mon compteur

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Patience.1

Dans l’attente de deux poèmes de Shakespeare (qu’une jeune ingénue a soumis à ma lecture l’été dernier et dont il m’est parvenu, par l’intermédiaire de Lapinos, qu’il pourrait bien y avoir un lien spirituel ou métaphysique de première importance, les poèmes de Shakespeare étant les seules véritables productions modernes de valeur en ce foireux domaine), je m’en laisse un peu conter par Caïn Marchenoir.

  

« Vous voudriez savoir quelle est la récompense  ou le salaire des animaux. Si je le savais pour vous l’apprendre, je serais Dieu, car je saurais alors ce que les animaux sont en eux-mêmes et non plus, seulement, par rapport à l’homme. N’avez-vous pas remarqué que nous ne pouvons apercevoir les êtres ou les choses que dans leurs rapports avec d’autres êtres ou d’autres choses, jamais dans leur fond et dans leur essence ? Il n’y a pas sur terre un seul homme ayant le droit de prononcer, en toute assurance, qu’une forme discernable est indélébile et porte en soi le caractère de l’éternité. Nous sommes des « dormants», selon la Parole sainte, et le monde extérieur est dans nos rêves comme « une énigme dans un miroir ». Nous ne comprendrons ce « gémissant univers » que lorsque toutes les choses cachées nous auront été dévoilées, en accomplissement de la promesse de Notre Seigneur Jésus-Christ. Jusque-là, il faut accepter, avec une ignorance de brebis, le spectacle universel des immolations, en se disant que si la douleur n’était pas enveloppée de mystère, elle n’aurait ni force ni beauté pour le recrutement des martyrs et ne mériterait même pas d’être endurée par les animaux. »

 

Bloy parle d’apercevoir le rapport entre les êtres quand Simone Weil dit que les mots ne devraient servir qu’à décrire le rapport entre les choses. De toute évidence, ces deux chrétiens savent le danger qui réside dans la parole. 

Cela dit, Bloy confond ici force et beauté (puissance et beauté du diable) avec la force de l’amour, cet œuf de la nuit, comme disent les Anciens, voir les fables d’Orphée et de Cupidon révélés par Bacon. Ça doit tenir à son désir de sauver l’Eglise catholique. Il a dû oublier que cette putain est condamnée depuis L’Apocalypse. La douleur n’est plus un mystère dès lors que le christ a montré qu’elle provenait du péché, épisode qui revient dans les quatre évangiles. Car, lequel est le plus aisé, de dire: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, et marche? Mathieu 9:5, Luc 5:23 Lequel est le plus aisé, de dire au paralytique: Tes péchés sont pardonnés, ou de dire: Lève-toi, prends ton lit, et marche? Marc 2:9 Cependant, Jean, lui, ne relève pas l’allusion au péché. Lève-toi, lui dit Jésus, prends ton lit, et marche. 5:8.

Bloy aurait été mieux inspiré de lire Swedenborg comme Balzac, ou Shakespeare comme Céline, plutôt que Joseph de Maistre, cet intello si peu sincère qui a osé écrire L'évangile hors de l'Eglise est uque l'Evangile hors de l'Eglise est un poison (alors que c'est précisément le contraire qui est vrai) et que « Jamais le christianisme, si vous y regardez de près, ne vous paraîtra plus sublime, plus digne de Dieu, et plus fait pour l'homme qu'à la guerre. » l’a dû lire les Ecritures d’une main ce galfâtre (ou alors c’est moi qui n’y regarde pas d’assez près, mais c’est quand même assez pernicieux).

 

 

Voici ce qu’il est écrit dans le livre de Jean, l’adresse, par « quelqu'un qui ressemblait à un fils d'homme », à Laodicée, qui est l’église de notre temps puisque chacune correspond à un moment de l’Histoire :

De 3:14 à 3:22 Ecris à l'ange de l'Eglise de Laodicée: Voici ce que dit l'Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu: Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Parce que tu dis: Je suis riche, je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d'acheter de moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies. Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime. Aie donc du zèle, et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi. Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises!

J’y reviendrai. En particulier pourquoi, si ce fils d’homme est le christ, se définit-il comme le commencement de la création de dieu, ce qui remet en question le rôle d’Adam et Eve.

 En tous cas on pourra guère pas reprocher à Bloy d’avoir été tiède :

« Marchenoir, ce perpétuel vaincu de la vie, avait reçu le privilège ironique d’une éloquence de victorieux. »

 

 

 

Commentaires

  • Shakespeare se distingue en effet par une conscience chrétienne aiguë de l'écartèlement de l'homme par deux forces antagonistes, qu'il décrit dans ses sonnets, l'une comme un meilleur ange, un homme en tous point clair et beau", l'autre comme "une femme à la couleur maligne". Quelques benêts dans l'Université ont pris ça pour un témoignage de bisexualité. Il n'en est rien : le prince charmant des contes chrétiens occidentaux n'est pas plus "sexué" que ne l'est la vierge Marie, en principe, c'est un symbole de l'Esprit de dieu. L'histoire pour les chrétiens commence par la chute d'Adam et Eve, et s'achève par la résurrection de Jésus-Christ (anti-Adam), et de son épouse, l'Eglise (anti-Eve).
    Partout dans Shakespeare, les sonnets aussi bien que les pièces, on retrouve ce symbolisme historique ou apocalyptique.
    - Ce qui n'empêche que Shakespeare sait très bien la tendance de l'homme à tout traduire sur le plan charnel ou érotique. Et que cette tendance n'épargne pas l'ère chrétienne, représentée sous la forme de la grande prostituée. Bacon développe par ailleurs l'idée que la chair est le principal obstacle à la conscience et à la science.
    - Cette conscience chrétienne dialectique (deux forces) implique, contrairement aux religions païennes animistes (toutes ne le sont pas), de ne pas considérer l'âme autrement que comme un "principe vital", indistinct du corps. La raison pour laquelle il n'y a ni purgatoire, ni "espace-temps" au-delà de la mort dans le christianisme, que celle-ci n'est pas une étape nécessaire, est lié au fait que l'âme n'a pas dans le christianisme d'existence séparée ou autonome.
    Le christianisme n'est pas "binaire", comme sont les religions "anthropologiques" ou "morales". Non seulement le chrétien reconnaît qu'il y a un aspect positif dans Satan, et non seulement négatif, mais il reconnaît que c'est l'aspect de la santé ou de la beauté (au sens platonicien) sur le plan personnel, ou de la politique lorsqu'elle est équilibrée, dans lequel se traduit cet aspect positif.
    Shakespeare déverse son vitriol sur la culture catholique romaine médiévale, si bien qu'il ne reste plus grand-chose après. Il met totalement à nu le procédé selon lequel les clercs ont subverti l'esprit du christianisme. On comprend après avoir lu Shakespeare que les cathédrales gothiques ne sont rien d'autre que la manifestation d'une ferveur païenne pour Satan, adversaire du salut, mais néanmoins pourvoyeur des richesses de la nature.

Les commentaires sont fermés.