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Un trou peut en cacher un autre



Y a des types qui œuvrent sans ostentation mais avec une volonté de fer, une constance admirable, une industrie quotidienne, à essayer de te montrer un trou. Dieu sait que c'est pas facile à montrer un trou. C'est plein de vide par définition. En fait, il s'agit de montrer ce qu'il y a autour du trou bien entendu.

D'autres montrent en apparence la même énergie et ce qu'ils tiennent pourtant à te montrer c'est leur propre trou, leur vanité. La différence entre les deux est énorme, abyssale, et pourtant ça ne se voit presque pas.

Mais quand on a des yeux on ne voit que ça. Dans une discussion par exemple, celui qui parle le moins en général est le bon si tant est que les deux s'affrontent. D'ailleurs c'est toujours un affrontement quand ils se rencontrent.


J'ai un pote il te laisse parler jusqu'à plus soif. Quand t'as fini que t'es convaincu de l'avoir bouter, que tu guignes avec appréhension sa réaction tout en te votant intérieurement un satisfecit, il vient là te poser un contre feu qui en quelques coups bien placés vient t'exploser la baudruche. Souvent tu n'y crois pas tellement il a l'air de causer d'autre chose. Si t'es pas trop bouché tu sens que y a des rapports qui t'échappent mais que c'est voulu. Il te montre là où y a de la matière alors que toi tu brodais dans le trou. Il t'explique pas, il te dit là y a ça, et que tu sois d'accord ou pas il s'en tape. Et c'est tout. Neuf fois sur dix tu repars aussitôt à l'assaut. Si t'es léger du chapeau tu vas t'emballer, dire que ha mais non j'ai jamais dit ça je ne pense pas ça que ceci est cela etc. bref tu retournes dans ton trou. Il te laisse faire. Et quand tu t'es bien essoufflé, lui, tout frais, te refait un topo un peu différent, va te baliser encore un morceau de terre. Toujours autour du trou. Ça prendra le temps que ça prendra mais à la fin il aura balisé ton trou. Plus tu résistes et plus t'es gagnant. Il tient le manche et toi tu fais la cognée.


C'est beau. C'est grand. C'est généreux. Mais pour lui c'est simple, il a la grâce. Il fait simplement ce que dit l'évangile. Toi tu fais ce que ferait n'importe qui. Suppose que tu te retrouves invité à une after de ton acteur préféré ou d'un autre clown de la télé, t'es pas rasé, pas maquillée, en godillot en tablier, tu refuses pas t'y va. Une fois installé dans la place, tu sirotes ton gin-fizz, peinard, heureuse. Et là un type se pointe, le clown en question, le maitre des lieux et il te voit mal sapé, massacrant le dress code. Pas content du tout le patron. Qu'est-ce que c'est que ça, qu'il fait hautetfort, foutez-moi ça dehors, que ça retourne à sa misère ! Là, tu sais que t'es mal, très mal. En sortant tu croises le type qui t'a invité, et là tu vois ce qui aurait dû te frapper grave : son smoking étincelant de blancheur. Il te crie un truc et au milieu du vacarme festif tu attrapes deux mots, pas plus ; appelés, élus. Si là ! t'as pas LA révélation y a plus beaucoup d'espoir. Peut-être qu'en rentrant tu cherches un peu et tu trouves la phrase entière. Allez il sera pas dit que j'aurais manqué de charité je te la livre : il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.



Tu trouves que c'est pas juste ? mais qu'as-tu donc fait pour être invité ? t'as même pas été foutu de prendre la peine de t'habiller. Tu vois, c'est comme mon pote, j'en connais plein qui le détestent, ceux qu'ont pas d'yeux, qui voient pas le smoking. Les entêtés de la baudruche. Ils finissent par le traiter de tous les noms d'oiseaux. Là ils touchent le fond, faut bien le dire.


Mon pote je sais pas si on le mettra dans un grand trou mais je suis sûr d'une chose, il y restera pas longtemps.




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