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Au poteau

Un pote m’envoie sa démission ; il dépose sa fonction de pote assumée vaillamment depuis trente ans. J’ai eu beau lui proposer toute une batterie de compensations amicales, il n’est pas (encore) revenu sur sa décision. Le motif en est, si j’ai bien suivi l’alambique de sa pensée, que je suis devenu par trop rétrograde. Selon lui, je manquerais d’allant dans mes concessions à la modernité. Du coup je regarde mon grille-pain avec mélancolie : la vie est faite de concessions… à perpétuité.

 

Quand on a une vue de l’Histoire qui focus sur le romantisme du XIXème siècle, on est forcément enclin à trouver rétrograde la renaissance, seule époque pourtant véritablement moderne qui non seulement en mérite la qualification mais a de plus hérité les promesses d’humanisme d’un Rabelais de Molière à Shakespeare. En conséquence, je rétrocède l'inculpation de rétrograde à mon pote dont j’espère qu’il n’attendra pas l’article de la mort pour comprendre qu’il n’a été en cette occasion qu’un néo-barbare pseudo moderne, lui et tout son fatras culturel et technologique.

 

 Il n’y a pas de post modernité, c’est un sophisme historique débile, ni scientifique ni artistique, forgé par une élite cynique pour qualifier une régression infantile dont elle n’est même pas consciente. Il n’y a qu’un retour au paganisme moyenâgeux sous une forme technologique qui en dissimule l’esprit. D’ailleurs il n’y a qu’à regarder une ville comme New-York pour comprendre à quel point l’architecture dite moderne ne consiste en vérité qu’en une prouesse technique, en l’occurrence construire des maisons tout à fait banales pour les étirer en hauteur jusqu’au ridicule. Le mélange béton /acier est le viagra d’un art qui, un pied dans la tombe et l’autre dans un rêve, se recouvre de verre pour cacher une transparence qui ne fait que refléter le vide spirituel de ses créations, rappelant la mer de verre évoquée dans l’Apocalypse de Jean.

 

 La modernité de Molière et de Shakespeare est indépassable, en tout cas indépassée. Et puis l’amitié, entre nous, voilà un sentiment complètement désuet, dévoyé, galvaudé, ravagé, sénile, mort-né, sentiment de vieux fœtus ! mais fi du désespoir car quoi qu’il en soit, ça n’empêche pas de se bien comporter avec les hommes de bonne volonté, à tout le moins de ne pas les mépriser. Mais bon, la poussière, enfin, voyez les Ecritures, on peut quand même pas passer sa vie à essayer de ravauder des lambeaux de guenilles. Mieux vaut comme Aristote préférer la vérité à l’amitié, ça évite bien des erreurs. La plus fatale d’entre elles consistant à ne pouvoir se nourrir de lumière, toutes les autres se valent dans les ténèbres du fanatisme religieux moderne. Si ce dernier use des cautions culturelle et scientifique pour ériger le Lego en art en agitant le squelette de la vieille pute catholique (la grande prostitué de l’Apocalypse), c’est pour mieux dévorer ses propres enfants. Tout fait nourriture à l’ogre moderne qui ne peut que finir raisonnablement par s’engloutir lui-même.

 

Allez qu’on envoie l’apocalypse et qu’on en finisse avec ces caquets rabattus qu’on ne relèvera plus.

Commentaires

  • La modernité procure le même effet rassurant que la musique. Dès lors que l'homme parvient à jouir raisonnablement, il n'a pas besoin de ce soutien moral. Le concept a été inventé au XIXe par des peine-à-jouir : Baudelaire, Nitche. Ce qu'ils veulent, c'est donner un joli nom à leur frustration, pour qu'elle ne leur paraisse pas vaine.

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