Lapinos évoquait récemment les miracles qui ne sont qu'une forme du hasard et donc qui proviennent plus souvent du malin que du divin. C'est vrai qu'il est rarement possible de dire si un événement irrationnel quel qu'il soit est pour le meilleur ou pour le pire dans un temps plus ou moins long. Untel par exemple se réjouira du prodige d'un rebondissement impromptu de la bourse qui lui amènera un max de pognon et se trouvera par la suite dans une suite d’emmerdements dont son pactole est la cause sans forcément faire le rapprochement. Ce qu'il croyait venir du Ciel avait de grandes chances de venir de Mammon ou d'un quelconque démon. D'ailleurs parlons-en des démons. C'est une expression devenu courante de dire que chacun combat ses démons. Mais les connaît-on ces démons ?
Connaît-on par exemple Asmodée qui commande à quatre cent cinquante-trois armées d'esprits destructeurs ? Des grottes et des gouffres, des ravins et des précipices, des bois et des plaines, des fleuves ou des océans, des espaces ténébreux ou des espaces limpides, innombrables ils travaillent. En leurs couleurs toutes les couleurs se mêlent ; toutes les formes s'unissent en leurs formes : oreilles d'ânes sur des crinières de lions ; trompes d'éléphants sous des ailes de chauves-souris ; griffes de vautours dans des écailles de poissons ; pieds armés de dents, bras armés de têtes ; yeux blancs dans des faces bleues sur des ventres verts, yeux rouges dans des faces jaunes sur des ventres noirs. Ceux qui coulent les métaux dans les veines de l'abîme, ceux qui distillent les gemmes dans les prunelles du gouffre ; ceux qui sèment le sel aux sillons de la mer et ceux qui injectent la sève aux racines des arbres ; ceux qui allument l'éclair aux foyers des nuages et ceux qui lavent les tempêtes aux parois de l'azur.
Connaît-on Ornias, celui qui commande aux trente-six esprits mauvais qui tourmentent, dans la nuit, les corps des humains ? Téphras, qui s'allume aux feux des canicules, et Boulbas qui déborde aux marées des équinoxes, et Barak qui souffle dans l'orage, et Kippâon qui se fige dans le gel, Schékris qui grogne dans l'ivresse, Mammon qui gronde dans la richesse, Onoskelis, qui crie dans la luxure, Klothod qui hurle dans le meurtre, Harpax et Métathiax, Anoter et Alleborith, Iéropaël et Kunétaël, et ceux qui tordent les viscères ou les membres, ceux qui bouchent les oreilles ou les yeux, ceux qui hantent les cauchemars ou les fièvres et ceux qui habitent les moelles ou les cerveaux, tous, l'un après l'autre, par telles invocations par tels talismans, par telles incantations par tels sortilèges, par telles conjurations par tels pentacles, sont attirés ou chassés, expulsés ou conquis.
Tous ces démons sont des anges déchus ; parfois ils tentent de remonter jusqu'au Seigneur ; ils n'y atteignent point. Et, quand ils retombent, les mortels voient, du ciel, tomber une étoile.
Chacun est soumis à un ange ou à un astre, à une amulette ou à une parole ; et qui connaît cet astre ou cet ange, cette parole ou cette amulette, est maître d'eux et de leurs pouvoirs.
J'entendais l'autre jour un juif qui pratiquant sa religion mais pas trop strictement, de son propre aveu, m'affirmait très sérieusement que le temps des prophéties était passé. Il y a des juifs très singuliers ! Moi, quand je vois ces hordes de tarés, juifs, chrétiens ou agnostiques, caresser leur smartphone, je me dis que les démons ont encore de beaux jours devant eux, et même qu'ils n'ont jamais été autant à la noce.
Allez qu'on envoie l'apocalypse, les prodiges de la bête finissent par m'emmerder... prodigieusement !