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Fodio - Page 10

  • Le rouge et le blanc


    Quelle chance vous avez, vous n'aimez pas plaire. Moi tout le contraire, j'adore ça. On le devine n'est-ce pas ? Alors sachez que c'est une passion douloureuse. Oh je ne dis pas que j'en tire pas quelques satisfactions d'ordre personnel, on apprend des tas de choses pour plaire : peindre, chanter, raconter, écrire même. Et pourtant j'en souffre. Tout ce temps que je perds à ne pas penser. Ça me fout le zébulon quand j'y pense. Je préfère oublier d'y penser. Mais tous les autres me le rappellent sans cesse, tous ces écrivains qui se font coquets dans leur poésie. Toujours dans le con de sa mère. La vérité des poètes c'est ça. Et la vérité ça ne plait pas aux femmes. C'est pour ça qu'il ne faut pas leur en parler de la vérité aux poètes, ou alors pour les faire fuir. Pour être honnête je les attrape en leur mentant (le moyen de faire autrement ?) et les relâche en leur disant leur quatre vérités. Rien à me reprocher. La vérité c'est que le monde des femmes et des poètes ne m'intéresse pas. Leur imagination me saoule. Je me dégrise. Mais je suis comme l'assassin du vin je balance tout dans le puits à la fin, femmes et poésie. Les femmes et les enfants d'abord c'est la devise d'un vrai capitaine au long cours. Mon océan à moi est un sarcophage liquide, j'oublierai tout si je le puis, au fond du puits, et bien pousser surtout tous les pavés de la margelle. Pouvoir chanter ma femme est morte je suis liiiiiiibre, je puis donc boire tout mon saoul, j't'ai pas ramené assez d'sous, mais tes cris me déchiraient la fiiiiiiiiibre.


    Mais non elle veut des hommages pas des sous disent les poètes. Tss tss on me la fait pas. Tout social d'abord qu'elle est. L'amour ça va ça vient c'est pas sérieux. Une situation avec  garanti de l'emploi ou de la terre. L'amour d'un clodo, vous rigolez, c'est dans les films, une bonne comédie pour se faire peur. Oui vous saviez pas, pour bien faire rire il faut faire peur. C'est pourquoi le rire est l'essence du mal. Mais moi ça me fait pas peur une comédie ou je vois Alceste traité en mari moderne prêt à la parité. C'est qu'une comédie vous me direz mais le contresens est révélateur de l'oubli de bien des choses pas drôles du tout.

    Qu'Alceste se retrouve devant cette pétasse de Célimène est comique en soit. Ça ne peut pas coller, ça ne doit pas. C'est pas aussi facile d'être misanthrope qu'il a l'air de dire là Molière. alors il y a cette parade, choisir une impossible femme pour le demeurer sans tomber dans la misogynie haineuse. Parce que mettre un homme et une femme de même acabit face à face c'est renoncer à toute philanthropie. Le misanthrope se noierait dans la misanthropie. Tandis que là Molière reste misogyne mais subtil. Il a bien dû se dire à la fin qu'il fallait opposer deux hommes. Double miroir, jolie structure,  un misanthrope humaniste et un philanthrope capitaliste (homme de cour de l'époque, arriviste gentil). A la fin il est cocu l'humaniste et ça fait rire...jaune.  Car c'est l'autre faux cul de Léandre, très comme il faut par ailleurs, qui va partir avec la femme qui lui aurait convenu à ce pauvre Alceste. Très hypocrite au point qu'on a du mal à savoir qui fait rire qui avec lui. Il parle en diplomate, en partisan du mensonge utile, celui de plaire avant tout, c'est mieux pour les affaires du royaume. Le janséniste qui pointe son nez, le capitaliste, la femme ! je vois rouge, d'un trait que je te mets tout ça dans un sac et hop au fond du puits ! Baudelaire avait bien compris Molière lui.

    Je devrais pas boire du rouge avant de dormir. Et il neige à plus pouvoir sortir. C'est bien connu Rouge sur blanc tout fout le camp !


  • L'homme tronc



    « J'ai ressenti comme une espèce de manque, un vide, comme quand tu te fais larguer ». Entendu ça dans une comédie : un amoureux...de la mort. C'est typique de cette fascination pour la mort qu'ont les amoureux depuis l'invention de l'amour courtois. C'est arrivé à son apogée de nos jours. L'amour évoque inexorablement la mort. Le syndrome Jacques Brel, la feuille morte que ce sera le petit jour. One night stand comme disent les Anglais. Le redoutable petit matin. La quantique de l'amour voudrait que deux états se côtoient sans que l'on puisse dire lequel l'emportera : la félicité ou la déprime, plus ou moins, vie ou mort, tout est encore possible. Neuf fois sur dix ces sont des critères raisonnables qui vont faire vivre cette histoire. La foi en l'avenir et les raisons qui la fondent. Mais pour ce qui est de l'amour, l'issue ne fait aucun doute.  "90% des individus ont des nerfs en zinc... réagissent plus guère qu'aux bombes..."


    On sait que les écrivains ça couche, c'est dans leur livre. Oh c'est pas comme Gicerilla qui vous enflamme en toute sincérité, et dont on ne saurait douter que la vie sexuelle voisine le zéro dramatiquement absolu, eux c'est en Tartuffe qu'ils font vibrer leurs lectrices (les hommes qui les lisent aussi). Le sexe, passé notre niveau de civilisation, c'est devenu un jeu d'enfant. Ça va faire cent ans que les psy le répètent, c'est leur live motive. Un jeu !  Alors pensez si les écrivains, ces petits garçons, s'en donnent à cœur joie. Pour ma part, j'ai eu assez d'amour j'en commettrai plus. Un vrai taliban, j'aurais pas fait mieux.


    Comme c'est un type qui n'a pas pu être chanteur ou acteur, l'écrivain de nos jours vise le plateau télé. On lui souffle que c'est le marketing, il rechigne pas. Pas intérêt. Sinon c'est retour au RMI.

    Car c'est surtout une entreprise économique un écrivain. Sont des milliers en France. Des types souvent très sensibles. Attention je parle pas de Barthez. Il y a sensibilité et recherche du con de sa mère. Hemingway par exemple c'est du pipeau, s'est flingué par trouille, à la recherche du trou perdu. La peur de plus pouvoir. L'inspiration artificielle qui le guettait. Idem Proust, et son château de sable qui plaisait tant à Céline. Cette espèce de cathédrale dédiée au temps ça devait le rassurer dans son genre apocalyptique à lui Céline, lui donner des frissons, l'inspirer dans sa sémiosis, soi-disant le style. Bien sûr c'est toujours un coup d'épée. Et pas toujours dans l'eau, la réfraction. C'est le glaive apocalyptique, la signature de la vraie féerie, celle pour un massacre. La grande et prophétique émotion littéraire. Vous écrirez télégraphique qu'il disait. Sérieux ! Tout grand sentimental qu'il était Céline, il les a tous niqué et pour longtemps. Moi le premier, je le dis sans fausse honte ni fausse pudeur. Le temps était son maître à Céline, aux autres il est et sera leur maitresse. L'amour à la porté des escargots.


    C'est des jeux de vanité toutes les littératures - ça mérite pas la corde - Quels vents ! Y a des styles des modes - C'est le Temps notre maître - tu trouves le truc du Temps - de l'actuel - tu baises tout le monde - c'est facile.

    « ...on prend la langue qu'on peut on la tortille comme on peut elle jouit ou elle jouit pas... c'est le pageot qui compte, pas le dictionnaire ! Les mots ne sont rien s'ils ne sont pas notes d'une musique du tronc..."


  • Impression délébile


    Que je m'écoute un peu l'émotion toute affaire cessante ! Je ferais trop bien l'affaire. De quelle émotion que me parlez-vous donc ? Je l'ai dit et répété, l'imbécile gymnastique littéraire. L'émotion ce commerce là c'est fini. Ça regorgeait. Plus où en mettre. Ça a fini par n'intéresser plus personne. Un Reich de dix mille ans sans la moindre émotion. Tous ils s'y sont mis et les canailles ont su se faire emboîter, poupées russes à la queue leu leu. Tous les styles lui sont passés dessus. Qu'à la fin elle a rendu son âme à Dieu l'émotion. Bien obligée. Elle compte plus. Elle avait pourtant jamais trop compté, c'était son live motive, pas de calcul. Elle en est crevée. Plus moyen de la ranimer. Fuiiiiit ! On s'en passera dorénavant. Fini les cœurs palpitants à se laisser choir, plus d'agitations à dégénérer en troubles, en émeutes. Le manque d'émotion a gagné le peuple, l'armée. Fini les états de conscience complexes, brusques et momentanés, les troubles physiologiques, les pâleurs, les rougissements, les accélérations du pouls, les palpitations, les sensations de malaise, de tremblements, l'incapacité de bouger ou l''agitation. Plus de sensations, agréables ou désagréables, du point de vue affectif. Fini l'émoi, les souvenirs qu'ils évoquaient, l'attendrissement, les étouffements, les paralysies. Plus rien à cacher. Plus de troubles. Incapable de feindre sans doute, encore moins de dissimuler. Ça a tué l'indifférence même. Plus personne n'en donne, ne s'inquiète, n'a peur. Ne se remet. Elle était forte elle était vive, nous faisait peur.  Nettement prononcé, la poésie n'existait plus sans elle. Ce n'était pourtant jamais toute pure qu'on l'exprimait en art.

    .

    Et c'est dans l'indifférence générale qu'est apparu son fantôme, l'apathie. La grande porte grande ouverte à l'indolence, au désintéressement, au détachement, à l'atonie, l'insensibilité, le recul, tout qui nous sépare du monde. Ce n'est plus que haussements d'épaule, équanimité et flegme. Froideur, réserve, insensibilité. Et pour finir agnosticisme et scepticisme.

    Affronter la mort, impassible, cool, dédain. Toiser la faucheuse, lui couper l'herbe sous la faux, dérision. Ha l'arrogance de tout ça ! L'orgueil lui s'est tout arrogé, c'est dit.

    Souffrir ou ne pas souffrir, là était toute la question.

    Elle a tranché, le nœud coulant s'est resserré, trop coule !


    Le tact qu'il faudrait pour me faire admettre que j'en ai manqué.


    Comme me disait la baronne, le succès du diable tient au fait que ceux qui l'ont connu sont de moins en moins nombreux. N'est-ce pas charmant une baronne qui pense ?


  • Une parfaite contrition parfaite


    La liberté un mois d'un exercice, quotidien. Ça se délie bien de le côté de les muscles de le marhingite, juste sous le tectoplasme. Ça fait tourner les récepteurs, le plaisir de la machine qui ronronne, répétitif, sans grand effort. La puissance est virtuelle, toute prête à gronder dans les synapses. Et justement on m'apartise : Parait que je vis comme un bourgeois ! Mais c'est des amercités je vous promets, même en imêles. La vérité c'est que je connais personne dans le milieu alors je demande à voir. J'y vais à mes frais, je veux rien devoir à personne. Les gens vous pardonnent pas de vous ruiner à faire la charité. Des archaïques bouseux primitifs, des trancheurs, rancuniers en plus, rubis sur l'ongle de la patte velue, la canine émail diamant, et le sourire entendu qui fait d'eux et moi, entre nous, très respectables artistes. Ho ha mais pas de ça ho. Moi je suis bien ici. Je fais ce que je veux. Ma vie privée n'intéresse personne ? tant mieux ! j'en parle pas. J'ai des milliers de visite, des centaines d'imailes, et pas un du catalogue d'hiver, d'hier. Que des inconnus complétés, alors ma vie privée ! C'est Noël et y a du chagrin et c'est tout. La joie c'est pour plus tard.


    La joie c'est au petit jour, les cadeaux. Là, un mec se pointe, sapé comme un voleur. Moi, j'ai un peu lu, je le reconnais. Enfin je sais que c'est Lui. Je l'ai vu venir de loin dans le champ tout blanc de ma fenêtre. Tout petit comme une virgule, je L'ai vu devenir gros point d'exclamation. Ce qui m'a fait tiquer c'est qu'il s'enfonçait pas dans la neige... brr.

    Je lui ai ouvert avant qu'il frappe, nature. Je me suis mis au café. Le meilleur kava de la région. Tourner, tapoter, paquet, cuillère, tasser, visser, briquet, ha merde j'oubliais la flotte. Il est plus là. Tant pis, remplir, revisser, rebriquet, allumer, poser, ça y est. Cinq, dix pas, il est assis à mon bureau et il lit. Quoi ? Oh oh, je dis rien. Je suis trop pas trop à l'aise. Ça se fait pas je pense. La vie privée, d'accord, mais le brouillon, l'essai raté, sans parler du reste.

    Ça ne compte pas qu'il me dit.

    Ha mais comment ! Bien d'accord. Et tout en allant chercher le café je comprends. Ha mais c'est du passé tout ça. Odieux j'ai été. Et je suis bien sûr de le retrouver là, sur ce texte, là. Sur l'écran de la non-vie. O Satan aie pitié. Entre nous, si je vous le disais, là, comme ça, sec, sans miel, seriez capable de me tuer d'abord et de me lyncher après.

    J'ai écrit cette chose immonde pour une bonne cause, voilà. Je le dirais sous la torture, je l'ai déjà fait. Le pire c'est que ça n'a servi à rien. J'ai compris la leçon. Et Lui tu parles si je l'attendais, là, juste là, à la virgule prête. Ha il tarit pas d'éloge le juif ! pas avare de compliments, et que c'est bien tourné, bien trouvé, quel rythme, ha, ça cause à l'âme, clin d'œil... Moi je suis blafard, figé de honte, le café je le bois pas je le sonde et j'y vois qu'un tout petit trou petit trou noir. Le fond du problème.

    Réjouis-toi qu'il a dit en se levant, ton café est bon, va dans la paix du Seigneur.

    Dans ma tasse soudain j'ai vu des cercles parfaits, comme des ondes radio : une larme qui m'a échappé. Si je vivais comme un bourgeois j'aurais demandé des gages. Parfaitement !

    Je crois que je suis bon pour aller m'enterrer dans la laure oui !


  • Les fondamentaux


    En période de crise le cinéma fait salle comble. Les résultats pour 2009 en sont la preuve. Ben mon coco. Ça serait pas pour surprendre Céline ça. Ni Marx ! C'est vraiment le ventre chaud de sa maman, la salle obscure. Et c'est pas un hasard si le film d'animation ( euphémisme pour cacher que c'est un dessin animé) tient le record.  Comme c'est dur de grandir et de se passer de tout ce douillet confort, comme il est tentant de se réfugier dans les limbes, dans la chaleur de l'enfance. Comme il est tentant de leur voler leur enfance à ces petites bêtes. Comment voulez-vous qu'on soit enfant si on ne sait pas qu'il y a autre chose que de l'enfant ? Ça m'aurait donné envie de mourir si j'avais eu des parents pour l'affection desquels il m'eût fallu lutter contre la télévision ou l'ordinateur. Vous imaginez les stratégies de séduction qu'il faut développer pour rivaliser avec le cinéma ou Internet ? Pas étonnant qu'ils rêvent tous de passer à la télé une fois en âge de faire des phrases. Même si c'est que pour se justifier, pour y étaler leur philosophie de bonobo. Des idées ils n'en manquent pas ces branques pour amuser la galerie, pour essayer de faire oublier qu'ils sont les premières victimes du mal. La vérité ils s'en tapent tous autant qu'ils sont. Leur conception de l'humanisme est sincère, mais si fausse que ça fait pitié. Aristote avait raison contre Platon quand il a dit « Ce sont des amis qui ont introduit la doctrine des Idées. (...) Vérité et amitié nous sont chères l'une et l'autre, mais c'est pour nous un devoir sacré d'accorder la préférence à la vérité. ».


