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Terrorisme et Médias

A propos du terroriste norvégien André Behring Breivik, qui a semble-t-il voulu exprimer son patriotisme en éliminant quelques dizaines de ses compatriotes de la surface de la terre norvégienne, les médias se livrent à d'intenses spéculations, comme à leur habitude. André Behring Breivik était "franc-maçon" selon les uns, "chrétien" au contraire pour d'autres, "extrémiste" enfin pour certains (comme Ben Laden ; traduisez que tous les dangers viennent d'un extrême quelconque du point de vue des médias qui, eux, incarnent le parti de la modération, vieux truc clérical éculé.)

Comme on sait, la folie a une origine sociale et elle peut devenir meurtrière sous le prétexte social le plus futile : aussi bien on apprendra dans quelques semaines que André s'était fait larguer par sa copine ou que la question de son orientation sexuelle véritable le tourmentait. Il n'y a donc aucun argument pour exclure les médias eux-mêmes des causes de la folie meurtrière moderne, sachant le rôle moral décisif de la télévision, du cinéma et de la publicité sur des esprits faibles, incités à construire "un univers personnel", c'est-à-dire un rêve, une sorte de prison dorée, dans lequel l'aliéné, bien qu'il y a été relégué, est le seul maître.

On reconnaît d'ailleurs chez le meurtrier psychopathe le caractère extrêmement social et religieux de cette personne dans le fait qu'elle a un désir de gloire et de reconnaissance du public, à l'opposé de l'individualiste qui trouvera dans l'honneur ou l'argent un parfum d'encens et de dépendance vis-à-vis d'autrui, détestable et illusoire. Pour résumer, le fou meurtrier est le produit d'un collectivisme abrutissant extrêmement puissant, auquel les médias contribuent largement, sous couvert de favoriser la quête identitaire.

Il faut dire en outre qu'une société requiert systématiquement pour les besoins de son agrégation, l'usage de la folie et du mensonge. On a vu ainsi au XIXe siècle le moraliste national-socialiste F. Nietzsche fulminer contre les chrétiens ou les communistes, les anarchistes, au prétexte que leur volonté de s'attacher à la vérité représente une menace pour l'ordre social établi, qui s'accommode bien mieux de l'hypocrisie ou de vérités religieuses, c'est-à-dire mystiques, ésotériques, de philosophies qui préfèrent largement les questions aux réponses. Or c'est exactement ce type de vérité religieuse, adaptée aux circonstances, que les médias véhiculent sous le nom d'"information". Le grand public est donc invité à admettre une idée de la vérité comme "l'information", par conséquent proche de celle en vigueur dans une salle de marché ou dans la cervelle d'un pigeon*.

Bien sûr c'est notamment aux militaires que la société fait subir un tel conditionnement. L'éloge de l'instinct ou de la race nietzschéen est essentiel au bon fonctionnement d'une caserne, et tout bon officier supérieur sait en jouer, ainsi que d'un instrument de musique. Au stade de la folie meurtrière et du sadisme, les bornes sont dépassées, mais l'élan est commun. Qui croiera deux minutes qu'il ne faut pas pour assassiner dans le cadre légal des dispositions à peu près semblables à celles requises dans le cadre illégal ? On voit d'ailleurs souvent des commissaires de police exprimer leur respect pour le courage de certains truands, comme si le métier ou l'expérience leur permettait de prendre de la hauteur sur cette frontière invisible de la légalité.

Cette folie, les pouvoirs politiques pensent toujours pouvoir l'encadrer, et qu'elle restera "ordinaire" ou mesurée, limitée au suicide des enfants par exemple, qui ne trouble pas outre mesure l'ordre social, relativement monstrueux dès lors qu'on accepte de le regarder en face, plutôt que d'accuser tel ou tel fou isolé de tous les vices.

Bardamor

*Cette conception totalitaire de la vérité sous la forme d'une somme d'informations n'est d'ailleurs plus seulement en vigueur dans les médias, mais aussi dans les centres administratifs en charge des arts plastiques en France, derrière l'incitation à développer les arts numériques. C'est d'autant plus frappant que l'intelligence artistique a toujours résisté au tour religieux qui consiste, comme E. Kant, à prêter à la personne humaine l'incapacité à raisonner en dehors du temps et de l'espace, notions abstraites surtout nécessaires à un robot, un chien de chasse ou un tireur d'élite. C'est donc une conception militante de l'art qui est défendue désormais par ses cadres supérieurs.

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