma foi. Quel gâchis, une vie cueillie si tôt ! et combien d’autres par la faim, la souffrance et la peur qu’ont semées sa race. En russe, le mot Tzar vient de César, le mot roi se dit Karol, vient probable de Charles, Carolus Dickus.
A 10 ans je faisais des rêves de cheval blanc cause d’un film « Crin Blanc » je crois, si je confonds pas avec Croc blanc (une histoire de chevaux camarguais en noir et blanc avant l’arrivée de la télévision au foyer, un éléphant dans le magasin de porcelaine de mon imagination !). Du coup, j’enlevais la petite Marie-Luce Andrée, mon premier amour de fille. Une brune mystérieuse et belle. La tzarine est blonde et pure comme le cristal. L’une, Marie-Luce, si tu m’entends, l’autre est dans les limbes, ravie à l’aurore de ses jours. Me déplairait pas de les voir ou revoir l’une et l’autre au ciel. Marie-Luce était très pieuse. Aux dernières nouvelles, qui ont bien quinze ans, elle était médecin en Afrique, mariée et enceinte, cumul de sinécure en somme. A l’heure qu’il est, je la vois bien mère d’une tribu de sept ou huit enfants et toujours dévouée à la souffrance des pauvres. Dans le cas contraire, elle aura mieux fait de me contacter sans délai et de me laisser faire quelque chose pour elle. Je lui dois d’avoir compris pas mal de choses sur l’essentiel, le temps d’apprendre à vivre.
Vendredi, passionnant, m’attelle à la lecture des œuvres du Chancelier Bacon. Le grand philosophe anglais comme dit Buchon son traducteur en 1838. Ce Buchon ne m’inspire pas confiance. D’entrée, je bute sur la citation de Pope qu’il place en exergue de sa notice biographique interminable, comme quoi :
If parts allure thee, think of how Bacon shined,
The greatest, wisest, meanest of mankind.
(wisest brightest meanest semble être la bonne version)
Qu’on pourrait traduire par
Si les choses de l’esprit vous séduisent, songez à l’éclat de Bacon,
Le plus sage, le plus illustre (le plus brillant etc.) et des hommes le plus con.
Je plaisante pour la rime et je rime pour plaisanter mais ce « mean » me pose problème. Rarement Traduit par faible, comme je l’ai lu, c’est un mot multiple : moyen, médiocre, mesquin, méchant, avare, hostile, implacable, et même formidable dans un sens à contrario moderne (genre terrible ! L’ironie du temps enterre les âmes viles). La vie de Bacon est d’une telle richesse qu’on peut bien le supposer faible ou méchant. L’aphorisme de Pope est d’une exemplaire hypocrisie que n’aurait pas manqué de relever l’intéressé de son vivant. Le chaud et le froid, ça sent l’envie du tiède tout ça. Comme pour les accusations de pédérastie qu’a souffert le baron ! Pour prendre un exemple que je connais bien, moi, dois pas être le seul, j’ai quelques jeunes amis, des enfants et pas plus d’attirance sexuelle à leur endroit qu’à leur envers. Pour autant, eux-mêmes ( !), tout comme les adultes qui nous regardent de loin, s’encombrent facilement d’idées salaces qu’ils prennent la peine de colporter ici et là… les braves gens (et les mômes de ne même pas s’en étonner).
Vais sauter la notice interminable de ce Bucheron et me mettre au travail, petit à petit, sans méthode, le regard excellent et les oreilles taillées en pointe.
Samedi/dimanche, RAS, Do Not Disturb… Surprenant !? ha oui ! C’est Noël. Et bien ! Que mon étude consacrée au plus grand chrétien de tous les temps soit un hommage rendu à Jésus plutôt qu’à saint Nicolas de mes deux!
PS : le n° 8 d’ « Au Trou !? » est sorti et, à l’instar du n° précédant, est bien meilleur. Cette semaine-ci de ma chronique est un cadeau (de Noël !?) peut-être empoisonné, avant le passage sous les instruments implacables du rédac chef, le mean Bardamor, pour le rendre un peu plus digeste.
S’il se passe vraiment quelque chose demain et après demain je vous tiendrai au courant, si ça se peut. Ce soir je réveillonnerai seul au champ soviétique. Comme je resterai connecté on viendra peut-être me souhaiter un joyeux Noël sur la messagerie instantanée dont je donne l’adresse à bon entendeur (fodi01@hotmail.com)
La messe de minuit de la cathédrale Alexandra se fera en russe de toute façon et je communie aussi mal devant une icône orthodoxe que dans un temple corrompu édifié avec l’argent du péché. L’apprentissage de la sainteté commence par y aller mollo sur la religiosité. Parait que Saint Louis ne communiait qu’une fois par an. Je remercie d’avance à ces vœux pieux, simplement faites-moi la charité de pas prendre vos rêves pour ma réalité.
PPS : A mes frère et père qui me croient à tort fâché alors que je brûle de leur prouver ma reconnaissance pour le hold up réussi de la rue de France, pas d’inquiétude le butin a trouvé une destination charitable. Dieu vous protège et vous pardonne de me prêter de mauvaises pensées et de les colporter sans prendre la peine de m’en demander compte. Votre toujours dévoué frère et reconnaissant fils.
A ma chère fille enlisée dans les boues du chariot aux lourdes roues, ceux-là aussi sont mes enfants que la chair n’a pas souillés.
A tous les hommes et femmes de bonne volonté sur la terre comme au ciel, réjouissez-vous, vous n’êtes plus seuls, puisque je suis à vous, disons, inconditionnellement !?
(Me connaissais pas ce goût pour le solennel) (tiens, un alexandrin, vite une rime !)
C’est bien cause que c’est la veille du jour de Noël.
и просто!