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Trop c'est tropisme!


Le Lapin a raison, le style en littérature ou dès qu'on écrit, c'est la morale. Rien à voir avec la religion? C'est toujours du sentiment religieux, incertain, que je suppose volontiers ravissant comme la vague, sauf si elle vient à déferler ! le ravissement se mue alors en terreur. Les tempéraments infantiles y verront la mère, la mer, qui nous contient, nous berce, et nous rejette sur la grève un beau jour, seul et enfin libre. La nostalgie comme un miroir nous incline à y retourner. C'est ça le style. Retourner à la source des corps, à petits pas, de sa petite écriture, de son parlé intime, de sa petite musique. Mais il faut tout dire et le miroir est un menteur. La mère ne peut rien entendre de sa propre engeance. Que ce qui la calme et la rend d'huile. Quand elle se déchaine elle la tue ! Le style sert à cacher ce qu'on croit moralement répréhensible. Alors on trace son petit sillon sur la mer en essayant de faire le moins de vague possible.



Le pouvoir de tout ça est un leurre, le travail est ailleurs. En amont. Vos personnages ont-il autre chose à dire que vous ? La grosse somme de ce qui s'écrit et se vend aujourd'hui c'est des vagissements et du vent. Il n'y a aucun repère, aucun pair, pas un compagnon, un frère, un ami, vous êtes seule du début à la fin, entourée d'aigrefins. Vagir et se laisser bercer par la brise du souvenir, c'est votre lot. Vous résistez à l'idée de manier des personnages comme si vous alliez manipuler des êtres de chair et d'os. Devenir une toute puissante fée de bon ou mauvais augure. Vous découvrez les pouvoirs de l'écriture. Et vous n'êtes pas femme de pouvoir....

Résistez au miroir vous-dis-je. Ne lisez pas ce qui vous semble beau, n'écrivez pas pour ressembler. Rassemblez plutôt les morceaux de chair et d'ossements, ce que l'histoire a fait, sans vous, à vos dépends, sans vous consulter. Donnez-leur une âme, faites-en des enfants du bon dieu et laissez les canards sauvages s'envoler en braillant leur hideux coin coin trois fois coin dans un triangle maléfique.


La morale c'est ce qu'on voit quand on se regarde dans un miroir. Ce qui nous arrange. De quoi avez-vous peur ? qu'ils reviennent vous hanter ces personnages ? c'est que vous les stylez trop. Vous craignez de les aimer ? de les perdre ? de les faire mourir ? vous en faites vos enfants. Vous en avez le pouvoir, vous êtes femme. Seulement voilà, ce sont des personnages qui flottent, sans gravité, comme vous, dans les limbes de la morale. Ils ont toujours votre style et votre lyrisme. Peuvent pas exister, vous pouvez pas les voir, pas les sentir. Vous les aimez trop. Vous ne les aimez pas. Ils étouffent. Et comme vous êtes femme vous simulez plus que vous ne dissimuler.


Vous simulez en effet, plus que vous ne le dissimulez, que vous n'avez pas le pouvoir. Vous sentez confusément que ces personnages pourraient exister bien plus que les avatars avec qui vous couchez et sur qui vous avez tous les pouvoirs. Vous préférez ces personnages qui vous échappent. Et ils vous échappent parce qu'ils sont vrais, eux. Vous voudriez qu'ils remplacent vos amants de pacotille. Mais vous aimez la pacotille, tout ce qui brille. Les diamants se récoltent à la mine, c'est salissant. La pacotille on en trouve partout. C'est propre, ça coûte rien, ça décore et ça vous convient, convenons-en. Le seul personnage que vous créez c'est le vôtre. Vous êtes tellement plus religieuse que moi. Mais vous avez choisi la pire des religions, celle qui ne se connait pas. L'avez-vous vraiment choisi ? pour le savoir il vous faudrait la connaitre. Crédule au miroir, incrédule à la lumière.


Vous parlez souvent de vos mots. Comme s'ils étaient vous. Et ils le deviennent, et vous en crevez d'orgueil. Vous n'êtes pas assez femme pour ignorer le miroir, trop pour l'admettre. Les hasards de votre humeur vous voient passer de la mélancolie profonde à la joie extatique, parfois dans la même phrase. Vous soignez votre ponctuation, vos majuscules, vous croyez prendre des risques en réformant la syntaxe sans vous apercevoir que cette réforme est devenue la norme, qu'elle vous forme. (vous êtes « en » « dans » à peu prêt tout ce qui se peut concevoir, la peur, la joie, la souffrance, la beauté, le ciel, la terre, etc. ) Vous fusionnez avec la langue, dans un élan très religieux, païen, animiste. Votre âme se balade entre votre cerveau et votre vagin, d'où ce romantisme à double face, j'allais dire à deux fesses. (la public fesse et la private fesse, qui se diluent dans la fesse book) (ne nous voilons pas la face)

vous vous confondez avec votre outil, sculptant votre image en croyant décrire le monde. La prétérition sous toutes ses formes est votre figure d'expression. (D'aucuns l'appellent la dénégation hystérique !) Ainsi vous niez tout ce que vous êtes avec une ingénuité redoutable. Enfin, vous rêvez d'une fin qui serait sans fin, parce que vous êtes femme et que la lune vous règle à défaut de vous symboliser. Le temps est à vos côtés, vous l'étendez à l'infini, vous vous mêlez à lui et vous parlez d'amour la tête dans les nuages, les pieds baignant dans le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qui ont été égorgés sur la terre. Vous croyez au détour, de l'oubli à la mort, de la mort à l'oubli, sans vous apercevoir que vous ne cherchez qu'à gagner du temps.


