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Fondamentalement

Mon petit frangin se fout gentiment de ma gueule quand j’évoque le diable. Il me dit comme ça : « t'inquiète pas pour le diable je t'ai déja dis quand t'étais petit c'est comme le bon dieu et higelin y on jamais existés c'est des histoires de grand-mère. »

Un exorcisme à façon, s’il faut appeler les mots par leur nom, comme il dit. Mon petit frangin est un angoissé de première bourre, comme ma mère l’était, qui en est morte. Il ne peut pas rester seul. C’est ainsi que se manifeste assez subtilement le diable. Croire en dieu n’est pas non plus très difficile, plus facile que de croire au diable, mais si peu malaisé que même les femmes y parviennent. En revanche comprendre les Ecritures, même si ça ne nécessite pas une intelligence hors du commun, est une tâche qui rebute nombre de gens. Autrement dit, c’est aimer dieu qui est ardu. Aimer le diable, même en le niant ou en lui donnant d’autres noms, est à la portée de tout un chacun et rare sont ceux qui s’en privent. On sait depuis longtemps que c’est sa ruse ultime, faire croire qu’il n’existe pas ou qu’il est bénin. Mais il est malin. On peut voir l’angoisse comme une sorte de réaction du corps et de l’âme. L’appétit de bonne santé du corps correspond à celui du bien et du vrai pour l’âme. Pas pour rien que dans le christianisme la maladie est associée au péché. D’ailleurs à ce sujet mon frangin est un expert. Pour justifier un adultère, depuis légalisé, il s’est inventé une maladie. Et comme c’est un malin, il a fait en sorte que ce soit une maladie vaguement honteuse. Une douleur au fondement (au cul) dont aucun médecin ne pouvait trouver la cause. Ça lui permettait de voyager sans éveiller les soupçons de sa femme, et comme sa maitresse bossait dans une agence de voyage, vous devinez la suite. Finalement lassé d’une situation pour le moins ambigu ou tanné par sa nouvelle conquête, il a décidé de divorcer et de marier la maitresse en question. Depuis son mal au cul a disparu. Diabolique !

Ma mère aussi niait diable et dieu mais comme c’était une bonne femme dans le fond, je me demande d’où lui venaient ses angoisses. Peut-être d’avoir à clamser avant mon paternel ?

 

Outre que ça encourage le commerce d’anxiolytique, cette manifestation de Satan, ça ne favorise pas tellement les relations humaines déjà marquées par le signe du diable, c’est le péché originel n’est-ce-pas. D’ailleurs toutes ces victimes du malin dépensent une énergie considérable en relations sociales et activités ludiques et divertissantes diverses. A tel point que ça en devient fatiguant même pour eux. Et puis c’est en vain car le soir venu il faut affronter cette putain d’angoisse qui vous retire le sommeil réparateur. Quand comprendront-ils que plus ils s’agitent et s’excitent pour trouver l’harmonie comme ils disent, moins ils ont de chance d’y parvenir ? et quand bien même, il leur faudra ensuite affronter une nouvelle vérité : il n’y a pas de confort spirituel. 

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