    Et de voir ses amis s'engouffrer dans un cinéma pour aller voir un dessin animé et de les entendre un peu plus tard faire semblant d'être une grande personne en déplorant que l'individualisme ait tué l'humanisme, ça donne envie de rire ou de tuer le chien. Ça donne envie d'un devoir sacré. Celui de foutre tout ça par terre. Les appels à la révolution mondiale se multiplient c'est entendu. Peu ont la vérité pour eux. Et même quand ils l'ont, elle est vite déformer par les chacals qui la transmettent et qui en rayent l'essentiel. Les canailles sont les adorateurs du confort, du veau d'or, de l'harmonie universelle qui protègent les petits arrangements entre amis. Le mal est là. Voyez comme Aristote l'a bien cerné. L'amitié de Narcisse : mensonge ! C'est un vil menteur. Mais allez lui faire comprendre, rivé à l'image, scotché à l'écran, il s'y croit, il y est. Lui botter le pope est tout ce que vous pouvez faire. Un bon bain froid.


    Le déluge qu'il faudrait pour les sortir de leur ciné les bobaux. La méga panne qui priverait le monde de toutes les communications pendant des jours, le chaos total, les barrages qui explosent, les centrales nucléaires qui fissurent, les populations sur les routes, en Amérique en Europe même. Plus d'essence, de gaz, de pétrole, d'électricité, plus de police, d'armée, plus une machine qui fonctionne. L'apparition de bandes armées de brique et de broc dans des barques, faudrait défendre chèrement sa peau. Le cinéma perdrait beaucoup de son intérêt.


    Du pain et des jeux, voilà qui devait plaire à la plèbe romaine, cette bande de gougnafiers vulgaires, ces vulgus pecus du temps. Et à Narcisse ! A ce régime là on devient vite gros porc capitaliste démocrate chrétin de gauche, ou metrosexuel agnostique frustré de droite. Un bourgeois balloté. Oui le bourgeois ballote. C'était pas un secret pour Marx. Il va d'une idée à l'autre, pèse le pour et le contre, temporise. Il laisse faire. Il accepte tout ce qu'on veut tant qu'on lui demande gentiment. Il adore se laisser bercer. Il ne se fait pas trop d'illusion sur Dieu, mais il croit au divin, à la manière de Narcisse s'entend. Il  adore les fables. Surtout celles qui lui disent qu'il est une jolie personne si différentes et pourtant si identique. Il croit voir de la beauté en lui parce qu'il s'identifie à un autre Narcisse. Il ne voit pas le mensonge historique qui le fonde. Il ne se connait pas bourgeois balloté, il se croit lui-même. Il voudrait bien que les autres en fassent autant merde. C'est son live motive : un vrai bonobo !

    Mort à crédit ! qu'il faudrait lui crier dans l'oreille, à ce ballot, y a que ça qui l'intéresse. Etre crédité en tout et pour tout. Coire en n'importe quoi, n'importe qui, pourvu que ça rapporte. Comme me disait Boris, en Europe on aime bien compter. Vu de Moscou les sommes sont tellement plus énorme qu'il y a beau temps qu'on a laissé tomber les calculs.

    Ouais, en attendant, au jour du déluge, faudra compter avec pas mal d'anthropophages disséminés dans la steppe immense. Ça ferait un beau film apocalyptique pour un joyeux Noël en famille.


    à Sacha, Irina, Bouba, Inessa, Olga et Oxana qui me subissent régulièrement sans jamais avoir eu à se plaindre,

    à Victoria, Tania, Roman, Igor, Tamara, Valia, Irishka, Antoine, Yassim, Zachar, Vita , Jacky,

    que j'ai subis sans jamais avoir eu à me plaindre. A tous ceux sans qui je ne serais pas moi-même un vrai bobal et que je joindrai à mes prières à la messe de minuit,

    à toute ma famille,

    aux enfants que j'ai reconnu et aux autres,

    à Alberto et Xavier, les familles Ortiz-Lewis, Ekeram, et tous les hommes de bonne volonté que j'ai rencontré,

    à tous les grands esprits morts ou vivants qui m'ont donné de quoi tremper mon âme dans le bain froid des écritures,

    à Dieu,

    à vous,

    à toi...


    En même temps que j'écris une véritable tempête s'élève autour de moi, il est temps de rendre l'antenne à César et la parole à Dieu.


  • Sincèrement votre


    Pour parler bien franc, car sinon pourquoi se faire chier à l'écrire, la vérité c'est que je cherche une femme pour me guérir de ma misogynie. Once upon a time, il y avait un cowboy qui chantait une chanson qui m'avait choquée quand j'étais une jeune fille (bilingue) de quinze ans à peine. Je sortais de mon premier avortement et ce con chantait de sa voix de castré (on dit castra) : A man needs a maid. Une boniche ! Il pouvait pas être crédible ! On peut dire qu'il en revenait, lui, du flower power, qu'il en avait tiré des conclusions... pratiques. J'ai fait celle qu'avait pas compris, facile, personne comprenait l'anglais autour de moi.  Et puis, durant les années qui ont suivi, j'ai fait la pute. Oh pas vraiment, pas pour de l'argent. Mais le confort des corps, des fins de mois, tout ça. Un client me faisait entre trois et sept ans, dingue non ? J'étais sérieuse, je cumulais pas. Quand je tombais amoureuse d'un autre, je trompais pas, je quittais. Net et sans bavure. Ha mais j'étais sincère. Je pleurais un bon coup, un peu par pitié pour le vaincu, et parce que j'avais déjà été vaincue moi aussi. Je savais bien le prix de la trahison, mais j'avais ce mot magique qui m'en délivrait aussitôt : l'amour. C'est dingue les saloperies que ça fait faire la power de l'amour. Les charniers que ça génère. J'ai comme ça derrière moi pas mal de cadavres. Que je sois le cadavre de pas mal de gens est une chose à laquelle je voudrais bien ne pas penser ! Sincèrement !


    Bref, ce cowboy, dans le fond, il disait quoi sinon qu'il cherchait un bon presbytère avec une bonne chrétienne pour le servir. Il avait compris que toutes les femmes aiment faire le ménage, la cuisine et s'occuper du linge. Et comme elles aiment chanter aussi, il leur a dédié une chanson. C'est vache les cowboys !


    Toutefois, on peut pas nier que c'est un truc qui attire les femmes la misogynie. (toujours en vertu du principe qu'elle déteste un type qui la drague sauf s'il ressemble à un acteur qu'elle a beaucoup aimé)

    C'est bien normal tout ça. Le vrai misogyne cherche l'aiguille dans la botte de foin. La femme qui lui trouvera des airs à un pédé quelconque et qui lui prouvera que si toutes les femmes se ressemblent, elle, elle est à lui ! comme il est à elle ! Sans la moindre parité ou égalité. Elle ressemble à aucune autre !


    Le misogyne est un type qui referme doucement la porte car il sait que les voies de la tentation sont larges comme des avenues mais que la porte est étroite qui mène à l'amour.  Pour le vrai misogyne, ce serait plutôt beaucoup d'appelées et pas d'élue... Pas encore !


  • Grands cimetières sous la lune


    C'est terrible la facilité avec laquelle je renonce à l'excellence. Et jamais assez cher payé, sans aucun doute. En me baladant sur le ouaibe pour faire le tour des blogs, je découvre à quel point la vanité est fille de la bêtise. En général il me faut trois lignes pour décider de continuer à lire ou pas. C'est ce que les psychologues sociaux appelle une stratégie d'expert. Un lot de critère organisé en vue d'une économie visant à l'efficacité. Mais ma légèreté, le besoin que j'ai de me distraire, une odieuse faiblesse de caractère réduisent cette efficacité à néant ; je desexcelle.  Et me voilà à sonder le vide de l'âme d'un bobal. Je me vois penché au-dessus de l'épaule de Narcisse contemplant ma chère image. C'est bête et c'est vain.


    En ces temps de national-social-chrétinisme janséniste sans Dieu ni diable, en ces temps profondément religieux, de mystification de la vie, je voudrais écrire un livre pour le jeter dans la gueule affamée des imbéciles afin de les empêcher de dévorer le monde.

    J'ai le titre.


  • Rien ne luit


    Je crois que de nos jours un homme capable de vivre avec une femme ne peut pas être autre chose qu'une loque. Je crois même que bien des femmes en conviendraient, pour peu qu'elles soient honnêtes cinq minutes. Une femme honnête est aussi difficile à trouver qu'un homme, me direz-vous. Bien d'accord. On peut toujours citer les femmes de quelques grands esprits comme fait mon pote (je le soupçonne d'avoir trouvé une femme honnête) mais ces femmes avaient-elles tant de mérite à partager le sort des ces hommes d'exception ? J'admire beaucoup plus une Simone Weil dont les interrogations sont celles d'un homme.

    Ce que je ne comprends pas c'est la revendication des femmes qui veulent être indépendantes et avoir des enfants. De quoi elles se plaignent ? C'est jouable à condition de partager le pouvoir. Comme elles ne peuvent pas se priver du pouvoir sur les enfants, dès qu'elles le peuvent, elles cumulent avec le pouvoir financier, pour elles exécutif. C'est mal. Ça conduit à l'abus de pouvoir, à la dictature, à la tyrannie, au fascisme. Les hommes, il leur reste la vodka pour se consoler. Par ici la sortie ! Ce qui finit  de les achever, les gaziers, c'est qu'ils se font traiter eux-mêmes de tyran. L'ombre de Robespierre plane sur l'esprit des citoyennes. Par un retour de bâton logique ces hommes en viennent à avoir plus de fibre maternelle que leur femme. C'est dégoûtant !


    Quant aux enfants ils sont à bonne école pour devenir les petites fiottes autoritaires qui feront l'humanité de demain. Ça risque d'être long jusqu'en 2012. Après ce sera intenable, inévitablement.


    Who lets so fair a house fall to decay,
    Which husbandry in honour might uphold,
    Against the stormy gusts of winter's day
    And barren rage of death's eternal cold?
    O! none but unthrifts. Dear my love, you know,
    You had a father: let your son say so.

     

    Shakespeare sonnet 13

  • Confession dominicale


    La neige tombe sans arrêt depuis deux jours. Il fait moins dix en moyenne. En sortant ce matin le renard autour du cou et le blaireau sur la tête, je me sens comme dans une fable de Lafontaine. La sensibilité bobale occidentale en plus. Cap sur le marché (j'ai encore raté la messe). Là, ça grouille de fourrures enneigées, une vraie ménagerie. Les bobos occidentaux trouveraient ça très pittoresque. Quels hypocrites ! Je trouve une bouteille de cabernet, on a les messes qu'on peut, et je regagne ma datcha bien chauffée.


    J'en viens à penser que c'est une question d'éducation nationale. La république distille, c'est un secret de fabrication, elle sécrète du bobal, le monstre de toujours, la chair à canon du diable. C'est le genre citoyen aujourd'hui à jouer au loto politique pour gagner un peu plus de servitude, d'obligation à son Dieu et Maitre qu'il appelle parfois Ni-dieu Ni-maitre. Les milliers de professeurs laïcs de l'éducation nationale sont la véritable prêtaille de cette synagogue de Satan, comme dit mon pote. Les psy et les médecins sont des enfants de cœur en comparaison. Enfin les hommes en noirs, les gardiens du temple, hommes de lois, sénateurs, politiques, soldats, flic, les gens de justice. La pire des engeances selon Balzac car aucune gratitude ni aucune compensation ne vient récompenser sa terrible industrie. Alors l'argent bien sûr. La porte est large qui s'ouvre sur la tentation. C'est en pente et la perspective est belle.


    Tous ces citoyens, égaux, en droit comme en gauche, tous issus de la même fabrique, n'en font plus qu'un au regard de l'Histoire. Ils sont des milliers divisés par un et demi, parce qu'ils se croient tous très malin et comme on sait depuis longtemps, à malin malin et demi. Et mille divisés par un et demi ça fait 666,666666666666666667. Vous pouvez vérifier. (le nombre de 6 avant le 7 dépend de la calculette et en ce qui me concerne est un mystère)


    Dans l'Apocalypse de Jean il est écrit que le nombre 666 est un nombre d'homme. On sait que six est le chiffre du temps, de Chronos de Saturne, du temporel, et tout le livre de l'Apocalypse tourne autour du 7, le chiffre de Dieu. Cette petite opération tient de la révélation pour moi. Mais je dois me croire encore un peu trop malin.

    D'après les statistiques officielles je suis le 7ème site ouaibe le plus lu au monde, juste après Wiki le pédé. Sauf que moi je pleure pas pour me faire payer.


    Ça me rappelle la petite école catholique de mon CM2. A l'époque on était classé régulièrement, six fois dans l'année. J'arrivais de l'école publique, je découvrais. D'abord que le fils du notaire était le seul premier de la classe. Au début, ma vingtième place sur trente me relégua dans l'insignifiance. A la deuxième compo, je finis bon huitième. A la troisième je m'approchai dangereusement du podium. A la quatrième je montai dessus et à la cinquième je me fis un ennemi à vie dans la personne du second attitré en lui volant sa place. C'est à la sixième et dernière épreuve que se joua une drôle de scène. Nous étions alors en classe de neige. Le maitre était un transfuge, il venait du public lui aussi et n'appréciait pas trop cette compétition qui est pourtant la seule compensation à l'étude quand on a dix ans. Le bâtard nous distribua nos résultats sans avoir fait le classement. Ce fut la cohue. Tout le monde attendait de savoir si j'avais ou non battu l'indétrônable. Les messagers couraient dans tous les sens. Il fut d'abord décrété que j'avais gagné. J'eus la bonne idée d'avoir le triomphe modeste, pur orgueil. Ça me vengeait un peu du fait que le moniteur de ski m'avait pris en grippe et m'avait privé d'une étoile rien que pour m'humilier (j'ai beau chercher je n'ai jamais réussi à savoir pourquoi, mais la honte de l'injustice je m'en rappelle encore).

    Finalement le premier resta le premier et se fit encore plus détester quand on le vit passer du vert de la décomposition au rouge vif du triomphe arrogant.


    Après  je suis rentré au collège et là, y avait un truc que j'avais complètement oublié en un an d'école catho : les filles. Il s'agissait d'être le premier à leur yeux, et pour ça, je le confesse, je n'ai jamais eu de rival sérieux. C'est ainsi que, m'engageant dans les voies de la perdition, j'évitai soigneusement de me faire endoctriner par l'école de la république. Les voies du Seigneur sont impénétrables.



