A la longue, il en est d'une profession comme du mariage, on n'en sent plus que les inconvénients.
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Flèche Ensanglantée
Plus un homme excite de sentiments à distance chez une femme moins il y répondra de près. Plus il a été rêvé brillant plus terne il sera. Ici réside le frauduleux pouvoir de l’imagination, laquelle est certainement ce supplément d’âme que les femmes se croient autorisées à concevoir au nom de Dieu quand il ne fait aucun doute, pour un homme épris de vérité, que c’est la signature du malin. Loin d’être un jeu, le véritable amour est un combat, il y faut deux adversaires là où l’enfer n’y assure que des partenaires. Tous les scintillements des feux de la passion aveuglent les amants incapables de tremper leur cœur dans l’eau pure de la divinité dont les seules vapeurs leur causent de mesquines douleurs. La dureté éternelle de cet amour veut du sang dont l’âcre odeur rebute le vulgaire et enivre le niais. C’est dans la sombre lumière de sa couleur que Dieu a mis son paraphe invisible aux plus sournoises intelligences. Ce qui excuse l’impitoyable légèreté de la femme, c’est le triomphe de la faiblesse sur les puissances du mal. Le silence de l’esclave creuse la frayeur du maitre jusqu’à l’épouvante. Il fait deviner au tyran sans qu’il puisse l’entendre la voix de la pitié dont l’absence d’écho lui est aussi incongrue qu’inattendue. Il y a dans la justification une telle atteinte à l’innocence qu’elle répugne aux âmes nobles et la gloire du Christ est d’avoir ennobli le silence.
Combien de marchand de tapis verbaux pour un cœur calomnié battant pavillon solitaire au sein de littéraires tempêtes ?
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Animachronisme
Assis sur un banc dans un parc du centre de Kiev, une amie me fait remarquer la diversité des passants. En effet, tous portent des vêtements en apparence très différents. Cependant il suffirait de poser une question à tous ces gens pour s’apercevoir à quel point ils pensent tous exactement de la même manière malgré leur apparente dissemblance. Quelle question me demande-t-elle ? il y en a pas qu’une, mais par exemple, pourquoi Dieu nous a-t-il créés ?
Ici, dans cette ex république soviétique désormais république parlementaire, personne ne se déclare athée, peut-être parce que ça reviendrait à se déclarer prosoviétique, ou encore parce que les gens ont conscience que l’athéisme pur n’existe pas ou encore pour une raison que j’ignore ou un syncrétisme de ces raisons, toujours est-il que la réponse est toujours la même : Dieu nous a créés pour être heureux !
C’est dire à quel point ces gens qui se disent croyants ignorent tout de la parole de Dieu.
Les plus « modernes » d’entre eux croient à la réincarnation, je n’en ai pas encore rencontré qui croient au néant, ils font tous l’aveu de croire à quelque chose après la mort, ce qui les rend quand même moins dangereux que les français persuadés de l’existence du rien et donc prêts à tout moment de devenir de dangereux supporteurs de Satan, tels les grognards de Bonaparte.
A la question de l’âme et de sa position pas un seul ne m’a encore répondu que le corps et l’âme étaient indissociables. Cette séparation imaginaire autant que diplomatique les emballe, les femmes ayant tendance à situer leur âme près de leur cœur, entre leurs seins, les hommes plutôt près du cerveau (certaines vicieuse descendent jusqu’au ventre sans aller toutefois jusqu’au sexe).
Je n’en suis pas encore à poser la question du pourquoi Satan emploie-t-il des chrétiens plutôt que des athées, ça reviendrait à demander à un homme de l’âge de pierre pourquoi le fer rouille-t-il.
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Terrorisme et Médias
A propos du terroriste norvégien André Behring Breivik, qui a semble-t-il voulu exprimer son patriotisme en éliminant quelques dizaines de ses compatriotes de la surface de la terre norvégienne, les médias se livrent à d'intenses spéculations, comme à leur habitude. André Behring Breivik était "franc-maçon" selon les uns, "chrétien" au contraire pour d'autres, "extrémiste" enfin pour certains (comme Ben Laden ; traduisez que tous les dangers viennent d'un extrême quelconque du point de vue des médias qui, eux, incarnent le parti de la modération, vieux truc clérical éculé.)
