Eté amené dernièrement à lire un livre immonde. Je dis livre, c’est pas un roman, parait-il. C’est juste le livre d’un type qui raconte sa vie de bouffeur de merde et qui s’est pas dédoublé en romancier hypocrite. Ça lui a pas trop bien réussi vu que sa femme aurait bien voulu que ça soit classé roman, elle lui fait un procès. Faut dire que ça parle de leurs enfants alors forcément elle s’est sentie, comment dire, dépossédée. J’ai fini par comprendre que si c’est pas classé dans le genre roman c’est pour bien faire comprendre que c’est basé sur un fait authentique. C’est plutôt un témoignage et c’est donc normal que ça réveille le plaideur qui dort jamais vraiment dans la femme (témoin, avocat, juge, police, prison). D’ailleurs, rien n’empêche de penser que le profit généré par la publicité donnée à cette affaire puisse réconcilier les deux époux. Si les enfants ne servent pas de caution à leurs parents, on se demande…
Pour ce qui est de l’authentique en question, du sujet de ce livre, feu de tout bois oblige : deux enfants handicapés coup sur coup. Assez extraordinaire quand on sait les précautions prises aujourd’hui pour éviter ça, le meurtre légalisé au nom du confort. C’est traité sur le mode brèves de comptoir, destiné, je suppose, à prouver qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Je passe sur les accusations lancées au Ciel, que d’ailleurs l’auteur (du livre et des enfants) affirme nier. Une page je le nie une page je l’accuse. Comique involontaire mais assez répétitif. Comme je me suis engagé à dire ce que j’en pense et que je tiens à m’éviter encore quelque temps la mendicité, je crois que je vais essayer de trouver quelques qualités à cet opus comme disent les journalistes. Pas de fautes d’orthographe ni de français, j’espère que ça suffira.
Extrait :
« Mathieu et Thomas (les deux enfants handicapés. J’aurais pu prendre le passage où il mentionne l’origine biblique des ces deux prénoms mais c’est tellement niais que je choisis celui-ci, le gars connait la musique (mieux que la bible), on la lui fait pas, à lui) ne connaitrons jamais Bach, Schubert, Brahms, Chopin…
Ils ne profiteront jamais des bienfaits de ces musiciens qui, certains matins tristes, quand l’humeur est grise et le chauffage en panne, nous aident à vivre. Ils ne connaitrons jamais la chair de poule que donne un adagio de Mozart, l’énergie qu’apportent les rugissements de Beethoven et les ruades de Liszt, Wagner qui vous donne envie de vous lever et d’envahir la Pologne, les danses fortifiantes de Bach et les larmes tièdes que fait couler le chant dolent de Schubert…
J’aurais bien aimé essayer de […] les faire vibrer au piano des Benedetti, Gould, Arra, et au violon des Menuhin, Oïstrakh, Milstein…
Et leur laisser entrevoir le paradis. »
Etant donné que l’enfer serait pour moi d’avoir à supporter tout ce bastringue, je pense sincèrement que ces deux mômes ont eu une chance inouïe, sans jeu de mot (les polonais aussi !).
D’autre part, ils auront procuré à leur père une sacré occasion de passer pour un type cultivé et raffiné auprès de ses lectrices. Au prix du baril de pétrole, c’est loin d’être négligeable.
Autant dire qu’ils ont beaucoup plus de chance d’accéder au Paradis que leur père.
Dieu merci, on lui a décerné un prix (Femina bien sûr!) sans ça, il aurait pu être tenté de remettre le couvert (d’ailleurs il évoque le grand père alcoolique, j’ai pas pu m’empêcher d’y voir une menace, après « Où on va papa ? » -le titre du livre-, « Ça nous mène où pépé ? » ! Sous l’emprise de la musique ou de l’alcool on fait vraiment n’importe quoi, et pourquoi pas des enfants infirmes et des livres infâmes).