  • Un trou peut en cacher un autre



    Y a des types qui œuvrent sans ostentation mais avec une volonté de fer, une constance admirable, une industrie quotidienne, à essayer de te montrer un trou. Dieu sait que c'est pas facile à montrer un trou. C'est plein de vide par définition. En fait, il s'agit de montrer ce qu'il y a autour du trou bien entendu.

    D'autres montrent en apparence la même énergie et ce qu'ils tiennent pourtant à te montrer c'est leur propre trou, leur vanité. La différence entre les deux est énorme, abyssale, et pourtant ça ne se voit presque pas.

    Mais quand on a des yeux on ne voit que ça. Dans une discussion par exemple, celui qui parle le moins en général est le bon si tant est que les deux s'affrontent. D'ailleurs c'est toujours un affrontement quand ils se rencontrent.


    J'ai un pote il te laisse parler jusqu'à plus soif. Quand t'as fini que t'es convaincu de l'avoir bouter, que tu guignes avec appréhension sa réaction tout en te votant intérieurement un satisfecit, il vient là te poser un contre feu qui en quelques coups bien placés vient t'exploser la baudruche. Souvent tu n'y crois pas tellement il a l'air de causer d'autre chose. Si t'es pas trop bouché tu sens que y a des rapports qui t'échappent mais que c'est voulu. Il te montre là où y a de la matière alors que toi tu brodais dans le trou. Il t'explique pas, il te dit là y a ça, et que tu sois d'accord ou pas il s'en tape. Et c'est tout. Neuf fois sur dix tu repars aussitôt à l'assaut. Si t'es léger du chapeau tu vas t'emballer, dire que ha mais non j'ai jamais dit ça je ne pense pas ça que ceci est cela etc. bref tu retournes dans ton trou. Il te laisse faire. Et quand tu t'es bien essoufflé, lui, tout frais, te refait un topo un peu différent, va te baliser encore un morceau de terre. Toujours autour du trou. Ça prendra le temps que ça prendra mais à la fin il aura balisé ton trou. Plus tu résistes et plus t'es gagnant. Il tient le manche et toi tu fais la cognée.


    C'est beau. C'est grand. C'est généreux. Mais pour lui c'est simple, il a la grâce. Il fait simplement ce que dit l'évangile. Toi tu fais ce que ferait n'importe qui. Suppose que tu te retrouves invité à une after de ton acteur préféré ou d'un autre clown de la télé, t'es pas rasé, pas maquillée, en godillot en tablier, tu refuses pas t'y va. Une fois installé dans la place, tu sirotes ton gin-fizz, peinard, heureuse. Et là un type se pointe, le clown en question, le maitre des lieux et il te voit mal sapé, massacrant le dress code. Pas content du tout le patron. Qu'est-ce que c'est que ça, qu'il fait hautetfort, foutez-moi ça dehors, que ça retourne à sa misère ! Là, tu sais que t'es mal, très mal. En sortant tu croises le type qui t'a invité, et là tu vois ce qui aurait dû te frapper grave : son smoking étincelant de blancheur. Il te crie un truc et au milieu du vacarme festif tu attrapes deux mots, pas plus ; appelés, élus. Si là ! t'as pas LA révélation y a plus beaucoup d'espoir. Peut-être qu'en rentrant tu cherches un peu et tu trouves la phrase entière. Allez il sera pas dit que j'aurais manqué de charité je te la livre : il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.



    Tu trouves que c'est pas juste ? mais qu'as-tu donc fait pour être invité ? t'as même pas été foutu de prendre la peine de t'habiller. Tu vois, c'est comme mon pote, j'en connais plein qui le détestent, ceux qu'ont pas d'yeux, qui voient pas le smoking. Les entêtés de la baudruche. Ils finissent par le traiter de tous les noms d'oiseaux. Là ils touchent le fond, faut bien le dire.


    Mon pote je sais pas si on le mettra dans un grand trou mais je suis sûr d'une chose, il y restera pas longtemps.




  • Hommages collatéraux

    Petit exercice d'alerte ce matin. Pas de sueur, restons froids même dans le vif du sujet ! Keep Cool ! Cette manie des anglais ! rester froid quand la planète se réchauffe ! L'âge de glace intérieur, post grand-britanien. Alerte donc, il faut transposer qu'il disait le petit docteur Destouches ! Des touches, des touches, des touches de piano, pour sa petite musique. Les rails de l'émotion qu'il appelait ça. Faut les mettre, les poser et que c'est lourdingue l'émotion, ça pèse un âne mort. Et c'est pas éternel ! Ca va, parfois ça vient.


    Back to our sheeps !...Ha, ça, les chèvres de ma vie!  Comme la poussière ou les nuages. Mes bras mes jambes, même de derrière, appendices graciles et bêtes infâmes. Comment dire ? Les machines de fer à Baudelaire ! Crapules invulnérables !

    Là  dans  la rade j'étais, insouciant. Belle plage ! De nuit, pas vu le jour. « C'est très sûrement moins beau le jour ». Ça, c'est H* qui le dit. Et elle aura raison ! Pourquoi ? Parce que fuite, fugue, courbes aux lignes d'horizons infinis. Et puis, là aussi, un mécanicien (d'avion forcément)  à tête de veau, c'est son fourreur. Par ailleurs très conventionnels le gazier : oser un porno au bord de la mer, pas son genre. Pour qui d'abord ? et pourquoi?


    Et puis elle, je la regardais sans la voir mais j'ai retenu, ha oui ! Céline ! Un prénom d'arrière-grand-mère, une voix très aiguë, grave ! Pour le reste : un mystère, si on veut.  Future fonctionnaire de philo, doit vivre sa vie amoureuse aux tréfonds de son âme. Plus tard, ennui, plaisir morbide, relâchement, elle devine !


    J'ai mal agis ce jour-là. C'est venu de ce que j'ai mis le paquet, la pure dose, chauffé au rouge la donzelle, mais par la bande ! pudeur ! Les copains forcément ! elle avait plus comment me le dire...C'est venu de je sais pas quoi... Ni comment... Pourquoi, ça, oui !... On s'est d'abord un peu emmêlés... je dégoisai : te sortir de là, de ta jeunesse, de ta vie, de cette vie, entreprise, entre prendre et surprendre,  tout ça !... Comment tu pourrais comprendre, y a pas de mot et trop de mots pour te le dire.  Trop pas qu'elle me rétorque la perfide!... petite perversion linguistique pour grands bouleversements psychologique... La langue vit et meurt dans les humeurs, les époques...  temps de crocodile, de reptiles, inaccessibles sauriens, des poules, des coqs...Intelligents ! je peux trop pas dire...


    Je commençais à sentir couler le navire, j'entrevoyais bien que les copains me lançaient des regards torves, je les sentais trouer l'alcool et la fumée!... Mais rien à faire, je cause de l'identité sexuelle à Céline...l'homo, la bi, la trans, tout ça c'est des solutions que je dis...Et en sexe que j'ajoute avec l'air d'en avoir deux, il peut pas y avoir de solution... Elle écoute, pose ça dans un petit coin de sa mignonne petite tête...Elle y reviendra pas, elle sait déjà...On passe... Et Houellebecq !... Là on est d'accord, c'est un peu triste... elle vient de lire Plate-forme... Les scènes de cul affligeantes, malaise, froideur, voulue, sans doute... Héros minable, plutôt expiré qu'inspiré !... Le sexe, l'occident, le tourisme, tout ça c'est lié, bien sûr, mais le couple, heureux, là au milieu, c'est quoi ?... Là, tout de suite on y croit... On devrait trop pas ! dire qu'il a tapé dans la fourmilière, remué le sérail littéraire, des banalités!... Ensuite de ça elle élimine Beiguebeder !... trop romantique, trop égoïste et trop riche... il a du fric, ça compte pas, qu'elle dit. Le beguebédé, ça le rend littérairement inaccessible bizarrement, trop de fric, voilà ce qu'elle en dit, et tel te l'éponge d'un revers de cil...


    Ha ! Les yeux si bien cillés de Céline, qui m'abusent me trompent ; et me plongèrent dans les ténèbres, là où rien ne luit, au bout de la nuit.

    Au matin, redevenu aveugle, j'ai repris ma route.







  • Tombe la neige je ne rentre pas ce soir


    Trop de neige je ne sortirai pas avant demain soir. Et oui je suis invité à une soirée demain. A mon âge ça se refuse pas. A n'importe quel âge d'ailleurs. Sauf que là y aura une grasse brochette de belles jeunes filles. Je suis averti, j'ai vu leur photo. De la slave pur sang, et même une casaque (on dit ça pour le Kazakhstan ?)


    Difficile pour moi de résister à la tentation mais je crois que j'ai fini par développer une parade assez efficace. Le truc tout bête pour être sûr de ne pas séduire c'est justement d'avoir l'air de ne vouloir que ça. Il n'y a rien qui refroidit tant une femme qu'un homme qui laisse clairement entendre qu'il ne serait pas contre la chose. Sauf bien sûr s'il ressemble à un acteur qu'elle a.. trop aimé. Grâce à Dieu je ne ressemble à aucun gazier de cette engeance. Mais je ne serais pas surpris d'apprendre que j'ai un sosie à Hollywood. Je crois même que c'est l'avenir ça. Je vois ça d'ici, on aurait tous un clone acteur, pour les autres (clones) on ne les verrait pas. On serait tous collé à des ordis pendant que dehors se tramerait la plus formidable escroquerie jamais imaginée. La disparition de l'individu unique, de l'être humain. La disparition virtuelle aurait lieu et comme toutes les disparitions historiques elle renaitrait sous une autre forme. Les hommes n'auraient plus que la nostalgie de la vie qu'ils auraient sacralisée.


    Ce culte de la vie, très néo-Payen, si répandu par l'espoir innocent, se propageant à la vitesse du sang, ce culte pour la vie est le moyen par lequel les hommes (et plutôt les femmes d'ailleurs) vont en finir avec la vie humaine. Rendre la vie sacrée c'est du domaine de l'idéologie. Ça permet de faire toutes les atrocités qu'on veut avec la vie, et d'abord la liquider. Vous voyez pas ?  Mais dans les faits la vie n'est pas sacrée du tout, y a qu'à observer la nature. Alors qu'est-ce qui peut faire qu'on veuille la rendre sacré cette vie ? quelle idée saugrenue se cache derrière ce désir, ce vœu pieux ? un nom suffit : Narcisse.


    En grattant un peu toutes les femmes finissent par le confesser. Essayez, posez leur la question, qu'est-ce qui est sacré pour toi. Elles commencent par la vie de leurs enfants quand elles en ont, des enfants en général quand elles espèrent en avoir et quand elles ont fait le tour, elles vous disent immanquablement : la vie ! (Moi étant la variante cynique)

    Je sais pas trop pour les mecs mais à mon avis ça doit pas être bien différent vu le nombre d'inavertis. (les invertis mal informés)

    Bon je vais quand même tenter l'expérience demain par acquis de conscience.



  • Amourtitude


    On peut, sans être belle, être longtemps aimable. 
    L'attention, le goût, les soins, la propreté, 
    Un esprit naturel, un air toujours affable, 
    Donnent à la laideur les traits de la beauté.


    S'il y avait une femme pour laquelle je ferais toutes les saloperies possibles et imaginables, avec plaisir, mon objet d'art d'élection, qui me ferait sourire de joie, une femme ridiculement belle, comme toi, non, ne change pas la couleur de tes cheveux, pas si tu m'aimes, tu souris ?

    si tu m'aimes ? très certainement, j'en suis certain ! tellement que je ne m'embarrasse que de ton âme, par délicatesse, une femme capable de penser en homme comme il n'y en a pas deux, capable d'être aussi bête que moi, sans ostentation, s'il y avait une femme comme ça, franchement, je le saurais ; je l'aurais déjà tuée.


    Blague à part, si j'avais reçu un kopeck pour toutes les fois où j'ai cru la trouver, je serais millionnaire en rouble à l'heure où je parle. Il était une fois... et puis c'est tout.

    L'amour, les cyniques en font un muscle dès qu'ils ont compris : il n'est qu'une fois. Que ce soit forcément inaccompli est dans la nature des choses, n'en déplaise aux connes de fée. Reste l'amour de Dieu, le seul parfait en ce qui me concerne (J'ai une relation très saine avec Dieu ; comme tous les charbonniers, je suis très propre).


    L'amour, c'est la confiance totale. Se fier à l'amour de qui que ce soit sur cette terre, c'est se fier à l'amour de tous. C'est se crucifier en somme. Que cet amour nous soit donné une fois, c'est déjà beau. Pourquoi faut-il qu'on s'imagine que ça ne meurt pas?

    L'amour, ça devient une manie à la longue.

    Les filles c'est différent, qu'elles disent je t'aime et ça efface tout. Il est donc juste de ne les aimer qu'une fois... et pas trop longtemps. Supporter ce qu'on a aimé c'est ensevelir un mort nous dit Voltaire. L'amourtuaire.

     


  • Songe d'une nuit d'hiver


    Le passé me revient en rêve. Il y a quelques temps, je me suis retrouvé sur les lieux de ma jeunesse, une petite ville qui s'enorgueillit d'une piscine municipale, olympique. J'avais connu, dans ma prime enfance, l'ancienne piscine. C'était un endroit magnifique, au bord du fleuve, sous les peupliers. En lisant le Voyage de Céline, je suis tombé sur une phrase qui m'a ramené là-bas vers ce là-bas qui n'existe plus, par la seule force des mots: « Du vent, il en venait du tout frais d'en face à travers les grands arbres, tout souriant le vent, se penchant à travers milles feuilles, en rafales douce... » j'ai revu les peupliers, je les ai entendu et en fermant les yeux toute mon enfance m'a parut se cristalliser sur un de ces matins de printemps où nous déjeunions sur l'herbe. Charme du passé, pas de barrière, le grand fleuve glissait silencieux, il n'y avait, vu de la hauteur des mes culottes courtes, que les grands arbres qui bavardaient au-dessus de ma tête.

    Ensuite on a construit la nouvelle piscine, fin d'une époque. Vint les années de lycée et je fus embauché à la cafétéria de la piscine pour aider au service de midi et gagner de quoi m'acheter la 103 Peugeot dont je rêvais. C'était la mobylette d'élection à l'époque. Elles étaient toutes d'un bel orange, le bonheur. Le patron de la cafétéria était un grand type mince d'une trentaine d'année, ancien moniteur de ski qui à force d'économie avait pris la gérance de l'établissement. Son truc c'était les bagnoles et les chiens. Pas de femme, il pratiquait le jogging très quotidiennement. Il régnait une atmosphère assez amicale et on se tutoyait tous. Pour moi, à 15 ans, tutoyer un type de trente ans, c'était grisant. Mais le gars en question restait très attaché à ses intérêts et il ne me fallut pas longtemps pour être dégrisé. Je subis maintes humiliations sans  trop regimber, c'était l'apprentissage de la vie me disait mon père. Le type se voulait très sarcastique en public. En privé, quand nous étions seuls, il versait dans la confidence déloyale. Rien de bien compromettant mais assez pour donner à l'adolescent ignorant que j'étais un sentiment de confiance qui se trouvait bafoué dès les jours suivants par la façon de me commander devant le monde, petit monde en vérité, mais qui rassemblait quelques habitués et comme chacun sait dans une petite ville tout le monde se connait. Mais lui venait de Lyon, le déluré.


