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violence

  • L'ordre républicain policier

    Je m'insurge contre l'article d'une gazette en ligne ("Article 11"), dont l'auteur s'efforce d'attribuer la violence de l'ordre républicain aux seuls policiers. Il s'agit là d'une opération de blanchiment de l'institution républicaine, caractéristique des bonnes conscience "de gauche".

    La gauche rend certainement ici à l'institution républicaine un service d'ordre plus utile que celui de l'institution policière elle-même. Un marxiste qualifiera cet office de "religieux". Je ne crois pas me tromper en affirmant que Marx verrait dans la police et ses méthodes brutales, au service de l'ordre républicain, une cause d'aliénation secondaire. L'idéologie de gauche s'efforce "grosso modo" de dissuader les jeunes Français de comprendre la nature de l'oppression moderne, totalitaire, en les amenant à concentrer leur volonté de rébellion contre un ordre globalement inique, dont ils éprouvent d'abord la violence sur le plan moral, sur les seuls aspects physiques de la violence.

     

    A cet égard, le discours féministe de gauche est caractéristique, qui pointe sans arrêt les débordements de  violence physique ou "virile", sans jamais démontrer en quoi l'oppression sociale est principalement masculine. Aucun penseur, décelant dans l'institution familiale elle-même, ou l'institution étatique décalquée sur le modèle familial, une cause d'aliénation et d'oppression, ne décrète que ces organisations découlent d'une volonté masculine. Cela reviendrait à occulter qu'il y a dans l'oppression un problème lié au désir de s'y soumettre. Occultation gravissime, puisqu'elle est certainement caractéristique de l'oppression moderne.

    L'institution républicaine est contraignante à tous les niveaux, et non seulement celui de la police, qui obéit aux ordres de la magistrature. Mais aussi l'Education nationale, monopolistique pour la moins démocratique des raisons, imprime sur les esprits une forte coercition, facteur d'ordre républicain bien plus puissant que la police. Les sociologues qui défendent ce monopole (Luc Ferry), n'hésitent pas à le faire au nom de l'élitisme et de la cohésion nationale. La croissance économique fournit certainement à cette dernière un appui plus sûr que le galimatia kantien de Luc Ferry. Rien de démocratique là-dedans, sauf à faire de la démocratie un consensus mou proche de la démagogie.

    On pourrait dire que l'idéologie de gauche, dont l'influence s'exerce principalement à travers l'Education nationale, ne cesse de pointer du doigt les attributs virils de l'institution républicaine, comme si celle-ci était pure par ailleurs. Et même sur le plan de l'enseignement de l'histoire, c'est le cas d'une éducation civique qui consiste à occulter le passé récent de l'institution républicaine, marqué par une extrême violence ; jusqu'à occulter même la fondation de ces institutions dans la violence. De même, les dernières évolutions économiques sont traduites comme un progrès juridique ou institutionnel, quand la crise économique signale plutôt que ce progès institutionnel reposait seulement sur l'enrichissement du pays. Si je ne m'abuse, les valeurs de gauche, comme celles de droite, sont directement menacées par la crise. Elles ne sont qu'une imposture, distincte de l'humanisme véritable, puisqu'elles ne font que contribuer à la cohésion nationale, et distribuer des points de mauvaise ou de bonne conduite, dans un contexte d'opulence où la pauvreté est le seul péché véritable.

    Il est si vrai que l'Education nationale est d'abord chargée de l'adhésion religieuse à l'ordre républicain, que les tentatives de réformer l'Education nationale, éludant systématiquement les efforts de cette institution pour substituer l'esprit religieux à l'esprit critique, sont nécessairement hypocrites ou voués à l'échec. En réalité ils nient l'oppression subie par les enfants, et ne font que se soucier de la pérennité d'un système - que la tendance de ces réformes soit réactionnaire, ou bien qu'elle soit moderniste. Les réformateurs envisagent à peine la contradiction entre l'éducation et l'esprit critique, celle-ci étant opposée à celle-là, pure méthode, quand l'esprit critique voit plus loin que la méthode. Les réformateurs se placent ainsi dans une configuration où ils sont certains d'échouer sur les deux plans.

    C'est au niveau universitaire que l'échec est le plus flagrant, puisque c'est à ce niveau que l'esprit critique était possible. "Le poisson pourrit par la tête" : l'adage est ainsi confirmé. Il signifie aussi, et ce n'est pas le moindre fait que l'idéologie de gauche s'efforce de dissimuler, que la responsabilité du populisme ou du chaos, incombe toujours aux élites.

    Enfin, il faut souligner à quel point l'idéologie de gauche, répercutée aujourd'hui y compris dans une presse qui se veut indépendante ou impertinente, sert le programme néo-colonialiste du gouvernement français. Il ne s'agit plus d'éduquer les populations du tiers-monde ou des pays émergents au catholicisme ou à l'ordre juridique raciste républicain, mais à des "valeurs de gauche" indéterminées, de justifier des campagnes militaires de cette façon, dont le caractère stratégique et intéressé est aussi facile à repérer qu'il l'est dans les croisades ou l'expansion coloniale au XVIIe siècle.

    Telemax

    Article paru dans "Au Trou!?" le 2 mars 2013