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L'inhabité de nos facultés

 

Dans un amphi de la fac de psycho de Nice, j'assistais, il y a quelque temps, à un cours magistral sur je sais plus quelle sous-discipline pseudo scientifique. Le prof, un jeune boche parlant parfaitement le français, un alsacien peut-être, nous distribue sa pilule dans un ennui morose ponctué par de vaines tentatives de faire taire une centaine de poufs assoiffées de pouvoir et de ragot, quand soudain: il commet la faute. Noir sur blanc, en énorme sur l'écran du rétroprojecteur, il a écrit « tâche » au lieu de « tache ».  Ha ! feu de Dieu ! Comme je m'emmerdais passablement, je me dis tiens, un peu d'action. La fac moderne autorise désormais les interventions pendant les cours magistraux. Je me prive donc pas de l'occasion qui m'est donnée de rendre service à un si loyal laquais de la République. Je tente donc de l'interpeller sur la faute. Je sais plus comment j'ai formulé ça vu que c'est PAS une faute facile à expliquer. Mettons que j'ai dit, pour PAS lui faire l'offense de devoir lui expliquer, qu'il y avait une faute à tache, un truc dans le genre, tout simple... trop simple. Le gazier s'est concentré pour m'entendre vu que le troupeau de génisse en a profité pour monter d'un ton dans les confidences bovines. On s'entendait plus et j'ai dû répéter quatre ou cinq ou six fois même : « y a une faute à tache » sans jamais élever la voix, rien que pour faire chier !

 

Comme je lâchais PAS l'affaire, c'est devenu une épreuve de force et notre homme a fini par comprendre, non sans que je sois obligé de lui mettre les points sur les i en guise d'accent circonflexe. Evidemment, ce que je voulais éviter s'est bel et bien produit, à savoir qu'il a passé pour un con et qu'il est allé piteusement rectifier sa copie (alors qu'il était plutôt dans le rôle du nazi jusqu'à présent, ce qui explique que les poufs le boudaient d'ailleurs)

Ce fut un retournement complet de situation en la faveur de ce pitre, il devenait une victime. (inconséquence et inconstance de la nature humaine !) Dès lors un murmure  est monté, qui s'est trouvé amplifié (forcément le lieu s'y prête) et nettement désapprobateur de mon intervention. Puis ce murmure s'est changé rapidement en une sorte de clameur, comme souvent dans les troupeaux de bovins, et enfin quasi comme un appel au lynchage comme toujours dans les troupeaux humains !

 

C'est alors que de blaireau, je me suis transformé en lion : j'ai rugi ! Ma parole, on se serait cru dans l'évangile de Marc ! Comme j'ai PAS pris la peine de noter ce que j'ai dit, on le saura jamais, ni vous ni moi. Mais l'effet a été stupéfiant, comme toujours avec les agneaux. Le silence (des agneaux ?) est enfin revenu dans cette synagogue de Satan, et croyez-moi ce fut un silence plus divin que d'or. Après ça j'ai eu pas mal de propositions malhonnêtes de la part de ces Jézabel en herbe mais ça fera peut-être l'objet d'une autre séance de gymnastique.

 

En substance, il m'a PAS été bien difficile d'évoquer le scandale qui consiste à PAS faire la différence entre une tache et une tâche, que c'était une faute plus qu'une erreur, la tache originelle, la marque du mal. Peut-être même que j'ai fait des jeux de mots lacaniens du genre : la tâche de la faculté, opposée à la tache, la faute, qui consiste à gober ce genre de confusion quand on est un étudiant sérieux. Bref je me souviens plus le genre de rhétorique tordue que j'ai dû utiliser pour faire entendre la voix de la sagesse divine mais c'est PAS vraiment important.

Notez que j'aurais aussi pu réinventer ce que j'ai dit, à la manière d'un poète, pour vous plaire !

 

Mais vraiment, je vous aime assez pour ne pas chercher à vous envoûter avec des tropismes de bas-étage et pour de bien meilleures raisons que vous, qui plus est, puisque je vous écris et que vous me lisez.

 

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