Pas facile de faire comprendre à une femme qu’il y a assez de gens sur terre pour qu’elle en rajoute. Faut absolument qu’elle ponde son œuf. Pour peu qu’on y réfléchisse un peu, tous nos problèmes viennent de là. Pensez si on avait pu les raisonner, on serait peut-être une dizaine de millions sur la terre. Ce serait presque le paradis. Dire qu’aujourd’hui ce sont aussi les hommes qui ont des désirs d’enfants, comme ils disent. L’espoir s’amenuise, c’est rien de le dire. Il y aurait à l’heure actuelle environ 200 pays dans le monde. Et tous de vouloir compter le plus d’habitants possible. J’en déduis qu’après les femmes, ce sont les pays qui sont les plus stupides. Si j’avais un pays je ferais en sorte qu’il y ait trois habitants par fonction utile. Deux qui travailleraient, en alternance, et un troisième qui ne ferait à rien, ne serait-ce que pour motiver les deux autres. Je compte assez mal mais il me semble que quelques dizaines de milliers d’habitants seraient suffisant pour avoir du pain et des enjeux.
On pourrait créer des robots qui consommeraient par exemple, qui rouleraient en voiture dans les embouteillages toute la journée pendant qu’on resterait peinard à causer avec son voisin du temps qu’il fait. Le soir, ils regarderaient la télé à notre place, on les enverrait le samedi faire du shopping, se cultiver, en croisière, dans des clubs de vacance, des musées, ils visiteraient la terre pour nous, ils auraient des problèmes d’argent, des dépressions, et même de temps en temps on les enverrait à la guerre pour qu’ils nous fassent de chouettes films pleins de sentiments après, qu’on leur ferait regarder pour les détendre de leur vie harassante. Ça nous laisserait un temps fou pour méditer. On leur grefferait un sexe pour qu’ils se créent un tas de problème et même qu’ils se reproduisent, ça nous éviterait d’avoir à les construire. Je dis pas qu’on vivrait comme des dieux, mais enfin on vivrait peut-être comme des hommes pas trop cons. A tout prendre ce serait une sorte de petit progrès.
Resterait toujours ce délicat et insoluble problème de notre reproduction. Insoluble car pour trouver un équilibre il faudrait se raisonner. Et la raison c’est aussi emmerdant que la morale. En cherchant du côté de la liberté on pourrait peut-être arranger un peu les choses. Mais que les hommes se sentent trop libres et plus personne ne voudrait faire de gnards. Ni appartenir à un pays d’ailleurs. Ça limiterait les enjeux et en conséquence pas mal de fonctionnaires. Les hommes seraient de moins en moins nombreux, les robots en revanche pulluleraient. A la fin il n’y aurait plus que des robots. En somme, ça ressemblerait pas mal au monde d’aujourd’hui.