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Vive la mariée!

Vive la mariée!

Si le génie demande beaucoup de patience, cette vertu de petit rentier, le mariage en exige des trésors.*

Dans sa Physiologie du mariage, Balzac énonce trois principes qui doivent selon lui être l’âme de la conduite d’un mari. Le premier est de ne jamais croire à ce que dit sa femme ; le second est de ne jamais s’arrêter à la lettre mais de toujours chercher l’esprit de ses actions ; le troisième, ne pas oublier qu’une femme n’est jamais aussi bavarde que quand elle se tait, et n’agit jamais avec plus d’énergie que quand elle se repose. A partir de là, dit-il malicieusement, vous êtes comme un cavalier sur un cheval sournois que vous devez toujours regarder entre les deux oreilles sous peine d’être désarçonner. Il ajoute charitablement que la connaissance des ces principes n’est rien sans l’art de savoir les appliquer.

Balzac ne manque pas de répéter dans cet ouvrage qu’il faut quand même être pas mal heurté pour se marier. Lui-même ne s’est d’ailleurs marié qu’à cinquante ans et comme il est mort dans l’année, on peut lui faire un peu crédit. En gros il ressort qu’on peut guère échapper à la minotaurisation féminine (totalitarisme, tyrannisme, etc.) sauf à devenir soi-même aussi sournois et hypocrite qu’une femme. D’ailleurs il n’hésite pas à déclarer que celui qui sait gouverner une femme peut gouverner une nation. A bien y regarder, il est vrai qu’il y a guère que les politiciens à bien savoir tenir leur femme mais c’est en vérité parce que c’est elle qui les tient.

En passant, tout ce qu’il dit vaut pour les concubins d’aujourd’hui, le fait de vivre maritalement, de partager la couche et le frigo vaut bien un serment foireux devant un officier civil ou religieux. Comme l’a si bien dit Brassens, laissons le chant libre à l’oiseau. Le préférable semble encore laisser ouverte la porte de la cage tant la femme aime la liberté à proportion de la terreur qu’elle lui inspire.

Pour l’Anglais, toujours sarcastique, un optimiste est celui qui croit que le mariage est un pari. Les Américains, cocus de naissance, pensent que là où il y mariage sans amour il y aura amour sans mariage.

Les Marocains auraient un proverbe affirmant que deux choses ne peuvent être évitées, le mariage et la mort. Les Marocains ne sont pas chrétiens sinon ils sauraient que c’est précisément l’inverse.

Les Russes, plus fins mais toujours trop fatalistes, disent que le mariage n'est pas une course, on arrive toujours à temps. Ça aura échappé à Balzac que sa femme ukrainienne a proprement crevé sous elle. Sans doute aura-t-il oublié avec l’âge que dans sa jeunesse il se moquait des maris, ces prédestinés.

C’est à un français qu’on doit qu’au mariage et à la mort le diable fait tous ses efforts.

Le savant suédois Swedenborg, qu’évoque si souvent Balzac dans sa Comédie Humaine, fait remarquer que Jésus fit son premier miracle aux noces de Cana. Le vrai mariage selon lui a lieu au Ciel, ceci pour les célibataires endurcis ou les maris cocus qui se rongeraient les sangs. Il invoque les noces de Christ et de son Eglise spirituelle comme modèle. Qu’un Suédois soit aussi spirituel qu’un français ne laisse pas de me surprendre, mais l’Esprit ne souffle-t-il pas où il veut.

On voit par-là que l’abruti romantique Chamfort qui affirme que l'amour plaît plus que le mariage, par la raison que les romans sont plus amusants que l'histoire, devait avoir des ascendances marocaines car c’est encore une fois exactement le contraire. Le mariage est un roman, bon ou mauvais, vrai ou faux, et l’amour la source de l’histoire du monde et de l’univers comme la sagesse des Anciens nous le rappellent, eux qui virent en Cupidon l’œuf de la nuit.

Chez le Grec Homère on retrouve l’opposition de deux personnages, comme deux options offertes à l’homme, Achille et Ulysse. Le premier va se faire une méga colère de cocu, Agamemnon lui ayant soufflé sa Briséis. Comme tous les cocus, pétris d’honneur, toujours assoiffé de gloire, alors même qu’il a récupéré sa femme, ira s’en trouver une autre, Polyxène, que cet amour par trop politique (c’est une troyenne) conduira au suicide. Achille aux pieds agiles mourra (d’une flèche dans le pied, comme une vengeance de Cupidon) dans les bras d’Ulysse en souhaitant être un vulgum pecus vivant plutôt qu’un héros mort, le sombre crétin, cocu jusqu’au bout. Ulysse, quant à lui, connu pour sa mètis, son intelligence rusée, plus résolu et mieux armé contre la prédestination en générale et celle des maris en particulier, laisse en toute confiance sa Pénélope tisser son astuce contre ses prétendants ayant lui-même plus important à faire. Son retour à Cythère/Ithaque, où il trouvera une mort douce et heureuse longtemps après avoir massacré la horde des impétrants, semble être l’intuition préchrétienne d’Homère que liberté et vérité ensemble ne sont rien si elles ne viennent de l’amour et y retournent. Entre temps la vie n’est pas de tout repos, il s’en faut de beaucoup.

Le dernier mot revient à Shakespeare : "Le mariage est une sottise faite à deux, puis une galère à trois et plus."

Par Héra, les vrais mariages viennent de commencer, allez viens pépère, on va se ranger des andouillers !

 

*si quelqu’un mène en captivité il ira en captivité (…). C’est ici la patience et la foi des saints. Apocalypse13-10

Commentaires

  • - Ce que j'ai pu observer aux Etats-Unis, qui sont la pointe la plus avancée de la civilisation, ce sont des relations sentimentales au niveau des relations de travail. Une relation stable est comme un emploi stable (elles le sont donc peu dans ce pays), une séparation comme un licenciement, et le processus de conquête amoureuse ressemble à une succession d'entretiens d'embauche, qui rend pour un Français les moeurs de cette nation plutôt cocasse, à cause du décalage de notre économie avec la leur, pratiquement comme si les relations sentimentales aux Etats-Unis remplaçaient la sécurité sociale chez nous.
    - Cela justifie Shakespeare, physicien perspicace, d'employer le mot "labeur" pour parler du coït. Il fait ainsi scandale auprès des païens qui accordent aux mouvements naturels une valeur légale, et donc sacrée ; les païens (je dis "les Egyptiens" car c'est la formule la plus pure de ce genre) dont la métaphysique ne fait que prolonger la physique, méritant ainsi le qualificatif de "morale pure", exactement opposé à l'effort de désillusionnement chrétien. Si saint Paul prône le célibat, non pas pour une caste de prêtres en particulier, mais pour tous les hommes, c'est parce qu'il a connaissance de la puissance onirique de l'union sexuelle. Shakespeare illustre dans "Roméo et Juliette" qu'elle se situe au niveau de la dépravation, entretenue par deux moines capucins plus irresponsables l'un que l'autre.
    - On peut penser que la valeur extraordinaire accordée par F. Nitche à la morale pure repose sur une frustration sexuelle intense. Jamais l'objet du désir n'a une valeur aussi grande, au niveau de la musique, que tant qu'il n'a pas été consommé. Si l'économie libérale ne parvenait plus à entretenir la frustration au niveau où elle parvient de stimulation incessante de l'appétit, elle serait foutue.

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