Mon pote sibérien, Roman Ivanovitch, manque rarement s’arrêter chez moi en passant par Kiev sur la route d’Odessa. Il n’a que vingt ans mais ça fait sept ans déjà qu’il arpente l’ex empire. Tout en tirant sur sa pipe de kanapla, nous cherchons la vérité : méditer, regarder, écouter et on a toujours pas trouvé le quatrième terme. Et pourtant…on le tenait. Par les couilles de Jupiter que je le tenais. M’a échappé et pas moyen de le retrouver ce salopiaud. Beau chercher… et puis ça vient, поступать : AGIR ! Et penser, c’est agir, faut pas se tromper. Ce n’est pas rêver, faut pas rêver. C’est un peu compliqué de lui expliquer à mon pote, vu qu’en russe le verbe rêver est un peu trop proche du verbe penser. Mais bon passons.
Marrant que je me rappelle pas cette sibérienne que j’ai croisée il y a vingt ans. La vodka ou le samagon (gnole artisanale) pas moyen de me souvenir, mais le type assis devant moi pourrait bien m’être sorti des testicules. Pas toujours été bien clair dans certaines occasions.
Enfin, tout ça me repose de mes trois jours d’initiation à la maffia ukrainienne, la pire, celle subventionnée par le contribuable. Les maffias européennes légales, la française républicaine ou la suédoise monarchiste parlementaire que je connais assez bien ne valent guère mieux, soit-dit en écrivant. A tout prendre, s’il faut prendre quelque chose, visons la liberté : свобода (svoboda) et la solidarité солидарность (solidarnost) C’est que des mots me direz-vous, mais il faut bien qu’ils servent à quelque chose. On peut pas toujours se contenter de bruits et d’images indistincts.
« Les hommes pensent que leur raison gouverne leurs paroles ; mais il arrive assez souvent que les paroles ont assez de pouvoir pour réagir sur la raison. »
F. Bacon