Et l'homme que je suis ne mâche pas ses mots, parce que ce ne sont pas les miens mais l'outil dont tous se servent. Je vous le dis haut et fort : le temps est proche ! L'Histoire est prophétique, c'est un fait beaucoup plus scientifique que vous ne le pouvez concevoir. Que serait un roman dont la fin ne serait pas connue de son auteur ? quelle genre d'histoire emmerdante ça donnerait ? Une histoire sans fin, sans début, sans queue ni tête parce qu'elle ne sait choisir ni l'une ni l'autre.

Il faut trancher, tailler sa plume et percer les mystères qui nous entourent. Pensez à éviter le miroir ; quitte à choisir l'eau. La diffraction plutôt que la réflexion. Trempez votre plume dans un verre d'eau, vous comprendrez. Quel est donc ce mystère qui fait mentir votre miroir ? Cette image qu'il vous renvoie et qui vous fascine, vous ensorcelle, vous vole et votre regard et votre pitié, vous entraine dans la spirale infernale de l'abime, au centre de la terre, au point de vous-même où vous « disparaissez dans le fond sans teint de reflets amnésiques. » comme vous dites. Vous croyez voir la vanité dans votre miroir et c'est la vanité des vanités que vous voyez. Le vide reflète le vide, à quoi bon essayer de le décrire ? Vanité à la puissance. Quel pouvoir diabolique ! Quel ode à Satan prince des ténèbres !


Tant que vous n'aurez pas fait toute la lumière sur votre désir implacable d'être remplie et de remplir, vous noircirez des pages, légères, sans gravité. Quand cette lumière vous parviendra, si elle vous parvient, vous les illuminerez, sans style, sans lyrisme et sans morale, lourdes de sens, graves et vraies. En vous révélant telle que vous êtes et non pas telle que vous vous voyez, vous aurez fait la moitié du chemin. Dieu vous portera pour le reste. Il y avait la trace de deux pas tant qu'il vous accompagnait et n'en voyant plus qu'une, vous en concluez un peu vite à l'abandon. Mais c'est sa trace qu'il laisse et non la vôtre, c'est lui qui vous porte et non l'inverse. Votre miroir vous ment parce qu'il met à gauche ce qui est à droite et vous procure la douce illusion que ça revient au même.


Vous aurez peut-être le sentiment que je ne vous ménage pas. Mais je me suis à moi-même appliqué tout ça, car être un homme aujourd'hui, c'est avoir été longtemps une femme. La féminisation du monde est une sortie en douce de l'Histoire. Etre un homme (de poil ou de plume) c'est s'opposer à cette sortie sournoise et satanique, à ce retour à la matrice, au matricule, au vagin, à l'univers entier comme un trou (noir ?) sans fin, à la sacralisation du sexe, à la dévotion pour l'orgasme mécanique et mathématique, à la loi du nombre. Le patronyme ne s'oppose plus au matricule, il n'y a plus que des pseudos avec un numéro de sécu. C'est con. C'est qu'à la fin il ne reste plus qu'une hyper morale naturelle : nous sommes tous différents ET tous pareils. Tant et si bien que seul un nombre peut nous identifier, un matricule... une sorte de tropisme* si vous voulez, une force obscure, inconsciente qui pousse à agir d'une certaine façon.  Ou à ne pas agir du tout, se laisser déborder par le nombre.

Nous rêvons d'inscrire nos noms dans l'Histoire alors qu'il n'y a plus que des surnoms dans un conte de fée sans fin. Qui n'a que lui-même comme but.


Ecrire c'est enfanter le temps dans l'infini des mots écrivez-vous. Comme c'est naïf. On voit bien pour qui vous vous prenez, à votre insu, je vous fais la grâce de le croire. Car c'est bien tout au rebours pour abolir le temps que les mots ont une fin. Le temps est proche et il faut être contre, tout contre pour le savoir. Tant que vous serez pour, vous serez dedans, et vous ne verrez rien, que du vide à remplir : une occupation de comptable. C'est peut-être la meilleure occupation pour une femme, songez-y ; et gardez-vous de renoncer car il vous faudra vaincre ou disparaitre en tant que, comment dit-on, une écrivain, une femme écrivain, une écrivaine, une auteure, un auteur femme, féminin, etc. ? tout cela à la fois ? vous faut-il une périphrase ou un participe présent ? un être humain qui écrit, un€ écrivant€. Une Jézabel parmi d'autres ? vous êtes perdue dans le nombre. Croyez-moi, lancez-vous dans la politique si vous voulez qu'on vous lise. Vous vous apercevrez peut-être que pour être lu, il faut d'abord être élu.




*Etonnant, la lumière et la gravité sont les deux principaux facteurs du milieu respectivement responsables des phototropismes ou héliotropisme et des gravitropismes !


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