    Sa cafétéria de merde, après que j'ai fait le tour du monde, me semble bien minable, mais comme je suis sentimental, j'aimais y revenir de temps en temps. Il y a quelques temps je décidais d'y emmener diner un petit groupe d'une dizaine de personne avec lequel je ne sais trop comment je m'étais greffé. Au moment de payer, la note assez salée fut prise en charge par un de mes potes et à l'aide d'une carte étrangère qui, semblait-il, avait du mal à passer. A peine si je m'angoissais et bien m'en prit puisque finalement la transaction fut accepter. Néanmoins je senti bien que le doute persistait et je ne fis rien pour rassurer le patron. Je pouvais presque le toucher son soupçon. J'ai un gros défaut quand on me soupçonne à tort, je suis orgueilleux et plutôt que d'essayer de calmer le doute j'ai plutôt tendance à l'entretenir. Ce jour-là pourtant je n'en rajoutai pas, ni dans un sens ni dans l'autre. Et nous sommes  partis, notre petite troupe, qui par ailleurs commençait à se déliter. Tant et si bien que nous n'étions plus que trois dans la rue quand soudain une sorte de jeep vint se planter devant nous après un dérapage assez bien contrôlé. Stupeur, voilà qu'au volant se trouve notre restaurateur et qu'il est accompagné d'un grand type jeune et costaud.


    Comprenant illico que le soupçon avait fait son chemin délétère dans l'esprit du bougnat et voulant prévenir toute agression, je fonds sur le jeune type et le tutoyant je lui demande son nom d'une voix bien assurée. Le type se trouble et me donne son nom complet : Philippe Gérard. Et bien monsieur Gérard, lui dis-je, vous feriez mieux de ne pas vous en mêler et si vous touchez à un seul des mes amis je vous... et là il se passe une chose qui n'arrive que dans les rêves, je me mets à balbutier d'une manière totalement incohérente. Comme quand vous cherchez à frapper quelqu'un et que votre bras pèse une tonne. Rien à faire, il faut se réveiller. C'est ce que j'ai fait, ce matin à quatre heures.







  • Des révélations


    En lisant l'Apocalypse je tombe sur une curiosité.  Voici une madame écrivain évangéliste qui lutte contre l'Esprit de Jezabel. Diantre ! me dis-je, on se bat dans la même catégorie. Et de cliquer au but. Son nom est charmant, d'Astier de la Vigerie, probablement de l'hostie de la vierge à l'origine, sous les croisés, en revanche, la photo m'a un poil refroidi. J'ai lu un peu, mon Dieu, que dire ? c'est évangélisateur en diable, si j'ose dire. Je savais pas que ça existait ce métier, oui, en Amérique, mais là-bas c'est pas pour de vrai, c'est que pour l'argent. Michelle de son petit nom est un écrivain! ancienne journaliste!! publicitaire !!! chef d'entreprise !!!! et enfin but not least, attachée au cabinet de Cresson ! Ça fait un peu blague de mauvais goût dit comme ça. Mais je crois pas que ce soit le genre de la maison le maudit cresson. Tout ça tient dans un petit encart de rien du tout. On est peu de chose.


    En rodant chez les bloggeurs j'en ai trouvé une de Jézabel. Une célimène, brillante et impertinente à l'écrit et qui sans doute, comme ça m'arrive, ne se reconnait pas toujours dans ce qu'elle écrit, emporté par l'enthousiasme. Comme je te comprends Glycérine. C'est tentant de faire la pute. On s'offre comme ça, apparemment nu, apparemment caché, apparemment protégé. Et puis d'un coup vient la révélation. On se découvre soudain dans toute la vérité de sa perversion sexuelle. Et ce qui est dit est dit.


    Quand on nait femme par la grâce de Dieu, on peut toujours remettre la faute sur Adam, c'est ce que nous dit madame de L'hostie de la vierge pour nous dire tout le mal qu'elle pense de la psychologie moderne. Et que sa responsabilité, Adam, il l'aurait reporté sur Eve, et elle sur le serpent, et patati et patata. Mettons qu'on ne voit pas bien l'intérêt puisque ça consiste à accuser celui qui accuse précisément du même mal. Bien, mais que l'homme soit responsable de la femme, je veux bien, encore faut-il qu'il s'en donne les moyens. Or si de nos jours les hommes n'ont pas le temps d'étudier correctement le monde pour pouvoir le diriger c'est bien parce qu'ils le passent à satisfaire ces dames. Qui en échange passent tout le leur à commander ces messieurs ! so vicious !


    L'excuse de Célimène, du temps de Molière, c'était la jeunesse. Jézabel n'a pas cette excuse. Anticipant la question de l'âge, pour paraphraser la bible, on pourrait dire que Célimène devient Jézabel quand elle ne peut plus se passer de Lait et de miel. Quand, aux douleurs de l'accouchement, elle préfère les douceurs de la séduction.

    Hélas la tentation est grande de reprendre un peu de miel après les couches et comme rien ne l'empêche vraiment. J'ai l'impression que la plupart des mères depuis pas mal de temps sont des Jezabel en puissance. En puissance ? oui, virtuellement en somme.


    Voilà pour les deux révélations de la semaine.


    Autre révélation :  ha oui j'ai vu 2012, par pure amitié, et puis dans une langue inconnue (de moi), un peu comme la messe en latin. C'est un peu mieux quand on comprend pas. Malgré tout, un film catastrophe comme tant d'autre.

    L'apocalypse vu par Hollywood, pas vraiment une révélation.


  • Comme on connait ses seins...


    Tatiana est une jeune et splendide créature rousse qui a tout pour réussir dans le monde d'aujourd'hui. Tout et même trop. En effet, Tatiana possède un cerveau et un cœur, comme bien des femmes, mais elle a quelque chose dont les autres semblent complètement dépourvues : une âme. Tatiana est croyante. Elle croit au Dieu de la bible, à Jésus Christ et au Saint Esprit. Mais elle connait aussi très bien Marx. Cependant elle a deux points forts qui lui permettent de faire oublier ces tares à n'importe quel athée capitaliste. Et elle a décidé de s'en servir.


    Ayant remarqué que la pornographie était une industrie florissante qui piétinait à la fois la dignité humaine et les saintes écritures, elle veut offrir sa pudeur aux désespérés. Elle a eu l'idée d'une campagne de publicité, pas moins. Elle veut poser à demi nue pour dénoncer à la fois le business du lucre et la faim dans le monde. Elle hésite sur le slogan.


    Comme je sèche un peu, elle propose de me montrer ses arguments. Difficile de refuser sans la vexer. Je dois avouer que ses deux obus ont de quoi faire un sacré cratère dans la forteresse ennemie. Ces deux produits du travail de la nature qu'elle attribue à Dieu, et, vu leur perfection, on en doute pas, elle pense qu'elle n'a strictement rien fait pour les mériter. C'est pourquoi elle est prête à les offrir de bon cœur à la vue du monde entier et au détriment de sa pudeur. Il y a là évidemment une contradiction entre sa foi et sa conscience.


    Comme je dois avoir l'air un peu perplexe (sa foi et sa conscience!), elle me lance un mot: chrématistique! me voilà obligé de sortir mon dictionnaire. Je pense d'abord au chrême, l'huile consacrée des chrétiens mais pas du tout. Elle m'explique de bon cœur quand nous comprenons que Robert ignore superbement le mot : c'est le contraire de l'économie, me dit-elle après avoir remballé ses armes de destruction massives (ouf, ma perplexité était à bout). Selon Aristote la chrématistique commerciale substitue l'argent aux biens ; l'usure crée de l'argent à partir de l'argent ; le marchand ne produit rien : en l'absence de règles strictes visant leurs activités et d'un contrôle de la communauté dans son ensemble, tous sont condamnables d'un point de vue politique, éthique et philosophique. D'ailleurs, Karl Marx, dans des pages fameuses du Capital reprend l'analyse des conséquences sur les personnes de ce qu'il nomme auris sacra fames (maudite soif de l'or) du nom latin donné à cette passion dévorante de l'argent pour l'argent, c'est-à-dire de la chrématistique commerciale instaurée par ceux qu'il appelle « les économistes ».

    Je sens que la nuit va être longue à devenir demain.


    J'ai bien quelques idées  mais elles me paraissent toutes en deçà du formidable objectif de Tatiana et je n'ose lui en faire part. Et puis, je ne suis pas publicitaire, loin s'en faut ! Ce qu'il y a de bien avec toi, me dit-elle, c'est que tu n'as encore rien fait. Je me garde de lui dire qu'il ne faudrait pas en abuser. L'argent est la putain universelle me dit-elle, le fétiche par excellence. Il exprime le lien social sous la forme d'une abstraction. Les gens s'imaginent que la valeur est dans les objets, que le salaire est le prix du travail et que l'argent fait des petits comme le pommier donne des pommes. C'est une aliénation pure et simple. Je veux offrir mon corps au salut de l'humanité.


    Des images de crucifixion commencent à me défiler dans le cerveau. Pour les clous, je pense qu'il faudrait faire ça au piercing histoire de remettre les choses à leur place.

    A part ça,  je crois que l'image de Tatiana sur la croix en monokini devrait se suffire à elle-même.


    Juste avant de sombrer, comme a propos, de sa douce voix d'enfant elle me récite l'apocalypse:

    "Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, et le soleil ne les frappera point, ni aucune chaleur. Car l'agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux."

    Dehors il neige et je pense aux douze tribus, ces cent quarante quatre mille dont les robes sont blanchies par le sang de l'agneau. Aucune chaleur ne les frappera. Pas même le réchauffement climatique !

    Mais la chaleur de Tatiana ?

    "Il n'est si petit saint qui ne veuille sa chandelle."


  • Attention, rêveur!


    Une erreur d'attention m'a fait lire  Obama REFUSE le prix Nobel, un court instant, pendant lequel je me suis dit pas mal de choses, sous la forme rapide et fuyante que peut prendre la pensée en cette sorte d'occasion. Il me fallut trois ou quatre secondes pour corriger mon erreur et lire  RECOIT le prix Nobel de l'info avec un coup au cœur. J'allais justement dire un mot sur Alceste, le misanthrope de Molière. Je viens de lire la pièce, mieux vaut tard que jamais. Je me demande si Molière a choisi ce prénom de ce que par son suffixe il renvoie à l'altruisme (excusez la syntaxe, mais Molière en est la cause, qu'on ne peut fréquenter sans en prendre incontinent les syntaxiques apprêts).

    Comment ai-je pu concevoir, même pendant quelques secondes, qu'un président américain soit assez honnête homme pour refuser un prix, qu'au vu du peu de ses performances, après un an à peine de fonction, il ne mérite guère. Il eût fallu seulement justifier ce refus d'une agréable façon à se mettre toute entière la planète de son côté. Que c'eût été facile de faire le modeste et comme le bon sens qui anime les peuples en eût été flatté. (c'est d'ailleurs ce qu'il a fait, le modeste, mais en hypocrite puisqu'il a quand même accepté le prix et l'argent, un million d'euros, c'est presque pile ce qui aurait comblé mon découvert bancaire) De plus il eût rassuré son peuple en lui faisant entendre que le juger si tôt et si positivement augurait plutôt mal d'une politique à long terme, qu'il faut toujours faire et qu'on doit imposer, avec beaucoup de temps et de difficultés, à des électeurs dont le bon sens, hélas, est aussi naturel qu'ils trouvent naturel de l'oublier. On le trouverait un peu ridicule, le président, en honnête Alceste, à dire la vérité, quoi qu'il en coûte. L'Opinion Publique est assez Célimène. Médisante et impertinente, sa jeunesse n'explique pas tout. Ses charmes et ses appâts, le nombre surtout, la rendent invulnérable, inattaquable, inévitable, depuis que c'est la règle, dans nos états modernes, qu'elle ne dévoile qu'en isoloir ses préférences. Une et légion, elle est, en même temps.  Ni la sage et probe Eliante, ni même Arsinoé la déchue, l'Opinion publique, c'est la belle et perfide Célimène. La femme d'aujourd'hui, le diable d'hier. Dans ce cas, Obama a raison de jouer le jeu, car la rouée ne veut voir que faiblesse chez Alceste et pourrait bien, pour éprouver son amant, lui demander des gages bien plus compromettants indignes d'un puissant. Donc Obama joue les Philinte.  Et pourtant l'intention flatteuse crève les yeux de la part des Nobel. Nul doute qu'ils doivent se justifier à penser qu'il est normal d'encourager l'homme le plus puissant de la planète. Ces vikings sont des lèche-bottes invétérés.

    Il y a deux américains sur trois qui pensent que leur président aurait dû refuser. Etonnant non ?

    Si un mulâtre peut devenir Alceste, je peux bien être Luther King, une pincée d'humanisme, un zeste d'honnêteté !

    Alors, plutôt qu'une erreur d'attention, disons que j'ai eu un rêve : pendant trois secondes le roi du monde était Alceste. Combien de vies sauvées en trois secondes ?


  • De la lecture au lit

    Je suis alité depuis trois jours. Un lumbago. Tout ce que je peux faire c'est lire. Ainsi je ne perds pas complètement mon temps. Aujourd'hui j'arrive à me trainer jusqu'à l'ordi pour expédier les affaires courantes. J'en profite pour poster ce petit mot. Lu une bio de Bloy par le sulfureux Bardèche, un roman de Graham Green, des extraits de Shakespeare en édition bilingue, L'Ecole des femmes de Molière. J'espère être sur pied bientôt.

  • Les cabots !


    Lorsqu'un type comme Jacques Weber ajoute qu'il ne veut pas « museler ses émotions » quand il dit aimer Diams ou Joey Star, on sait que le théâtre n'apporte rien à la bêtise, il se contente de l'héberger sur scène. Le problème des acteurs c'est qu'ils ne sont pas toujours à la hauteur des personnages question esprit. La somme de ceux qu'ils incarnent est loin d'être mathématique. Ça forme au contraire un ensemble difforme. Ça difforme comme dit le grand rabbin. Certains ne comprennent même pas que leur engeance ait pu être rejetée  par l'église. Quand ils le savent ! âmes égarées...

    Citer une beurette à la margarine et une espèce de mulâtre franchouillard à gueule de bouledogue anglais pour dire ainsi qu'il prend des risques est aussi infect pour les intéressés que pour Jacques Weber. Mais ni lui ni eux n'auront l'heur de le savoir et je gage qu'ils se toucheraient volontiers la paluche, entre esclaves aristo-agnostico-athéo-laïc parvenus de gauche, si ce n'est déjà fait...Ouais môssieur, les pourris de droite et leurs flics on les en... ! Avec sa gueule de rottweiler, le mâtin Weber file même la métaphore canine comme une maquerelle file son tapin. Je ne suis pas cabot dit-il ! avec, je lui suppose, un aboiement discret (ouarf) et le coup d'œil en coulisse pour la connivence.

