mon compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

AIMEZ LE JAPON OU QUITTEZ-LE !

 

Paru dans Au Trou !? N°20

par Bardamor

 

On a beau, anarchiste, voir la civilisation comme un fantasme sado-maso, une superstition inculquée par les intellectuels au peuple afin de mieux le méduser, malgré ça il faut avouer que le suicide du Japon est un spectacle qui ne manque pas de panache.

Et si toutes les nations, suivant l'exemple japonais, se sabordaient à leur tour les unes après les autres ? On aurait peut-être enfin la paix…

Il se trouve sans doute en France quelques officiers de marine efféminés pour compatir sincèrement aux malheurs du Japon, contrairement aux hypocrites messages de condoléance des diplomates, pendant qu’on évacue les ressortissants français, journalistes en tête.

Encore faut-il comprendre que la sincérité qui vient des tripes du matelot est très proche de la politesse japonaise, ou du fameux principe de l'enfoiré qui donne... au cas où il se retrouverait à son tour dans la merde.

- Sur le caractère de « hara-kiri », d'abord, de la catastrophe japonaise : il faut comprendre que la course à l'armement technologique revient à la captation des puissances ou énergies naturelles. Le « génie civil » consiste à imiter ou reproduire les mouvements mécaniques ou chimiques.

Or, le suicide ou l'« autosacrifice », nécessairement un geste rituel, consiste à retourner contre soi le moyen même, ou bien la puissance, qu'on a toujours poursuivie comme un mirage. Il n'est pas rare que le moyen même mis en œuvre par l'officiant pour s'immoler sur le bûcher des vanités indique à quelle divinité il est soumis ; ainsi le trésorier ou le rhéteur sera-t-il tenté par la corde, symbolique du lien social essentiel que constituent les mots ou l'argent.

Il y a bien un aspect cinématographique ou « d'arroseur-arrosé » dans ces explosions nucléaires au pays du Soleil Levant où le culte de la lumière (solaire) vient de se retourner contre ses adeptes.

- Rappelons ensuite l'hostilité française ancestrale au Japon et à ses traditions, à l’exception de quelques sado-masochistes, lubrifiés rien qu'à l'idée du rasoir ou de la corde.

Selon une tradition française assez solidement établie, le « sens de l'honneur » n'est pas le propre des héros, comme au Japon, mais celui des cocus d'abord. On voit que l'adage français n'est pas loin de se réaliser puisque, comme « cocus de la modernité », on pourra peut-être bientôt décerner au Japon une médaille à titre posthume.

Le caricaturiste Cabu, d'un reportage au Japon, tire l'enseignement touristique suivant : « Le Japon, c'est pas la peine d'y aller, c'est comme l'île Seguin en plus gros. »

Pire encore et qui pourrait valoir à Cabu des poursuites judiciaires si Cabu s'appelait Eric Zemmour et émargeait au parti concurrent : « Le Japon, c'est comme la banlieue de Los Angeles. Mais dans la banlieue de Los Angeles, il y a un quartier japonais, tandis qu'au Japon, il n'y a QUE des quartiers japonais. »

Paul Claudel fut ambassadeur au Japon. Bien qu’il soit comme F. Nietzsche le type même de l’homo refoulé amoureux de la Rome antique, on peut parier que sa correspondance cache quelque coup de poignard secret contre le Japon (Il n’est pas rare que deux paysans, exploitant deux cultures voisines, se « tirent la bourre ».)

En feuilletant un livre de contes japonais pour enfants, je suis frappé par leur mélancolie, encore plus amère que la philosophie prussienne ; tandis qu'il y a un certain nombre de contes et de mythes anarchistes dans la tradition occidentale. Pas difficile avec ça pour le gouvernement japonais de recruter des kamikazes ou des volontaires pour le suicide nucléaire.

Il n'y a personne de grotesque en France comme l'Empereur du Japon, sauf Jean d'Ormesson dans son costume d'académicien français, avec sa commisération débordante pour le Japon, pleine de conditionnels et de subjonctifs du passé. Sauf qu'il ne faut pas trop compter sur ce clown pour se faire « hara-kiri » pour autant.

Les commentaires sont fermés.