Dans une note intitulée « La planète n'a pas besoin de nous » sur un blog appelé Biosphère* dont le propos est de nous dire de quoi la planète a besoin, j'ai répondu ceci à la suite de commentaires qui évoquaient une règle d'or universelle (sic) : « Il faut aimer son prochain comme soi-même, ne rien lui faire que vous ne voudriez qu'il ne vous fit, et lui faire constamment tout le bien que vous voudriez en recevoir. » et un autre quidam et sa vision janséniste du christianisme : « Etre un bon gestionnaire n'est pas détériorer ce que nous avons, ce n'est pas manger le capital, c'est s'en occuper avec respect, sérieux, anticipation pour notre bien et celui des générations à venir. Je dirais qu'il faut aimer la nature (ou la biosphère, c'est pareil) car elle est créée par Dieu, et il faut la garder et la protéger car elle ne nous appartient pas. »
j'ai répondu ceci :
Cette idée que nous serions les locataires de la terre! que Dieu nous aurait légué, c'est la patience du petit rentier, pas celle des saints.
Quant à votre règle d'or, elle vaut peau de balle, l'homme ayant autant de goût pour le mal, pourquoi irait-il faire le bien? ça ne tient pas debout.
Choisir entre Dieu et César comme le suggère Christ, c'est renoncer à faire autre chose qu'à être appelé et appeler soi-même. Pour le reste, bâtir un royaume de Dieu sur la terre, faire le bonheur de l'humanité, avec une règle d'or de pacotille et un brevet de gestionnaire/Pilate, c'est faire acte de politicien, donc de pédé boiteux, incestueux, assassin, et tyran: Oedipe lui-même, ou Claudius mais sûrement pas Hamlet!
*Je rêve d'une Biosphère où l'objection de croissance permettrait à chacun de nous d'être amoureux de la Nature. A condition de bien lire, même un journal croissanciste [sic] comme LeMonde peut alimenter mon rêve.
Les sociétés humaines sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant, la société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Les amoureux de la Nature et les objecteurs de croissance ont donc un objectif commun, prendre la défense des intérêts de la Biosphère et dénoncer avec force cette société de prédation.
Me voilà donc avec un amoureux de la nature (avec une majuscule, le païen !), un rêveur de plus sur le dos car je suppose que mon commentaire va déchainer le ressentiment de ces graines de Judas. (comme lui, ils prennent Jésus pour un homme politique providentiel) On voit bien que les bêtes se battent entre elles. Ainsi ces deux suppôts de Satan à se faire tous les deux passer pour des sauveurs de l'humanité en péril et qui ne font qu'ensiler le Léviathan. Les accointances avec le Monde, journal hautement diabolique et d'ailleurs voué à disparaitre comme tous ces semblables et ils sont légion, vont m'être sans doute révélées mais qu'importe, j'ai tranché.
Le mot clef chez le janséniste c'est générations au pluriel comme il se doit.
La généalogie, la génétique, la régénération, bref le croissez multipliez du premier chapitre de la Genèse qui est plutôt un faites fructifier et devenez multiplicateurs étymologiquement. Pas toujours bien compris cette affaire-là. « remplissez la terre; et l'assujettissez, et dominez sur les poissons de la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur toute bête qui se meut sur la terre. » Pas oublier que ceci fut dit avant la chute, (qui n'intervient qu'au troisième chapitre de la Genèse) et que ça ne concernait donc pas l'homme et la femme. Ce n'est pas à eux de se multiplier. Ils doivent faire fructifier, remplir la terre et l'assujettir, règne végétal et animal, et dominer les mers et les cieux, il n'est pas question de leur reproduction à eux, puisqu'ils sont encore immortels à ce moment de la création. Dieu crée l'homme à son image, il le crée double, mais pas disposé à devenir légion. C'est le résultat de la chute qui engendre, c'est bien le mot, la multiplication humaine et donc la mort. Et la prophétie de l'Apocalypse c'est qu'il sera tranché dans cette « population » qui se croit désasujéttisée, débridée en somme. Bêtes contre bêtes, la luttes des puissances d'en bas.
Maurice Rollinat, un poète post baudelairien (1846-1903) en a fait un poème éponyme (Croissez Multipliez) Rollinat dont l'aspect névralgique exerce une formidable emprise sur les spectateurs quand il se produit sur la scène des cabarets parisiens ! De nombreuses personnes s'évanouissent, parmi lesquelles notamment Leconte de Lisle et Oscar Wilde ! Les pédés de cette époque avait le sens du spectavle. Voici la fin de son poème qui figure un père s'adressant à ces quatre fils.
(Son ami Jules Barbey d'Aurevilly trouvait que « Rollinat aurait pu être supérieur à Baudelaire par la sincérité et la profondeur de son diabolisme ». Il qualifie Baudelaire de « diable en velours » et Rollinat de « diable en acier »)
Mangez fort ! et fait'-vous du sang, des muscl', des os !
Buvez ! mais sans jamais perd' la raison d'un' ligne ;
Pas trop d'peine ! Ceux qui s'us' au travail sont des sots. Réglez la sueur du corps ainsi q'le jus d'la vigne !
Comm' faut q'la femm' soit pure avec des yeux ardents,
Q'fièr' dans les bras d'l'époux qui n'cherch' qu'à la rend' mère
Ell' yoffr' l'instant d'bonheur qui fait claquer ses dents
Pour que leur vie ensemb' ne soit jamais amère.
Voyez-vous ? l'trôn' d'un' femme ? C'est l'lit d'son cher époux.
C'est là q'jeune ell' pratiq' l'amour sans badinage,
Et q'vieille ell' prend, des fois, encore un r'pos ben doux
Au long d'son vieux, après les soucis du ménage.
Là-d'sus buvons un coup ! dans ceux chos' de l'amour
J'vous souhait' de pas vous j'ter comme un goret qui s'vautre,
Et que, pour chacun d'vous, l'plus cher désir toujours :
Ça soit d'faire des enfants qui puiss' en faire d'autres ! »
Et d'autres encore... Génétique, génération, généalogie, tout ceci symbolisé par le figuier stérile de la bible, l'arbre de la connaissance, dont les fruits ne donnent rien que la mort toujours recommencée et qui figure bien la chute. Toute la foi janséniste repose sur ce postulat de comptable et qu'il faudrait gérer cette diabolique duplication au mépris de l'avertissement de Jésus. Qu'ils rejoignent le monde des nombreux adorateurs du nombre d'homme : 666 comme il est écrit dans l'Apocalypse.