    Ces gars-là me font marrer quand j'y pense. Moins quand je les vois. J'ai dû voir Weber dans un petit théâtre à coté de la plus vieille abbaye de France ET de Navarre. Cluny, mille ans d'histoire pour en arriver à regarder un singe en imitant un autre. Weber faisait Flaubert, seul en scène. (*)

    Le Joey star, l'ai vu à la télé comme tout le monde, enfin ses dents surtout. Ce qu'il susurre à travers ses ratiches en jonc, je vois bien que c'est du cynique dans le meilleur des cas. Ha la police ! -- Pourtant, monsieur Etoile, il y avait moins de flic du temps des rois. C'est prouvé. Ha, l'amour d'un peuple pour son Roi ! Les peuples sont très femmes voyez-vous ; tenez, les Russes avec Staline ! mais c'est pas comparable avec l'amour de l'esclave pour un maitre sorte d'hydre à mille tête et sa police antiémeute, l'Etat, à qui vous refilez une partie du blé que vous volez aux couillons qui achètent vos disques, ce me semble. (j'enfile prestement mon protège-coup-de-boule anti chacal)

    Oserais-je lui dire que c'est l'amour d'une femme pour LES hommes, l'amour de la chair ! L'autre était un amour fondé sur des principes de bon sens. Un amour plus viril certes et moins vociférateur au fond. Et d'abord le sens de l'obéissance qui est si difficile à faire entrer dans le cerveau des innocents et des femmes. Qui les font piailler quand les conséquences de leurs actes les trainent à la caisse ! L'innocence se paye très cher, c'est bien pour ça qu'on la protège tant, et si bien, au point de l'élever en culte. Pour que des chacals déguisés en curé déguisés en chacals déguisés en curés ad numeram puissent en exprimer le doux nectar, et le transformer en nombre à sept chiffres sur un compte en banque ?


    Autant parler à mes chats.

    Je dirais bien un autre truc sur Soulage mais quelque chose me dit...

    Allez, un peu de retenue ne peut pas faire de mal en l'occurrence. Oui, enfin, je crois.



    * ici git une parenthèse interminable induite par l'évocation de ce souvenir vieux de dix ou quinze ans. Et de la femme qui l'orne comme un diamant sur la photo ! Dès lors je comprends pourquoi les collectionneurs. C'est pour se désencombrer l'âme qu'ils la répandent avec minutie sur les objets. Ce qu'il en reste de comptable, de cette âme, les rangent et les ordonnent. Et de me croire le maître de mon âme ainsi rangée. (comme Hitler et ses collections de petits soldats bien alignés ?) Mais fique de ces fantaisies, il faut œuvrer à la gloire de Dieu et laisser à ce dernier le délicat pouvoir de trier parmi nos immondices accumulés.

    La littérature du souvenir est abominablement femelle. Mon Dieu, délivrez-moi de la tentation.

    Et puis j'ai des lectures importantes à faire dont je suppute qu'elles vont me démuseler les émotions comme dirait l'autre.

     



  • Morceau choisi


    Si j'm'écouterais je serais malade. Une façon comme une autre de retomber en enfance. Les enfants adorent le conditionnel, ils en mettent partout. C'est le mode de la virtualité. Plus accessible que le subjonctif. De fait je viens de me taper sur dvd un film au conditionnel. L'histoire d'un type qui chercherait un autre type qui serait lui-même. Un vieux corbeau pourtant ce Corneau. Avec une voix à la jean Pierre Marielle et une gueule de John Wayne (je l'ai côtoyé un peu). Mais son film, oh misère. Les dialogues sont tellement profonds qu'on entend pas quand ça touche le fond. Ça disparait, avalé, oublié. Ça passe, ça fait du bruit dans les oreilles, et on attend, savoir... et non, y a plus rien. Qu'un autre bruit, toujours différent selon la  théorie du fleuve qui charrie jamais deux fois la même eau... glou glou. Voilà, un gargouillis, c'est à ça que ça fait penser. Au prix du mètre de pelloche ! Le cinéma, quelle couillonnade quand il se veut intelligent. Et là, y a pas cinéma et cinéma, y en a qu'un. C'est La façon, La manière, La technique ! Un peu ce que le jazz est à la musique, le cinéma l'est à tous les autres arts. Ce serait juste une manière de traiter la peinture, la musique, le théâtre surtout, la littérature, un peu. C'est d'ailleurs ce qu'il traite le plus mal. L'archi pour le montage, et que je te coupe, te fondu, te remodèle, retour, avance, en avant, en arrière, un vrai corbeau de l'Arche de Noé, sculpture, suture, triture, et le monument filmique est là, arrogant comme une érection matinale !

     

    Un vrai déluge de cliché. « Méfiez-vous des morceaux choisis » dit un des personnages, photographe de métier. Elle a fait un cliché d'un enfant souriant et elle explique que sur un autre cliché pris d'un peu plus loin on voit que l'enfant est train de se faire fusiller. On apprend qu'il est mort une seconde après la photo. Tragique réflexion que ce méfiez-vous des morceaux choisis. Mais stupide au cinéma qui n'est que morceaux choisis, y compris pour la musique qui a failli m'endormir plusieurs fois. Effet de miroir, mise en abime, quand le cinéma parle de cinéma, c'est à mourir d'ennui. Et l'enfant bien sûr qui sert à le justifier, bien pratique les enfants pour ça. Alors que le cinéma lobotomise des milliers d'enfants chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour, 365 jours par ans depuis quelques générations.

    Impossible d'imaginer la vie sans cinéma, et impossible de vivre sa vie sans la cinématiser. L'instrument du diable par excellence.


    L'autre jour à l'institut, une charmante jeune femme m'interloque par sa beauté slave et ses yeux d'émeraude. Je m'arrange pour qu'elle m'interpelle en feuilletant, non loin, une revue d'histoire. Elle cherche un film hélas. Or les films de l'institut, je les ai tous vu. Sur une île j'en emporterais qu'un, au hasard : ils se valent tous. Je lui ai quand même conseillé un drame, mais chose bête, je n'ai pas trouvé d'autre mot que thriller. Un truc qui pulse, je crois même que j'ai dit !  misère, on peut pas dire que le cinéma m'inspire. Le film en question est pas le plus mauvais que j'ai vu. J'avais flairé un scénariste. Un type du genre mon pote B* qui fait des trucs pour des frappés de la télé... marrant mais leur nom m'échappe. B* est un scénariste né. Il sait raconter une histoire. Chez lui c'est un art, on le sent ; c'est un couillu. (ha oui le petit gros à tête d'hareng qui fait dredi, ça va me revenir par bribe je sens) (le faux journal ?)


    Balzac était aussi un grand conteur dans le privé. Le point crucial dans une histoire c'est la chute. D'ailleurs ceux qui ne savent pas raconter ne se rappelle jamais la chute, c'est une preuve. Il faudrait même commencer par la fin selon les meilleurs, je veux dire quand on fabrique l'histoire. Partir de la fin et remonter le temps, jusqu'à son début, c'est-à-dire jusqu'au moment ou les faits n'auront plus rien à voir avec la chute. Ce qui fait qu'en théorie, si on accorde à Dieu le privilège d'être le créateur du monde, et donc de cette théorie-là (Théo =Dieu en grec) la chute lui est connue. Voir l'Apocalypse de Jean. C'est de là que vient ce chiffre dont il dit que c'est un nombre d'homme, trois fois six, trois fois le chiffre du temps, six, le chiffre de Chronos, saturne. Trois vies pour les corbeaux dit Shakespeare.

    Dans une histoire c'est la maitrise du temps qui fait presque tout, du début jusqu'à la fin. Le temps en littérature chez un Proust n'est pas celui d'un Balzac, oh que non ! Le temps est pour certains hommes l'ennemi héréditaire. Pour Dieu, comme pour ceux qui le suivent, dont Balzac est un fleuron, le temps n'est qu'un outil, au service de l'histoire.


    Du coup je sais plus si c'est ce film qui m'a mis malade ou mon état fébrile qui me l'a rendu indigeste. Le temps de me soigner  et je l'aurai oublié.

    Difficile de parler du temps sans aborder la mémoire.

    Mais que je vous lâche le morceau, j'ai complètement oublié ce que je voulais dire...



  • Chanter ou dessiner, that is the question!

     

    Je suis convaincu que la musique est d'un accès plus facile que le dessin, que ce n'est pas la même sorte ni le même niveau d'intelligence requis pour ces deux arts.

    Il m'en a paru ainsi depuis que le caractère envoutant d'un simple accord de La majeur à la guitare m'a amené à découvrir la complexité rébarbative des accords de neuvième, onzième voire treizième. Le niveau de complexité était plus abordable que celui nécessaire pour dessiner (sans regarder la main !) un visage ressemblant. Je peinais laborieusement vers 19 ans à faire un médiocre portrait d'une splendide créature que j'honorais tout aussi médiocrement pour le coup. Comme je n'ai eu aucune formation sérieuse, ne parlons pas d'initiation, j'ai laissé tombé beaucoup trop tôt. A 14 ans, l'âge où les sens nous éloignent parfois de nos véritables voies, la guitare et les chansons était un moyen hélas trop efficace pour exercer mon appétit pour la beauté et peut-être accessoirement goûter la chère étrangeté de ces créatures proches et éloignées qu'étaient les filles... la chair ! Après tout, me disais-je, contempler, toucher, caresser, sentir et goûter, quand on a aucun principe religieux et que c'est permis... errance sensuelles de nos générations, facilités diaboliques et perverses et pourtant si naturelles aux yeux de nos parents, ces enfants de l'après guerre, conquis par de pseudo luttes de libération, enfants d'une religion qu'ils n'avaient même pas appris à connaitre et dont ils n'avaient au demeurant jamais souffert et que pourtant il repoussaient avec dédain. A peine la frustration de la majorité à 21 ans que dû subir ma mère et qu'elle contourna admirablement en s'aidant de la maternité, plus ou moins volontairement d'ailleurs et qui de fait, en passant à dix huit ans lui procura aussi l'avantage de se débarrasser de sa progéniture beaucoup plus tôt ; bref un petit calcul qui eut de grosses conséquences, comme toujours avec les femmes. Auxquelles en passant on ne devrait jamais laisser l'éducation des fils, mais ça va de soi. Depuis, je suis pour la majorité à soixante dix ans, voire carrément à la mort des parents ou alors à 14 ans merde !

    Bref, voilà comment je suis passé du dessin à la musique, soumis à la tentation par ma propre mère qui montra un grand désir d'avoir un fils jouant de la guitare et qui de ce fait ne put empêcher qu'il attrapât le virus du chanteur de charme à la guitare. (jamais su pour qui elle en pinçait, de ces gratteurs de mandoline !)

     

    Mais je saisis encore mal l'antagonisme entre les deux. Il y a pourtant une sorte d'état méditatif qu'ils partagent. Et d'ailleurs les chants sacrés n'invitent-ils pas à la communion ? C'est d'ailleurs plutôt le chant qui m'attire dans la musique que la musique elle-même. Je suis un piètre soliste à la guitare mais j'aime chanter à la folie. Les mélodies italiennes ou espagnoles syncopées par le jazz de Brassens, que lui-même ne chante pas vraiment d'ailleurs, par amour de la phrase, suivant Baudelaire en cela que la musique est déjà dans les mots, d'où les tentatives de ce dernier de poèmes en prose, qui, au passage, se prêteraient diaboliquement à la musique de film. D'où aussi le fait que Brassens qui avait bien entendu Baudelaire n'aie jamais musicalisé aucun de ses poèmes malgré le grand nombre de poète qu'il a cuisiné au jazz.

    Quand je chante je ressens un peu de la ferveur divine, je redeviens un enfant de chœur et je me fonds dans les limbes. Les Tahitiens que j'ai un peu fréquenté ont la même folie. Peuples d'enfants gâtés par le climat ils chantent plus souvent qu'ils ne réfléchissent, et moi,  j'étais, en apparence, un enfant gâté du siècle. Je pouvais encore espérer ne rien faire de ma vie, juste chanter et aimer. Toute l'histoire de l'humanité n'avait été qu'un immense effort pour que je puisse moi, enfant du progrès, on me le bassinait assez, vivre d'amour et d'eau fraîche. Je n'entendais pas les silences des orgues peu orthodoxes de Staline mais le bruit Pop Rock Jazz de la liesse protestante et arrogante.

     

    Mais le silence ! Celui qui accompagne le dessin est-il vraiment un silence ?

    Difficile à dire. On touche au recueillement, plus passif et plus actif à la fois.

    La voix de l'entente est ouverte.

    Est-ce un malin plaisir que de chercher une balance. Non pas mathématique mais une sorte de miroir. Le dessin est l'activité dans la passivité tandis que la musique est la passivité dans l'activité.

    Dans son active et hystérique façon de faire du bruit la musique rend passif à la réflexion et invite à la rêverie qu'on peut signaler comme étant hasardeuse. Elle encourage presque matériellement ces errements de l'esprit.

     

    Et à mon corps défendant je dois admettre que depuis que j'ai repris le dessin et que je me fredonne Brassens pour les mots,  j'ai des illuminations plutôt positives dans la portée des paroles.  Le miroir ici n'est pas révélateur de symétrie. Il faut admettre une supériorité intellectuelle à l'art pictural dans le sens où il ne mobilise que l'œil et laisse l'esprit ouvert à une réflexion plus profonde sur la beauté et la vérité. Je suis volontiers la pensée de Balzac pour qui la beauté est dans la vérité bien habillée.

    Le dessin pourrait être un art de la jeunesse propre à l'édifier au beau, tandis que la musique pourrait enchanter l'enfance et la sénilité pour son divertissement.  J'en veux d'ailleurs pour preuve l'engouement du gogo infantilisé d'aujourd'hui pour la musique industrielle et toute la structure marchande capitaliste qui va avec, depuis les chiottes de gare et  jusque dans les ascenseurs qui mènent au  sommet de l'état. Certes il y a musique et musique encore une fois, mais celle que nous subissons, fût-elle sacrée, n'ayant aucun lieu pour se produire en vient à se répandre de toute part au lieu d'y résonner entourée d'une pompe religieuse propre à tirer des larmes à un castor. La musique d'orgues entendu dans la cathédrale de Senlis eut jadis le pouvoir de me faire consentir à la paternité ce qui n'est pas peu dire. Peut-être qu'une chanson des Beatles ou des Rolling Stones m'y fit renoncer. Le hasard ! J'ose espérer que non.

     

    Je suis bien placé pour savoir qu'il faut se méfier de la musique, ne serait-ce que par la promiscuité féminine qu'elle engendre, au hasard de l'humeur qui suivent les notes et la passivité intellectuelle qu'elle suscite chez les peuples. Peut-être que concevant Dieu comme une puissance et un principe, les Juifs comme les Allemands ont pu adorer la musique à l'excès dans leur naïveté, leur impossibilité, à comprendre un Dieu de miséricorde et de charité.  De là à dire que le dessin intelligent, celui des peintres de la Renaissance, est au contraire destructeur du hasard ; on en vient très vite à partager l'opinion de Bernanos, et même au-delà, que le hasard est le dieu des imbéciles ; destructeur aussi de la thèse de Freud, très proche de celle de saint Augustin.