Comme on sait, la folie a une origine sociale et elle peut devenir meurtrière sous le prétexte social le plus futile : aussi bien on apprendra dans quelques semaines que André s'était fait larguer par sa copine ou que la question de son orientation sexuelle véritable le tourmentait. Il n'y a donc aucun argument pour exclure les médias eux-mêmes des causes de la folie meurtrière moderne, sachant le rôle moral décisif de la télévision, du cinéma et de la publicité sur des esprits faibles, incités à construire "un univers personnel", c'est-à-dire un rêve, une sorte de prison dorée, dans lequel l'aliéné, bien qu'il y a été relégué, est le seul maître.
On reconnaît d'ailleurs chez le meurtrier psychopathe le caractère extrêmement social et religieux de cette personne dans le fait qu'elle a un désir de gloire et de reconnaissance du public, à l'opposé de l'individualiste qui trouvera dans l'honneur ou l'argent un parfum d'encens et de dépendance vis-à-vis d'autrui, détestable et illusoire. Pour résumer, le fou meurtrier est le produit d'un collectivisme abrutissant extrêmement puissant, auquel les médias contribuent largement, sous couvert de favoriser la quête identitaire.
Il faut dire en outre qu'une société requiert systématiquement pour les besoins de son agrégation, l'usage de la folie et du mensonge. On a vu ainsi au XIXe siècle le moraliste national-socialiste F. Nietzsche fulminer contre les chrétiens ou les communistes, les anarchistes, au prétexte que leur volonté de s'attacher à la vérité représente une menace pour l'ordre social établi, qui s'accommode bien mieux de l'hypocrisie ou de vérités religieuses, c'est-à-dire mystiques, ésotériques, de philosophies qui préfèrent largement les questions aux réponses. Or c'est exactement ce type de vérité religieuse, adaptée aux circonstances, que les médias véhiculent sous le nom d'"information". Le grand public est donc invité à admettre une idée de la vérité comme "l'information", par conséquent proche de celle en vigueur dans une salle de marché ou dans la cervelle d'un pigeon*.
Bien sûr c'est notamment aux militaires que la société fait subir un tel conditionnement. L'éloge de l'instinct ou de la race nietzschéen est essentiel au bon fonctionnement d'une caserne, et tout bon officier supérieur sait en jouer, ainsi que d'un instrument de musique. Au stade de la folie meurtrière et du sadisme, les bornes sont dépassées, mais l'élan est commun. Qui croiera deux minutes qu'il ne faut pas pour assassiner dans le cadre légal des dispositions à peu près semblables à celles requises dans le cadre illégal ? On voit d'ailleurs souvent des commissaires de police exprimer leur respect pour le courage de certains truands, comme si le métier ou l'expérience leur permettait de prendre de la hauteur sur cette frontière invisible de la légalité.
Cette folie, les pouvoirs politiques pensent toujours pouvoir l'encadrer, et qu'elle restera "ordinaire" ou mesurée, limitée au suicide des enfants par exemple, qui ne trouble pas outre mesure l'ordre social, relativement monstrueux dès lors qu'on accepte de le regarder en face, plutôt que d'accuser tel ou tel fou isolé de tous les vices.
Bardamor
*Cette conception totalitaire de la vérité sous la forme d'une somme d'informations n'est d'ailleurs plus seulement en vigueur dans les médias, mais aussi dans les centres administratifs en charge des arts plastiques en France, derrière l'incitation à développer les arts numériques. C'est d'autant plus frappant que l'intelligence artistique a toujours résisté au tour religieux qui consiste, comme E. Kant, à prêter à la personne humaine l'incapacité à raisonner en dehors du temps et de l'espace, notions abstraites surtout nécessaires à un robot, un chien de chasse ou un tireur d'élite. C'est donc une conception militante de l'art qui est défendue désormais par ses cadres supérieurs.