Satan c'est l'artisan des entités légales. Ce à quoi il nous a réduits. De la chair légale. Même morte, par ailleurs, elle reste légale. Et la vogue pour l'incinération ne doit rien au hasard. Les gens qui n'ont jamais vraiment cru en Dieu ni diable souhaitent faire brûler leur corps après leur mort. Après l'avoir grillé au soleil, de leur vivant. Satan récupère sa part de cendres et dieu sait qu'il est pressé, c'est dans l'Apocalypse.
Peut-être que c'est une histoire de balance entre le poids des cendres qu'amasse le diable et la pitié de Dieu. Peut-être qu'à partir d'un certain tas de poussière, Il renoncerait. Maudit conditionnel. Il est évident que je ne fais que lui attribuer ma propre paresse, c'est un fait néant. Vade retro, je retourne à la mine de mon stylo.
Commentaires
En ce matin du 21 avril alors qu'il fait beau pourquoi parlez vous du diable comme ça au saut du lit ? Qui est-ce qui vous inspire Fodio?
Liliane Boyrie
De quoi voulez-vous que je parle, Liliane, du pourquoi je mange de la viande et pas du papier? Entre nous vous avez raison de ne pas vendre vos toiles. Ce genre de choses n' a pas de prix! Moi je suis comme vous, je n'ai rien à vendre, et surtout pas mon âme, crénom!
Il fait beau, justement : il n'est pas un rayon de soleil qui ne fasse penser à Satan.
A part ça la légalité VIENT de la chair. Elle en possède le paradoxe que Shakespeare décrit magnifiquement dans son poème mystique à partir notamment de l'exemple d'un... lys. Paradoxe c'est-à-dire qu'après être parvenue à l'éclat de la maturité, la fleur/chair/politique dépérit peu à peu mystérieusement. Cette beauté-là n'a d'avenir que dans la régénération sexuelle. Avant de tuer ses enfants, Cronos les a engendrés.
Marx après Bacon a reconnu là le procès ou la mécanique érotique (cf. l'article "Cupidon" dans "La Sagesse des Anciens" et "Différence des philosophies naturelles de Démocrite et Epicure" par Marx.)
On peut ainsi pour le jansénisme, christianisme infecté de politique, parler de "christianisme charnel".
Il y a bien sûr un lien avec la crémation, qui traduit une croyance à la survie dans l'au-delà sous la forme d'un pur esprit débarrassé du corps. Cet animisme-là, qu'on peut dire "freudien", dans la mesure où le freudisme s'est diffusé largement dans la population (le cinéma a joué certainement un rôle décisif dans cette diffusion), est plus archaïque que celui de Dante ou Th. d'Aquin ; dès lors que le cadavre est conservé dans un lieu, même assez théorique et mathématique comme un cimetière, on devine l'hésitation entre l'âme et le corps.
Un religion politique telle que l'existentialisme, sorte de métastase janséniste, NE PEUT PAS promettre à ses adeptes autre chose que la survie à l'état d'âme, de fantôme, etc.
Si le prêtre de Bel ne promet rien à ses fidèles, la politique implose, il n'y a plus de société possible ; cet aspect est assez facile à comprendre. Sans le miroitement du temps, la femme ne se mettra pas en tête de déployer ses appâts.
Mais par ailleurs la résurrection des corps est une idée destructrice d'une religion politique comme l'existentialisme également, parce qu'il n'y a pas de destin individuel. Le destin, foi/raison politique est nécessairement collectif.
Aristote l'avait déjà très bien compris, l'être éternel, imputrescible, ne peut qu'être un corps.
"Women beware women" : on pourrait aussi bien écrire : "Flowers beware flowers".
Miroitement du temps, spéculation sur l'avenir, promesse de félicité éternelle, et la femme de déployer ses appâts, et la génération/corruption fait le reste. Plus difficile en effet de croire et faire croire à la résurrection de Jésus et de Lazare et quelques autres avant lui (avant de ressusciter, Jésus en a ressuscité plus d'un, prouvant ainsi que l'âme et le corps sont inséparables).