     

    Dessinez-moi un lapin et je vous tire le portrait !

     

  • Chute de morale


    Vous connaissez pas  la fable du chat et de la pie ? Voyons !

    Tous les jours, depuis une semaine, mon chat, que j'ai appelé Barthélemy parce qu'il m'a débarrassé en une nuit d'une flopée de souris qui prenait ma maison pour un repère de protestants, et que j'appelle Gaston en souvenir d'un autre chat noir, une autre histoire, une autre femme, voire Pirate comme l'a baptisé d'une façon très orthodoxe un pote, se prend de bec dès l'aurore avec une pie que je suppose être la même (Comme on a tôt fait de s'abuser !).  Mais qu'importe, lui, c'est toujours le même Bartox. Le voilà s'allant percher sur le noyer, qui est en fait trois noyers en bouquet, voyez, un noyer isocèle, si vous voulez. Je dis pas ça pour faire un mauvais jeu de mot du genre le chat prend la tangente quant la Pi le cerne, non, je dis ça parce que si vous pouviez le voir cet arbre, c'est ce qui le caractérise. D'ailleurs il mériterait de figurer dans la fable. Alors bien entendu, si je dis la fable du chat, de la pie et des trois noyers qui n'en font qu'un, ça devient un peu confus... et un peu long.

    Bref, Raminagrobis, sur une branche tapi, à bonne hauteur du sol, guignait en lorgnant cette pie. C'était le genre qu'on a illico envie d'appeler madame, allez savoir pourquoi. Elle lui tourne autour, et de le narguer, l'impression qu'elle donne. Et que ça criasse, et que ça jacasse, et que ça claque du bec, que ça sautille, que ça nous lasse !  Elle va même parfois jusqu'à le frôler le pervers animal. Lui, ne bronche pas, mais gageons qu'il  doit penser, sans beaucoup philosopher, au parfait petit déjeuner et au calme qu'elle lui inspire.

    Dame pie, c'est courant chez cette engeance, brille plutôt par la prudence et demeure à défiante distance. Notre matois greffier, son corps de Baguera ramassé, semble avoir la tête posée sur pivot comme pour l'apostropher.

    Et que ça discute le bout de gras sur le noyer à trois troncs. (Quoi que ce soit peut-être sur le pommier qui lui fait pendant, à bonne distance pour y mettre mon hamac, et qui lui aussi, mais plus décidément, a un tronc qui se sépare en trois branches maîtresses, mais à un mètre du sol. Ce qui fait qu'on peut supposer en ce qui le concerne qu'il ne s'agit que d'un seul individu. On dit ça, je crois,  pour un arbre, individu, indivisible ? Faudra que je songe à plonger dans la trinité de l'indivis. Vous savez, celui qu'on est, celui qu'on croit être et celui qu'on voudrait être, ce genre de fariboles qui rend les shampooineuses humides et les assistantes sociales.)

    Mais c'est surtout elle qui fait les frais de la conversation. Lui la laisse jacter.

    Ce qu'elle lui dit ? Sûrement qu'elle lui dispute le territoire, les animaux ça s'entend bien sur ce genre de chose.

    Je l'admire mon Gaston pour son stoïcisme à la fin. A sa place j'aurais foutu le camp depuis longtemps. Quand même j'aurais eu l'espoir de croquer la belle.

    La vie est souvent une histoire de patience. Tous ceux dont on voudrait venger les offenses ne finissent-ils pas par vieillir, souffrir et mourir ? Patience et longueur de temps, disait Lafontaine, il avait pas tort. Gaston a fini par disparaitre dans la nature mais ce jour-là c'est la pie qui a lâché l'affaire. Et tous les jours d'après. Bon débarras.

    La morale ? ça tombe sous le sens : c'est la chute ! l'éternel féminin c'est long... surtout à la fin.


  • Sans titre...

     

    « C'est sans doute un terrible avantage de n'avoir rien fait, mais il ne faut pas en abuser. »
    Rivarol

     

    J'atteins à l'âge où je n'envisage pas de carrière littéraire. Ceux d'entre vous qui savent lire pigeront d'emblée que c'est une grosse galéjade. Pourtant, mis à part peut-être un certain confort matériel, dont je suis loin de disposer au regard des critères les plus répandus, essentiellement féminin par ailleurs, (eau courante, douche avec mélangeur, l'évier, les toilettes parfumées etc. pourtant la cabane au fond du jardin quelle poésie ! ) bref, à l'exception de quelques maigres avantages d'aisance qu'il pourrait m'en échoir, je vois pas comment je pourrais supporter la nuisance élogieuse, en un mot la publicité, faite autour de ma modeste personne. (je ne parle pas de mon travail qui est pour ainsi dire consubstantiel de ma personne) Nuisance inévitable de nos jours, et que tout le monde connait parfaitement en s'imaginant à tort que c'est agréable alors que de l'aveu même des intéressés, quand ils ne sont pas idiots, c'est un chemin de croix permanent. Ce que tout un chacun croit envier n'est en fait qu'une condition complètement inhumaine, dans tous les sens du mot, une condition de demi-dieu et de demi-esclave. Une condition semi-aristocratique. Mais rien à voir avec l'autre aristocratie qui était quand même toute de probité et d'excellence catholique, quand elle ne faillait pas à l'être. Aujourd'hui cette aristocrate qu'est l'artiste est un esclave rampant. C'est fiente à pingouins et compagnie, perclus de suffisance insoutenable, un ramassis d'ancien pauvres devenus par la magie de l'imprimerie ou la grâce d'une caméra enregistreuse d'image et un vulgaire câble des sortes de derniers hommes nitchéens surpayés surglorifiés, sursucés, baudruches surgonflées complètement ravagés par leur vanité de grenouille abjectes et bovine auxquels il doit falloir botter le cul à longueur de temps comme à des veaux pour qu'ils arrivent à répéter tous, inlassablement, le même discours de gagnant du loto.

     

    J'ai jamais aimé le loto. Depuis l'âge de douze ans, mettons quinze, je trouve ce procédé immonde. Autant je peux comprendre que ça tombe par la grâce de Dieu car alors comme le dit St Paul, je sais plus trop où, que c'est un miroir que nous propose Dieu. Comprendre qu'il s'agit de voir l'inverse de ce qui est ; qu'on donne quand on croit prendre ; qu'il nous est retranché quand on croit recevoir, etc. le cerveau gauche ne fait-il pas travailler la main droite ? et quand je vous regarde mon œil droit n'est-il pas en face de votre œil gauche ?

    Or donc, je suis enclin à croire qu'il n'y a pas de hasard et que ce qui nous arrive en bien comme en mal est le fruit d'une volonté supérieure et miséricordieuse quoique intraitable. Ça peut paraitre en opposition mais un coup d'œil rapide montre qu'une  miséricorde qui ne serait pas fondée en intransigeance deviendrait rapidement  aussi peu efficace qu'une casserole à trou. Dans le meilleur des cas, une passoire à nouille. Cette croyance est d'ailleurs plus près du savoir que ne l'est le savoir qui ne croit pas. je sais que je crois quand le savant croit qu'il sait. Et le miroir de saint Paul de réfléchir encore. Pas besoin d'avoir fait science po pour comprendre ça.

     

    Certains riches toujours animés de l'envie de l'être peuvent-ils seulement comprendre les déboires  de ceux qui ont oublié, ou n'ont jamais su, ce que c'est que d'être pauvre. Pour ces riches-là le calvaire est permanent. Dieu l'a voulu ainsi. Quelles tristes fautes payent-ils ? la faute commune ? Balzac disait qu'à l'origine de toute fortune il y a un crime. Il ne plaisantait pas. Ceux que la fortune a choyés le découvrent tôt ou tard.

    Et je trouve qu'il a bien fait de le dire, même si c'est le génie de Dieu qui s'exprime en Honoré le bien nommé. J'aurais perdu un temps précieux dans ma quête du Graal si je n'avais pas saisi ça.  Car la richesse matérielle ou intellectuelle n'est en rien comparable à celle de l'esprit. Je connais un tas de gens intelligents qui n'ont pas le moindre esprit. A commencer par moi. Mais moi je ne suis pas très intelligent, ça laisse un peu de place pour l'esprit.

     

    Autant, donc, à la grâce de Dieu, autant je ne supporte pas l'idée de hasard, totalement absurde et injuste, inhumaine pour ainsi dire. Dieu fait parfaitement ce qu'il fait et si je dois n'offrir qu'à une seule âme une chance de salut, au vu de l'éternelle reconnaissance que ça me vaudra, je demeurerais, à mes yeux en tous cas, l'homme le plus riche du monde. Dussé-je pour cela entrer en lice comme on ne dit plus. Ça ne se fera donc pas du tout par hasard.

     

    La plupart du temps, je lis et écoute avec patience les gens d'esprit, avec bonheur et même parfois avec une peine immense quand ils atteignent au sublime, à savoir quand j'arrive à percevoir ce sublime. Joie aussi,  quand même !  gratitude, et même compassion voire douleur extrême devant leur sacrifice qui m'est alors aussi directement destiné. Mais devenir le berger à ces hauteurs-là est totalement hors de mon pouvoir. Je crois en concevoir tous les dangers et une certaine lâcheté me bride. La paresse héritée de ma mère peut-être. La concupiscence héritée de mon père ? (Combien de carrière artistique issues du détonnant, et si commun, mélange mère faignante et père frustré ?) la reconnaissance des pairs et les succès féminins sont les deux mamelles de la célébrité, et de la réussite bourgeoise en général. La vraie gloire, celle des saints, et occasionnellement  d'artistes profanes, peu nombreux, se nourrit à d'autres mamelles métaphysiques, plus immatérielles que l'intelligence et aussi réelles que peut l'être l'esprit. Naturellement, on comprend à proportion de l'effort entrepris pour s'en convaincre.

     

    Voilà pourquoi je n'envisage pas de carrière littéraire, en réponse à une question que je me suis posé dernièrement. Mais, je le répète, si Dieu me donne la grâce de me mettre, par le petit talent qu'il m'a donné, en position de sauver une âme, et une seule, de la merde éternelle qui l'attend, j'accepte volontiers de revoir ma décision.

     

    D'autre part, comme disait le madré Jules Renard, pondre une bonne page, c'est à la portée de n'importe qui, mais en écrire deux mille, c'est un travail de bœuf. Il ne connaissait pas encore les bienfaits du travail roboratif et hygiénique que représente la tenue d'un blog. Même les nazis, qui ne brillaient pourtant pas par la transcendance de leurs idées, avaient compris le merveilleux pouvoir de la gymnastique. Leur instrument de prédilection fut longtemps le cinéma, (dont la gymnastique, plus libidineuse, est cependant plus efficace en terme de propagande) avant de devenir la mort elle-même, instrument capital de persuasion, dont finalement tout le luthéranisme n'est qu'un simple exercice avant la composition finale, globale, totale et mondiale d'un immense camp d'entrainement à la mort. Et le spectre du capitalisme pour faire passer ça pour un progrès de l'humanité.

     

    Ha ! oui, c'est vrai,  je n'ai encore rien fait, confiteor, mais je n'ai donc pas contribué à faire raser des forêts comme certains gros mentons de la littérature. Et tout bien réfléchis, on en fait parfois plus en se retenant d'en faire trop.

    Est-ce abuser de croire qu'il me reste encore la liberté de choisir mon juge ?

     

    Après quoi, je fais ce que je peux, ce que je dois et ce qu'il m'est ordonné de faire.

    En vrai, je n'ai vraiment pas les moyens d'être incrédule.

     

  • Reflection made

    Pas facile de résister à l’appel du surf. Ça glisse tout seul et on voit passer des trucs… le genre de choses qu’on faisait gamin avec force gestes, expressions farfelues, dans la cour de l’école. Mais là avec des photos HD HI TECH 3D, et des loufoqueries et autres fantasqueries, des délires qu’on dit maintenant ; le ouaibe est une grande cour de récréation. Mais on trouve aussi des perles de sagesse. On y trouve des perles de tout, en fait,  un vrai foutoir, une caverne d’Ali Baba, la boîte de Pandore ? je crois que c’est autre chose. Je penche pour un outil liturgique. Un œil qui se regarde le cerveau. Ça remplace la prière, ça lave, ça évite de mettre le nez dehors, et ça conduit direct au ciel pour peu qu’on trouve le bon lien.

    Vous avez dit religion ?

    L’Infantilisme ?

    Pourquoi pas, tout y est. Le sacré, le bouc émissaire, la liturgie, les dogmes. Une fenêtre sur le monde qui donne sur la boîte de Pandore, qui est celle de Prométhée en vrai, où il a mit toutes les saloperies du genre de celle qu’Eve provoque en mangeant la figue, vieillesse compris. Une religion de l’enfant, un culte voué à l’enfant. Innocence, et virtualité. L’avenir féérisé. L’Histoire devenue conte, raconté au jour le jour en image et en musique. Les awébiens, le peu qu’il en reste, ne peuvent pas imaginer à quels points leurs rêves les plus fous sont déjà imaginés et mis en scène sur le ouaibe. Les awaibiennes sont une race complètement éteinte. Mais qu’importe l’instrument, le cerveau de tous et toutes s’est mis à ressembler à quelque chose. Drôle d’instrument ce ouaibe. Sorte de goupillon moderne. Une petite pression du bout de l’index et c’est parti. Voyage au centre de la machine. Les chercheurs qui voudraient relier la théorie quantique (qui régit les atomes) à celle de la relativité (qui régit le ciel) l’ont belle et bien sous le nez sans même s’en rendre compte. Ce qui est valable pour le micro l’est aussi pour le macro dans le ouaibe. On y est à la fois au cœur de l’univers Et de la matière. Fumeux ?


    C’est une théorie complètement infantile au même titre que les deux théories qui la soutiennent. Leur vérité n’est que mathématique et leur somme forcément symbolique. Pourquoi ? parce que ! j’en ai la preuve. Le seul moyen d’unir une théorie du grand avec celle du petit, c’est de le faire symboliquement. Le grand c’est le papa, le petit l’enfant. La communion des deux dans un monde qui ne peut plus grandir, c’est la sénilité qui rejoint l’enfance. Avec le ouaibe l’humanité retombe en enfance. Comme un enfant vénère sa peluche ou son doudou, elle voue un culte à l’Icône des icônes qu’est le ouaibe. Chacun a son petit coin réservé à la prière dont on sait qu’elle peut durer à l’excès jusqu’à la mort, on attend des sanctuaires dédiés à la mémoire de saints wèbiens tombés au combat.

    Suivez-moi. Virtuel vient du latin « vir » qui veut dire homme et par comparaison force. Le mot vertu, même étymologie, signifie force de la morale. Et « virtuel » force du possible. Or, qu’est-ce qu’un enfant sinon le symbole même de la force du possible ?  Culte de l’avenir = culte du virtuel. Ceci pour échapper à un réel de plus en plus pénible.


    Je n’hésite donc pas à séparer le monde en deux. D’un côté les awébiens voués à disparaître, et de l’autre les wébiens, déjà disparu. En réalité il n’y plus personne dans les rues. Ceux qu’on y rencontre ne sont que des avatars.

    Ça fait un peu peur.

    Mais ça faisait aussi peur  aux pèquenauds du moyen âge quand ils rencontraient des suppôts de Satan sur les chemins. Tous ce qu’ils ont pu imaginer de plus effrayant est là en filigrane et en pixel sur le ouaibe. Il est enfin possible à l’humanité de refaire son histoire en petit et en grand à la fois. Diachronique et synchronique, horizontale et verticale, absolument et relativement. Mettez un bataillon de nazi paradant devant une armée de spartiates, qui l’emportera ?

    Ha la science fiction… les enfants adorent ça. Je me souviens, les premières images de l’univers dans un film sur les extra terrestres qui naissaient dans les courges. La trouille jouissive et les cauchemars un peu sexuels qui suivirent.


    De mon awébienne fenêtre (pas la window), je vois les canards et la rudesse de leurs mœurs. Ils se mettent à deux mâles pour couvrir la canne. Si c’est pas du viol ça y ressemble.

    Mon écran est installé dans un coin dirigé Sud-Est, et j’ai une fenètre au sud et une à l’est de chaque côté. Entre chiens chats canards, ça bouge pas mal. A l’Est j’ai la basse cour en mire, au sud des champs à perte de vue. Donc je passe sans arrêt du ouaibe à l’awèbe. Du réel au virtuel. Et je ne suis pas bien sûr lequel l’emporte sur l’autre. C’est ça que je veux dire par relier le quantique au big bang. Cette illusion qui nous fait croire à du réel partout quand il n’y en a plus nulle part, qui nous fait prendre les enfants pour plus important que nous parce qu’il n’y a plus d’enfance. Qui nous fait prendre nos désirs pour des réalités ! Remplacer la réalité par un conte, voilà le résultat de quelques siècles de civilisation. Faut quand même admettre que c’est une sortie assez apocalyptique, mais plutôt soft. Enfin tant qu’on arrive à oublier l’esclavagisme qui la rend possible. Mais n’est-ce pas l’esclavage* qui l’a fait naître ? un bon moyen de doper les milliers d’esclaves qui peuplent la terre aujourd’hui, une drogue sur mesure pour une humanité fatiguée de vivre et qui doit pourtant sans relâche produire et consommer. Le comble est atteint (pour l’instant) par cette agence de pub qui dit ici :

    « Conscients que ce nouvel univers bousculent des habitudes historiques soutenues par de non moins préhisoriques agences de publicité traditionnelle, nous avons choisi chez groupeReflect de partager notre point de vue à travers un livre blanc dédié à l’Attention Marketing, la juste valeur des marques. Notre volonté n’est autre que pédagogique, évangéliste, avec pour espérance de mieux accompagner les annonceurs dans leurs interrogations actuelles face à un marasme médiatique toujours plus complexe dans le pilotage de leur budget communication. »

    « Une démarche de ROA, de Retour sur Attention, doit être désormais adoptée. De bonnes pratiques existent. Et la bonne nouvelle c'est qu'elles ne relèvent pas de la taille du budget, mais plus d'une approche pertinente où le digital sait marier créativité et performance au service du business. »

    En résumé volonté pédagogique ET évangéliste au service du business. C’est pas l’évangile selon saint Marx !

    Sont gonflés quand même de placer cet adjectif. Qui visent-ils sinon les multiples adhérents des multiples sectes et sous-sectes protestantes, islamiques ou bouddhistes, que sais-je, mais sûrement pas catholiques. Pour autant que je sache Jésus a chassé les marchands du temple.

    Bande d’impertinents ! à prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages !

    Bon ! allez, c’est dimanche, réflexion faite, pas de mot nouveau et visite au cimetière.



    * je parle du véritable esclavage, celui que les américains ont créé en s’appuyant sur celui des africains. Se donner bonne conscience pour faire régner le pire de tous les esclavages, le volontaire.

  • Au dernier des...

     

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    Je me suis souvent dit, voyant de quelle sorte
    L'homme agit, et qu'il se comporte,
    En mille occasions, comme les animaux:
    «Le roi de ces gens-là n'a pas moins de défauts
    Que ses sujets, et la nature
    A mis dans chaque créature
    Quelque grain d'une masse où puisent les esprits;
    J'entends les esprits corps, et pétris de matière.»
    Je vais prouver ce que je dis.
    A l'heure de l'affût, soit lorsque la lumière
    Précipite ses traits dans l'humide séjour,
    Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière,
    Et que, n'étant plus nuit, il n'est pas encor jour,
    Au bord de quelque bois sur un arbre je grimpe,
    Et, nouveau Jupiter, du haut de cet Olympe
    Je foudroie, à discrétion,
    Un lapin qui n'y pensait guère.
    Je vois fuir aussitôt toute la nation
    Des lapins qui, sur la bruyère,
    L'œil éveillé, l'oreille au guet,
    S'égayaient, et de thym parfumaient leur banquet.
    Le bruit d'un coup fait que la bande
    S'en va chercher sa sûreté
    Dans la souterraine cité:
    Mais le danger s'oublie, et cette peur si grande
    S'évanouit bientôt; je revois les lapins,
    Plus gais qu'auparavant, revenir sous mes mains.
    Ne reconnaît-on pas en cela les humains?
    Dispersés par quelque orage,
    A peine ils touchent le port
    Qu'ils vont hasarder encor
    Même vent, même naufrage;
    Vrais lapins, on les revoit
    Sous les mains de la Fortune.
    Joignons à cet exemple une chose commune.
    Quand les chiens étrangers passent par quelque endroit,
    Qui n'est pas de leur détroit,
    Je laisse à penser quelle fête!
    Les chiens du lieu, n'ayant en tête
    Qu'un intérêt de gueule, à cris, à coups de dents,
    Vous accompagnent ces passants
    Jusqu'aux confins du territoire.
    Un intérêt de biens, de grandeur et de gloire,
    Aux gouverneurs d'Etat, à certains courtisans,
    A gens de tout métier, en fait tout autant faire.

    On nous voit tous, pour l'ordinaire,
    Piller le survenant, nous jeter sur sa peau,
    La coquette et l'auteur sont de ce caractère:
    Malheur à l'écrivain nouveau!
    Le moins de gens qu'on peut à l'entour du gâteau,
    C'est le droit du jeu, c'est l'affaire.
    Cent exemples pourraient appuyer mon discours;
    Mais les ouvrages les plus courts
    Sont toujours les meilleurs. En cela j'ai pour guides
    Tous les maîtres de l'art, et tiens qu'il faut laisser
    Dans les plus beaux sujets quelque chose à penser:
    Ainsi ce discours doit cesser.
    Vous qui m'avez donné ce qu'il a de solide,
    Et dont la modestie égale la grandeur,
    Qui ne pûtes jamais écouter sans pudeur
    La louange la plus permise,
    La plus juste et la mieux acquise;
    Vous enfin, dont à peine ai-je encore obtenu
    Que votre nom reçût ici quelques hommages,
    Du temps et des censeurs défendant mes ouvrages,
    Comme un nom qui, des ans et des peuples connus,
    Fait honneur à la France, en grands noms plus féconde
    Qu'aucun climat de l'univers,
    Permettez-moi du moins d'apprendre à tout le monde
    Que vous m'avez donné le sujet de ces vers.


    Au dernier des… Lapinos

     


     

  • Du Mistral en mer Noire


    Là où on voit vraiment que la bête se mord la queue c’est quand on apprend que « la France pour sauver des emplois dans le chantier de Saint-Nazaire s’apprête à ventre cinq Mistrals, navires de guerre de haute volée, aux Russes. » Les Géorgiens n’en mènent pas large. Les Baltes en font dans leur froc. D’une part  on joue les arbitres entre une puissance et ses vassaux et de l’autre on fournit à la puissance en question de quoi museler à terme toute velléité de révolte chez ces vassaux. Révoltant. Et pourtant logique.

    « Un peu plus d'un an après la brève guerre en Géorgie, la France, pays négociateur du cessez-le-feu d'août 2008, régulièrement violé par Moscou, s'apprête à vendre des bateaux de guerre à la Russie. Certains, assurément, y verront un symbole politique embarrassant. À Paris, on minimise ces critiques en rappelant que le navire sera fourni aux Russes «nu, sans système d'armes». «On ne peut pas dire qu'on veut créer un continent de stabilité avec la Russie, bâtir un partenariat avec elle, tenter de rallier Moscou sur les grands dossiers du moment, comme le nucléaire iranien, et refuser de leur vendre des armes. Ce serait en contradiction avec notre discours  », défend une source proche du dossier. »

    On voit bien que l’argument est spécieux. Soit on vend des armes soit on en vend pas. « nu sans système d’armes » on dirait qu’ils  vendent des  machines  à coudre, méprisant totalement le fait qu’il vient de dire « sans système d’arme » pour ensuite parler de vente d’arme. Tout ça dans le même discours. Impressionnant. Donc je pointe ou je tire ? Si je pouvais tirer je te ferais un carreau sur place. Mais pointons, il faut placer des boules. « En contradiction avec notre discours » ? mais tout ce  discours est truffé de contradictions ! Ça dit tout et son contraire. Duplicité déjà  pointée  par Marx dirait mon pote.

    « La nécessité de fournir du travail aux chantiers navals de Saint-Nazaire aurait pesé lourd dans la décision et fini par vaincre les réticences initiales de l'Élysée. Face à cette perspective économique et financière, le code de bonne conduite européen sur les exportations d'armes, qui stipule la nécessité «de prévenir l'exportation d'équipements qui pourraient être utilisés à des fins de répression interne ou d'agression internationale ou contribuer à l'instabilité régionale» n'a pas fait le poids… »

    On sent à peine l’ironie du baveux. On va passer au salon pour le café. Si même moi je peux pointer cette folie des états (tous voyous !), l’anarchie de leurs comportements,  moi qui suis bac moins deux mille douze en économie !


    Un symbole politique embarrassant. ! et puis quoi encore ? symbole, symptôme oui !, toujours le même, celui du principe féminin qui exprime et imprime le corps politique. Balzac disait, noter comme c’est gracieusement dit, « elle ne ment  jamais, elle change simplement d’avis ». Dieu sait si Balzac a montré à quel point ce sont leurs  femmes qui font les hommes en  politiques. Les journalistes et pseudo artistes  croient reprendre sur elles  mais toujours retombent  dans leurs  filets, comme ils retournent à leur Pandore, à leur  mère. L’homme  politique est un cocu perpétuel, il discute avec ses potes les industriels supermans et aigrefins, sur les conseils avisés de sa femme tout aussi aigre et fine, tandis qu’elle manipule le monde entier en tenant la meute des loups à l’aide de ses flics de la morale que sont les médias, ou le médiat comme dit mon pote. Tous ces gens qui contribuent de près ou de loin, et ils sont légions, à entretenir ce bavardage inutile autour d’un monde logiquement en quenouille.


    Ha, l’inconstante inconséquence féminine. Cette crapule invulnérable, cette beauté du diable, cette jeune fille assassin de l’art que disait Baudelaire. Là voilà qui se dévoile pour ce qu’elle est. Cette part féminine de l’intelligence, cette curiosité insatiable, qu’on l’appelle structure hystérique fondée sur le manque ou désobéissance à Dieu, c’est toujours la même. Seul un homme peut y voir clair. Chercher à échapper à ses devoirs , se cacher derrière cette Eve éternelle, refuser d’entendre la voix de la sagesse en interprétant mollement les commandements, de l’absurde aux déconstructionnistes post modernes réacs  modernes et autre, l’homme n’est plus qu’une fiotte, une dupe à  troupeau : Léandre,  Pierrot,  Arlequin, derrière Cassandre sous son  prépuce, ou capuce  qu’importe,  c’est un capuchon, un parapluie,  un abri dans le confinement  duquel en passant se développent tout un tas saloperies, mais pour résumer : tous des aigrefins ( Sûrement  de l'ancien français "agrifer", prendre avec les griffes, escroc, "chevalier d'industrie") Fantasque, Oh combien ! Aux costumes fous, Les yeux luisant sous le masque !

    Elle, preste et relevant ses jupes, (on songe à l’industrie milliardaire du porno) la rose au chapeau! conduit son troupeau, et eux :

     

    Eux ils vont toujours !
    Fatidique cours
    Des astres,
    Oh ! dis-moi vers quels
    Mornes ou cruels
    Désastres

     

    (On a beau dire, ce pédé de Verlaine s’y entendait dans les liaisons savoureuses: mornes zou cruels désastres… ça résume en beauté  mon propos !)


    Do mi sol mi fa

    Tout ce monde va

    Rit chante

    Et danse devant

    Une frêle enfant

    Méchante


    Avec un Mistral en Mer Noire la colombine ukrainienne Julia Timochenko a intérêt de revoir ses nattes, le chic français pourrait bien lui en imposer, nu et sans armes ou habillé par  le kremlin.

    Je doute qu’à Sébastopol, comme à Odessa, on en doute  une seconde.

     


  • Attention à faire gaffe!

     

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    Je ne crois pas qu’on puisse être plus veuf que moi et moins triste. Comme j’arpentais les bois près du lac, je me suis surpris à marmonner aux oreilles de mon pote. Se méfier d’elles ! Un peu mon neveu ! Regarde où ça va nous mener, au cimetière, devant la tombe d’une parfaite inconnue. (Je me console en pensant à la très colorée chapelle de Marie à l’entrée, il va adorer) Une belle de moins dans la peau… et une belle à blanc. Mon pote se marre.  Et alors qu’est-ce que vous voulez que je lui dise ? qu’elles sont toutes mortes pour moi, parce que je suis mort pour elles bla bla que c’est mathématique puisque je ne les reverrai jamais. Niaiseries! Raisonnement narcissique de pythagoricien, de S…B…d…P… de bourgeois laïc, de suppôt, etc. Mon pote est comme ça. Il y croit. Et de me dire que, non, ce n’est pourtant pas aussi facile de croire. Obéir, pour l’amour de Dieu, obéir! Est-ce qu’on se  construit un amour avec des idées ? Alors oui, je vous le dis et je le pense, mon idée c’est que nos âmes seront lavées et pardonnées. La miséricorde c’est pas mathématique, c’est réel. Ceux qui n’y croient pas feraient mieux de se demander pourquoi. Amen. Mais la cicatrice. Celle du Christ ou la mienne, toujours prête à se rouvrir, à se souvenir. Manque d’attention. On est plus à ce qu’on fait. On se laisse happer. Irrésistible puissance du temporel. Ça vous prend par les sentiments. Et la fuite en avant ne vaut pas mieux, c’est le revers de la montre. Mieux vaut encore être sur l’aiguille que dans les rouages intérieurs. Mais enfin, la grande ou la petite, la trotteuse même, c’est pas tellement différent. D’où l’attention. Même les sorciers du Mexique parlent de ça. Je reconnais que c’est quand même assez abstrait de prime abord. L’attention ! Faut le vivre pour le croire. C’est pas seulement de le dire. Et puis ça empêche pas de réfléchir, bien au contraire.  C’est un travail puisque ça se travaille. Faut juste trouver les neurones qui correspondent. Un bon câblage comme disent les Erickssoniens. Tout ça avec des mots tirés d’une langue. Puisqu’Elles sont toutes mortes occupons-nous des vivantes et laissons les morts enterrer leurs morts. Avec un peu d’attention on devrait pouvoir remarquer les vrais morts des faux. Les vrais morts ce qu’ils veulent c’est du sexe et des jeux, c’est tout. Les vivants mangent pour vivre, Molière c’est un bon début.

    Ça me fait penser au foie de Prométhée. Joli comme il est dit de la part de Zeus quand même. Ha tu veux pas obéir ! alors tu souffriras. Pas de la faim, trop fastoche. Mais de la répétition. Tous les jours tu te feras manger le foie, ça sera pour de rire, pour le symbole. Il aurait pu dire le cœur, mais non, pas si con, et puis faut bien que le faucon mange, symbole aussi. Tous les jours, enchainé à ce besoin de nourriture, tu remonteras ton rocher. Non, pas du tout absurde, comme le croit Camus le philosophe de la république des lettres d’une France qui compte ses faux morts et ses vrais fantômes. C’est absurde d’y voir de l’absurde. C’est très clair au contraire pour peu qu’on fasse attention. En fait Camus se prend pour Sisyphe. Et ne prend pas Sisyphe pour ce qu’il est : un homme qui n’obéit pas. Prométhée donc ! Qui deviendra Lucifer celui qui apporte la lumière, et enfin Satan. Parce que c’est en ça qu’il désobéit l’ange de lumière, il apporte le feu, le savoir, la connaissance, et Zeus, vous pensez bien que lui, il sait à quel point il faut faire attention avec ce genre de choses. Il est bien placé pour le savoir ! ça coule de source sûre, en somme. Le manque d’attention est de l’essence de l’attention même. Et si le diable s’y entend pour la disperser cette attention. Voyez comme il empêche Camus de se concentrer. Un petit malin ce Camus avec son homme révolté et son étranger. Toujours à remonter son petit caillou, son scrupule, en haut de l’Olympe ou des Champs-Elysées. Pour finir dans un platane dans la descente. Sûrement que la boîte de pandore faisait aussi boîte de vitesse sur sa Déesse à chevrons. Pardon ?

    Ha ! Pandore. La plus belle de toute. Mais à la verticale quelle plaie ! C’est le frangin de Prométhée qui a foiré. Bon il est vrai qu’il était pas autant impliqué que son frère dans la dispute, et c’est même de l’avoir soutenu qu’il a écopé de la gueuse, faut admettre. Et après, bien gentil, tout ça, mais un canon comme Pandore, y a plus de frère qui tienne. Et voilà comment qu’il a sapé toute l’affaire. Que ça vous serve de leçon semblait murmuré Zeus dans son nuage. Comme si j’y étais que je vois ça.

    Et je comprends Orphée, pas se retourner, il n’y a rien à voir, elles n’ont jamais été là de toute façon, ombres parmi les ombres, elles se perdent dans le nombre. Adieu vieillesse,  travail,  maladies,  folies, vices et  passions. Oui Orphée, Remonter de l’enfer sans se retourner ! Regarder droit devant et même un peu plus loin. La vraie vie est là-haut tout en haut, encore un petit effort, on y est presque. Question de vie ou de mort. Pas finir déchiqueté par des ménades délirantes. Ha mon frère, ça y est je me prends au fil d’Ariane, ne marie pas cette Pandore ou nous finirons tous usés par le travail, la maladie, la folie, les vices de la vieillesse et la passion de la jeunesse, tout ce qu’a mit Prométhée dans sa boîte. Allez je te connais tu n’en sauras jamais rien. Que tu dis. N’empêche, la boîte, t’aurais pu y faire un peu plus attention !  Et tout comme moi dans ton cœur le souvenir s’allume chaque jour. Et chaque jour tu souhaites être à l’heure du sommeil. Si Dieu a voulu de toi en mari et en père va voir un peu dans ta boîte, si ta femme ne la pas encore ouverte, et met-y un mot de passe inviolable par Toutatis !

    Fascinant que les Grecs aient pu concevoir la boîte imaile. Remarquez, ils avaient pondu l’atome sans microscope…

    Comme c’est un remède à terrasser un veuf, ça fait deux semaines que je lis la physiologie du mariage de Balzac à doses homéopathiques, avant de me coucher. Voilà ce que ça donne !

     

    (Du coup je voulais parler d'une bande de publicitaires pseudo évangélistes redoutables. Ce sera pour une autre fois. Je mets la Photo, faites pas trop attention!)

     


  • Ardente et agissante pitié

     

     

    Mot nouveau du jour : dégoûtelinant : ça va de soi

     

     

     

    Lumière angélique ce matin. Sous un ciel sombre et bas a filtré un soleil horizontal qui est venu illuminer la campagne frissonnante. Ça n'a pas duré, le créneau n'était pas large ! Et ce sera une journée grise malgré de prometteurs préliminaires...

    Si je fais la météo c'est qu'on me l'a demandé (et ce n'est pas la demande la plus étrange, on m'a même fait la suggestion de raconter mon quotidien !)  Pourtant il suffit d'un peu de dextérité du côté de la souris pour tout savoir sur le temps qu'il fait à n'importe quel endroit de la planète. Dire qu'on a pu vivre si longtemps sans ça ! C'est un sacré progrès mine de rien. Mon sens critique en perd son latin. Ça change la vie ça, croyez-pas ?

    A la vérité être partout à la fois, voilà le progrès, tout net. Je vous entends d'ici, oh ! mais vous n'y êtes pas vraiment partout ! Mais triple buse, mon esprit, vous rétorquamenteré-je. Et là ça devient franchement trop compliqué à vous expliquer.

     

    En ce qui me concerne à mon haut niveau de cynisme, je serais tenter de dire que la potentialité altère la qualité. C'est un sentiment étrange. Je peux être partout à la fois mais le temps que j'y consacre n'est pas du bon temps, selon moi. Ça me rend fébrile et dispersé, c'est le moins qu'on puisse dire ! Sur le Net on peut devenir un vrai dandy et tenir salon comme une baronne sans jamais sortir de chez soi, et alors ? et même, mais là c'est plus dur, recevoir chez soi en awébien. Inutile de dire que les potes risquent de crever de soif en regardant le dos de leur interne-hôte.

     

    Dans mon cas j'ai douze ou treize bouches à nourrir et une seule âme en peine, la mienne. Bien en peine de vous dire de quelle peine, entre parenthèse. L'âme est une chose diffuse par définition et donc le mal à l'âme c'est ...pareil !

    Bref afin de développer un vocabulaire agissant, comme la pitié ardente se doit de l'être aussi, je bloguise, je blogage, je blogonne pas mal, je me cherche des blogs dans la toile de fond. En fait, je déblogue complet.

    En vrai ça m'ennuierait de perdre ma vie à la gagner. Sur le Net, c'est perdu d'avance !

    Ça doit être ça qui me titille la charité.

     

     

     

    Comme j'étais en train de traduire de l'anglais pédagogique en bon français je me suis fait la réflexion que l'anglais est parfois si synthétique qu'on comprend les réticences des langues latines comme la nôtre ! Certaines ont senti le besoin de créer leur Académie. La française ne fut créer pratiquement que pour ça, résister à l'anglois. C'était finement senti car ce pragmatisme apparent de la langue anglaise  provoque une sorte de béatitude propre à séduire les protestants. Mais pour nous autres, casuistes catholiques, il faut plus de prépositions pour atteindre le ciel.

     

     

     

    Trouvé peut-être une femme pour accompagner Simone dans mon panthéon des femmes glorieuses. C'est un auteur de bandes dessinées. Marjane Satrapi une franco-iranienne. Elle estime que:  « l'accès à la culture doit être populaire, mais l'idée que l'art est démocratique, que tout individu est là pour faire de l'art est fausse parce que l'art est par définition quelque chose de très élitiste». C'est rassurant de voir que même une femme peut comprendre ça. J'ai vu la bande annonce du film Persépolis, tiré de son œuvre, c'est plein d'esprit. De l'ironie, du mauvais esprit comme on dit. Ça change des niaiseries et des aventures sexuelles de l'autre radasse de Georges Sand, mine de rien. Et puis c'est politique, ce qui est bien dans les cordes d'une femme, quoique plus historique que politique en fait. Une sorte de documentaire vaguement réactionnaire. Elle se dit elle-même « réac donc moderne ». A méditer !

     

     

     

    Là-dessus le seizième benêt, notre pape boche, nous fait un blabla sur l'art au cours d'un raout au Vatican. Citant le théologien Hans Urs von Balthasar, la philosophe Simone Weil et Hermann Hesse, (trouvé l'intruse !) Il aurait évoqué « une voie de la beauté », qui pourrait se résumer à cette formule : «L'art signifie montrer Dieu au cœur de toute chose.»  Lançant « un appel cordial, amical et passionné» aux artistes : «Vous êtes les gardiens de la beauté, grâce à votre talent, vous avez la possibilité de parler au cœur de l'humanité (...), de susciter des rêves et de l'espérance. (...) Soyez donc conscients de cette grande responsabilité de communiquer la beauté. »

    Communiquer la beauté ! Quel maquereau ! (voir la légende des maquereaux servant d'« entremetteurs » aux harengs)

    Enfin, par charité je lui rappelle qu'il serait tant d'arrêter de lui parler au cœur à l'humanité, ça lui réussit pas trop depuis deux siècles qu'on s'y emploie. Serait peut-être temps de lui parler à la tête. Si c'est bien par là que pourri le poisson, on trouve aussi de tout dans un cœur, du plus ignoble au plus céleste; ça cohabite un peu trop bien en l'absence de tête.

     

     

     

    Les Allemands sont vraiment trop naïfs, c'en est dégoûtelinant de pitié. Le polac d'avant avaient plus de testimonicules à interdire la capote, et c'était réac ou moderne ça? Ardente et agissante pitié, je dirais. Quel titre! de gloire?

     

     

     

     


     

  • Amitié

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    « L'amitié est le miracle par lequel un être humain accepte de regarder à distance et sans s'approcher l'être même qui lui est nécessaire comme une nourriture. C'est la force d'âme qu'Éve n'a pas eue ; et pourtant elle n'avait pas besoin du fruit. Si elle avait eu faim au moment où elle regardait le fruit, et si malgré cela elle était restée indéfiniment à le regarder sans faire un pas vers lui, elle aurait accompli un miracle analogue à celui de la parfaite amitié. »

    Simone Weil

    Une définition parfaite appuyée d’un exemple que je trouve lumineux.


    En attendant mes canards font Coin Coin Coin et je me suis surpris à penser que peut-être ils tracent déjà le triangle de leur prochaine migration. Je devrais prendre des mesures.


     

  • In memoriam

     

     

    Mot nouveau du jour: extorquamenter vb, Obtenir par une pression morale et tourmentante.

     

     

     

    Sous les grands pins landais recouverts de nuages cotonneux, je causais avec Edouard et Guillaume. Ils n'étaient pas pour sauver la forêt amazonienne, eux, ils n'y pensaient même pas. Oh ! ils n'auraient pas été contre, pas vraiment. Mais dans le fond ils s'en foutaient. Comme de tout le reste d'ailleurs...Enfin, ce genre de reste!

    Ce qu'ils voulaient? s'amuser le plus longtemps possible, entre eux. S'éclater comme ils disaient. Et à l'occasion s'affirmer en choisissant Quicksilver plutôt que Billabong, être dans le vent. Bref, un idéal de feuille morte!

    Et puis moi, je ne les emmerdais pas avec de l'éthique ou de l'authentique, avec des questions de termites humanistes droit-de-l'hommiques. Non, moi, je leur parlais de désir de frelon, de voleur de ruche, de bête dangereuse et mystérieuse. Singulier et méchant frelon!

    Je sentais que dessous la feuille morte palpitait encore un peu de sève. Et pas celle de l'espèce, ni même de l'arbre, leur sève à eux. Qu'ils s'étaient fabriqué du printemps jusqu'à l'été. Qui ne demande qu'à se gorger de soleil, les poussant les uns au-dessus des autres.

    Alors ils m'écoutaient en alpinistes vainqueurs, sans en avoir l'air (ni le mérite!) . Puis en bruissant, en ricanant, l'air de subir encore le vent de la mode. Mais dans les trous d'air, les bien-nommés appels d'air, je voyais bien qu'ils y pensaient. Qu'ils se posaient, en pointillé et sournoisement, des questions. Peut-être même bien que c'était les questions qui se posaient à eux, devant eux. Sur eux!

     

    Pour sûr, ils ne valaient pas mieux que moi. Dans dix, vingt ou trente ans, il leur en reviendrait  peut-être par bribes de ce que je leur lâchai, là, entre nous. Et avec des airs de conspirer, des accents d'alcôve et de secrets jouissifs en prime. Côté cynisme on était entre gens du même bord. Sans bien savoir si c'était du cynisme pour ma part. Les croches pieds de la vie les  tremperaient dans des flaques de révélations, splach que ça ferait. C'est dans ces moments que ça revient les saloperies qu'on croyait pas vraies.

     

    Derrière nous, il y avait Michael et son bébé à nichons. Et ils écoutaient mine de rien. Ca les choquait-il?  j'aurais dû m'en douter, c'était pas une conversation pour poupée Barbie qu'on avait. On les avait pas invités à participer non plus! Mais ce genre-là se croit partout chez lui. Ca se pose entre soi et la vie comme une fiente de mouche entre la bouche et le fromage. C'est bien inoffensif en apparence mais ça finit par noircir les choses. Innocemment bien sûr. Par petites touches délicates!

     

     

    Plus tard j'ai entendu Guillaume qui rassurait Michael, vu que son bébé en pleurait de ce qui s'était dit ; dire qu'elle entrait en première année de médecine... ça me surprenait même pas ! Elle finirait par tyranniser son monde avec les meilleures intentions. Je l'entendais, sa voix de petite fille glapissant des ordres de précaution, des principes de prévention, inlassablement. Et personne qui oserait lui dire qu'elle usait, abusait, tannait, qu'on s'en foutait de ses conseils; qu'elle était délétère sous son alibi de soigneuse; qu'elle nous ruinait la vie à vouloir nous la sauver; qu'elle comprenait rien à rien. Cétait pervers son désir de nous couver. Elle nous les brisait à la fin à vouloir nous les soutirer du naufrage.Inévitable de toute manière... bref, le genre qui vous les extorquamente!

    Mais comme elle possédait une mémoire exceptionnelle et qu'elle se croyait, elle aussi, très intelligente, je redoute parfois de lui tomber dessus dans un hôpital où je serais patient. Du coup, j'évite les hôpitaux; ça me met à l'abri de pas mal de maladies. Mais ça pourrait bien m'être fatal, un de ces jours...

     

    On a la mort qu'on mérite?

    Je crois.